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Le HCR lance un appel à Israël concernant sa politique de renvoi forcé

Points de presse

Le HCR lance un appel à Israël concernant sa politique de renvoi forcé

9 Janvier 2018
Des réfugiés somaliens et érythréens à l'heure de la toilette dans un centre de réception au port d'Augusta, en Sicile. Ils avaient été secourus en mer par les garde-côtes espagnols après avoir embarqué en Libye. Juin 2015.

Le HCR appelle de nouveau Israël à mettre un terme à sa politique de réinstallation forcée d’Érythréens et de Soudanais en Afrique subsaharienne. Cet appel s’effectue suite à l'identification d’environ 80 cas des personnes relocalisées par Israël et qui ont ensuite risqué leur vie durant le périple dangereux vers l'Europe via la Libye.

Ces 80 cas concernaient des réfugiés ou des demandeurs d'asile érythréens avec lesquels se sont entretenus des employés du HCR à Rome. Sans aucune autre alternative, ils ont parcouru des centaines de kilomètres à travers des zones de conflit au Soudan du Sud, au Soudan et en Libye après avoir été relocalisés par Israël. Durant ce voyage, ils ont subi des sévices, des tortures et l'extorsion avant de risquer à nouveau leur vie lors de la traversée de la Méditerranée vers l'Italie.

Les entretiens se sont tous déroulés avec des hommes adultes - dont certains ont toujours des proches en Israël - et ont eu lieu entre novembre 2015 et décembre 2017 dans des centres de réception et des installations informelles de la région de Rome. Tous étaient entrés en Israël par le Sinaï. Toutes ces personnes ont signalé avoir été torturées, maltraitées et avoir subi des extorsions avant d'arriver en Israël.

La plupart ont indiqué avoir été transférés par Israël vers un pays tiers en Afrique et avoir reçu une somme forfaitaire de 3 500 dollars. Cependant, la situation à l'arrivée était bien différente qu’attendue et les arrivants ont bénéficié de très peu d'aide supplémentaire après l’hébergement la première nuit. Ils ont indiqué s’être sentis en danger, car il était connu qu’ils détenaient des fonds.

Certains ont déclaré que des personnes voyageant avec eux étaient décédées en route vers la Libye, où beaucoup d'entre elles ont été victimes d'extorsion et de détention, ainsi que d'abus - y compris la torture - et de violences.

Au vu de ces faits, le HCR est vivement préoccupé par la mise en œuvre par Israël d’une politique annoncée au 1er janvier consistant à renvoyer de force les Érythréens et les Soudanais vers des pays tiers en Afrique ou de les placer en détention pour une durée indéterminée. Selon des déclarations officielles particulièrement alarmantes, cette politique pourrait éventuellement concerner les familles et les demandeurs d’asile en attente d’une décision. Les demandeurs d'asile pourraient être emmenés menottés vers l'aéroport. Alors que le HCR et ses partenaires de la communauté internationale procèdent actuellement à des évacuations d'urgence depuis la Libye, ce projet de renvoi forcé dans des pays tiers qui n'offrent pas de protection efficace et le déplacement de ces personnes vers la Libye et l'Europe est particulièrement inquiétant.

Quelque 27 000 Érythréens et 7 700 Soudanais vivent actuellement en Israël. Depuis qu’Israël a repris la charge de la détermination du statut de réfugiés au HCR en 2009, les autorités n’ont attribué le statut de réfugié qu’à seulement dix Érythréens et un Soudanais. Deux cents autres Soudanais, tous originaires du Darfour, se sont récemment vu reconnaître le statut de réfugiés humanitaires en Israël. Selon certaines informations, quelque 300 autres recevront également ce statut. Israël n'a accordé le statut de réfugié à aucun Erythréen ou Soudanais depuis mai 2016.

Le HCR se tient prêt à travailler avec Israël pour trouver des solutions alternatives aux besoins des demandeurs d'asile en matière de protection, et ce conformément aux normes internationales – y compris la réinstallation hors d'Israël, comme cela s'est déjà produit.

 

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