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Le chef du HCR appelle à une réponse régionale à la crise des réfugiés et des migrants vénézuéliens

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Le chef du HCR appelle à une réponse régionale à la crise des réfugiés et des migrants vénézuéliens

À l'issue de sa mission destinée à évaluer l'impact régional de l'exode de Vénézuéliens qui quittent leur pays, Filippo Grandi s'est engagé à intensifier la coopération avec les pays hôtes.
16 Octobre 2018
Partie de football entre de jeunes réfugiés et migrants vénézuéliens et colombiens dans un centre sportif de Quito, Équateur.

Dans un centre sportif de Quito, la capitale équatorienne, de jeunes réfugiés et migrants vénézuéliens et colombiens jouent au football avec des Équatoriens. Tous les samedis après-midi, une cinquantaine de garçons et de filles de 8 à 17 ans se retrouvent pour des activités de loisir comme la dance, le dessin ou les sports. Durant les derniers mois, le nombre de nouveaux venus originaires du Venezuela a rapidement augmenté au point qu'ils sont aujourd'hui majoritaires.​


« Sur le terrain, ce sont tous les mêmes », dit Edith Paredes, la coordinatrice de FUDELA, une association à but non lucratif qui travaille avec des enfants du pays et des jeunes déplacés pour promouvoir l'inclusion. « Ils jouent ensemble, se tiennent par la main, se font des câlins. »

L'Équateur a une longue tradition d'accueil de réfugiés. Environ 250 000 Colombiens ont trouvé refuge dans le pays durant les deux dernières décennies pour fuir un conflit armé.

Depuis 2015, plus de deux millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays. Environ 250 000 d'entre eux sont restés en Équateur. En 2018, le nombre de demandeurs d'asile vénézuéliens, soit près de 7000 personnes, a dépassé pour la première fois la population colombienne dans le pays, à savoir 3800 personnes.

« Cette crise humanitaire ne peut pas être résolue de manière isolée. »

« Je voudrais féliciter l'Équateur de sa longue tradition d'asile et de l'exemple qu’il donne au monde en matière de gestion de la mobilité humaine », a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, durant sa visite à Quito. « Les autres gouvernements du monde ne sont pas tous aussi prompts à ouvrir leurs portes aux personnes dans le besoin. L'Équateur et les gouvernements des autres pays de la région donnent un bel exemple. »

M. Grandi s'exprimait à l'issue d'une mission d'une semaine en Amérique du Sud où il s'était rendu pour évaluer les besoins humanitaires des réfugiés et des migrants vénézuéliens et des pays hôtes ainsi que pour discuter de possibles réponses régionales.

« Cette crise humanitaire ne peut pas être résolue de manière isolée. Il est essentiel de promouvoir une réponse régionale afin de répondre à toutes les difficultés, notamment pour ce qui est de questions telles que les besoins humanitaires, le statut juridique, les documents d'identité et l'inclusion », a ajouté M. Grandi. « Le HCR s'engage à intensifier sa coopération avec les gouvernements de la région. »

À Quito, le chef du HCR a rencontré une douzaine de Vénézuéliens qui recommencent une vie en Équateur avec l'aide des partenaires locaux, HIAS et FUDELA.

Âgée de 20 ans, Maria* est vénézuélienne et elle est arrivée à Quito il y a sept mois. Dans son pays natal, Maria suivait un double cursus universitaire d'architecture et de graphisme. Elle faisait partie d'un mouvement contestataire étudiant.

« J'étais suivie », explique-t-elle. « Ça a pris de telles proportions que j'ai été obligée de déménager. Ils me suivaient partout où j'allais et m’envoyaient des messages avec des menaces de mort. »

La mère de Maria a décidé qu'il était temps de partir. Maria n'a eu que deux heures pour préparer ses affaires et elles sont parties de bonne heure le lendemain matin.

À Rumichaca, le poste-frontière entre la Colombie et l'Équateur, il leur a fallu sept heures pour faire tamponner leurs passeports. « Il faisait horriblement froid », se rappelle Maria. « Il y avait des familles avec des nourrissons qui tentaient de les protéger du froid glacial. »

Tout est allé bien mieux lorsqu'elles sont arrivées à Quito. La mère de Maria avait déjà séjourné dans la capitale équatorienne en raison de problèmes de santé. Elle souffre de fibromyalgie et d'ostéoporose et, au Venezuela, elle ne pouvait plus avoir accès à ses médicaments et à une prise en charge thérapeutique. En Équateur, les réfugiés et les migrants peuvent bénéficier du système de santé publique.

Dans un premier temps, Maria a eu du mal à s'adapter. « Je n'avais encore jamais travaillé parce que je me concentrais sur mes études », dit-elle. Elle a commencé à se sentir dépressive faute de trouver un emploi et parce qu'elle avait du mal à poursuivre ses études.

« Je suis très reconnaissante à l'Équateur de m'avoir ouvert ses portes. Je me sens chez moi »

Les programmes jeunesse de FUDELA l'ont aidée à trouver sa place. Elle a suivi avec succès le programme de formation professionnelle de l'association, qui est soutenue par le HCR, et travaille depuis comme professeur de danse. « Ça m'a ouvert d'autres portes », dit Maria.

« Tout va vraiment bien, je suis très reconnaissante à l'Équateur de m'avoir ouvert ses portes. Je me sens chez moi ».

En moyenne, 2600 Vénézuéliens entrent chaque jour en Équateur depuis 2018. Environ 20 % d'entre eux décident de rester dans le pays. Les autres poursuivent le voyage vers d'autres destinations comme le Pérou ou le Chili. Les Vénézuéliens qui restent en Équateur vivent principalement en milieu urbain : 45 % d'entre eux se sont installés à Quito.

L'Équateur joue déjà un rôle moteur dans la recherche d'une solution régionale au nombre croissant de réfugiés et de migrants vénézuéliens qui arrivent dans les pays voisins.

Au début septembre, les représentants de 12 pays d'Amérique latine se sont rencontrés à Quito en vue de définir une réponse régionale harmonisée. Une deuxième réunion est prévue à la fin novembre, toujours dans la capitale équatorienne.

« Si nous voulons vraiment aider les gouvernements à maintenir leur soutien, nous devons mobiliser d'autres types de ressources, et pas seulement humanitaires », a souligné M. Grandi. « Nous devons aider les gouvernements à renforcer leurs systèmes de santé et d'éducation et à mettre en place des mesures d'accompagnement de l'emploi pour les communautés locales. J'espère que la seconde réunion prévue à Quito sera un moment opportun pour faire le point de la situation et planifier la voie à suivre. »

* Nom changé pour des raisons de protection