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Un réfugié hondurien risque le tout pour le tout sur 'La Bête' vers le Mexique

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Un réfugié hondurien risque le tout pour le tout sur 'La Bête' vers le Mexique

Des réfugiés toujours plus nombreux fuient les violences au Guatemala, au Honduras et au Salvador et certains, comme Armando, prennent des risques insensés pour trouver la sécurité au Mexique en embarquant à bord de « La Bête », un train de marchandises.
22 Mai 2018
Armando,* un réfugié hondurien, s'entretient avec une employée du foyer au Mexique.

ACAYUCAN, Mexique – Armando* était chauffeur de taxi dans son Honduras natal. Inquiet pour sa vie, il devait chaque jour traverser le labyrinthe des territoires tenus par les gangs de rues.

« Aller au travail devenait chaque jour plus angoissant, je ne savais jamais si je pourrais rentrer chez moi. Mais je n'avais pas le choix : j'avais besoin d'argent pour vivre et faire vivre ma sœur et ma mère avec lesquelles je vivais », explique Armando.

Les dangers qu'il affrontait étaient bel et bien réels dans cette nation d'Amérique centrale où les chauffeurs de taxi exercent l'un des métiers les plus risqués.

Entre 2010 et 2016, 1335 chauffeurs de transport public ont été assassinés selon les derniers chiffres publiés par l'Observatoire de la violence de l'Université autonome du Honduras. Les chauffeurs de taxi tels qu’Armando représentent 667 personnes du total, soit près de la moitié des victimes.

Les membres des gangs, connus sous le nom de maras, sont connus pour exiger des chauffeurs de bus et de taxi de soi-disant « impôts de guerre », menaçant d’abattre ceux qui ne s’exécutent pas.

Incapable de répondre à l'extorsion grandissante, Armando n’est pas allé à une réunion prévue avec le gang et s’est enfui à pied puis en bus vers le Guatemala voisin.

Après avoir franchi la frontière pour passer au Mexique, Armando a sauté à bord d’un train de marchandises appelé ‘la bestia’ (La Bête) pour fuir vers le nord, sans se douter qu’il était de nouveau en danger de mort. Les criminels qui s’attaquent aux passagers clandestins l’ont jeté sous les roues du train en marche sous lesquelles sa jambe droite a été sectionnée.

Il a été opéré dans un hôpital de l'État de Mexico. Pendant sa convalescence dans un foyer, il a préparé une demande d'asile à l'intention de la Commission mexicaine d'aide aux réfugiés, comme l'ont fait avant lui des personnes toujours plus nombreuses originaires du nord de l'Amérique centrale.

Depuis 2011, plus de 350 000 ressortissants honduriens, guatémaltèques et salvadoriens ont présenté des demandes d'asile après avoir fui l'escalade de la violence dans leur pays. Selon les autorités mexicaines, près de 130 500 demandes d'asile ont été enregistrées durant la seule année 2017.

La grande majorité des réfugiés demandent asile au Mexique, au Costa Rica, au Nicaragua, au Panama, au Belize et aux États-Unis. Toutefois, les besoins restent considérables dans la région. En 2018, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, recherche 36,2 millions de dollars pour offrir protection et assistance à des personnes comme Armando ; or, 12 % de cette somme seulement ont été reçus à ce jour.

« Je remercie le HCR et le foyer qui me sont venus en aide. »

Grâce aux soins qu'il a reçus pendant son séjour en convalescence, Armando se remet progressivement. Le Gouvernement mexicain l'a informé de la reconnaissance de son statut de réfugié et il a trouvé du travail à la paroisse d'une église catholique du quartier où il s'occupe de mettre à jour les registres des baptêmes, des mariages, des communions et autres sacrements. Il est également dans l'attente d'une prothèse grâce à un programme du Comité international de la Croix-Rouge.

« Quand je suis arrivé, je me sentais prisonnier d'un pays qui n'était pas le mien, mais je remercie le HCR et le foyer qui me sont venus en aide pendant toute la durée du processus de demande d'asile, » indique Armando, qui a demandé le permis de résidence au Mexique où il rêve de devenir producteur musical ou professeur de langue.

*Nom changé pour des raisons de protection.