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Des orateurs réfugiés, les vedettes d'un TEDx historique

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Des orateurs réfugiés, les vedettes d'un TEDx historique

Des dizaines de milliers de spectateurs se sont connectés pour suivre la première conférence TEDx organisée dans un camp de réfugiés.
10 Juin 2018
L'oratrice réfugiée Mercy Akuot sur scène lors de son allocution au TEDxKakumaCamp.

Des orateurs réfugiés ont conquis le public du monde entier lors de leurs interventions au TEDxKakumaCamp ce samedi, la première conférence TEDx jamais organisée dans un camp de réfugiés.


« Nous sommes très fiers de nos orateurs réfugiés aujourd’hui : c'est la première fois qu'ils font face à un si grand public », a expliqué Melissa Fleming, la coorganisatrice de TEDxKakumaCamp, au cours de son allocution d’ouverture au camp de Kakuma, dans le nord-ouest du Kenya.

« Nous espérons que ce TEDxKakumaCamp soulignera à quel point Kakuma est source d’inspiration du fait des personnes remarquables qui y vivent », a ajouté sa collègue coorganisatrice Dana Hughes.

Établi en 1992 dans la région isolée du Turkana pour accueillir des réfugiés soudanais, le camp de Kakuma accueille aujourd’hui les populations déracinées par toutes les guerres d’Afrique.

Les conférences se sont tenues dans une tente-entrepôt installée pour l’évènement dans la cour d’une école du camp de Kakuma ; douze experts y ont pris la parole sur le thème de l'épanouissement.

Sous la tente, l'auditoire comptait 350 personnes, habitants de Kakuma, sponsors du secteur privé, représentants de gouvernements étrangers et du Kenya, et d'ONG internationales.

Des résidents de Kakuma regardent sur grand écran la retransmission de l'événement TEDxKakumaCamp hors de la tente-entrepôt.

Des dizaines de milliers d’internautes ont également suivi la retransmission des débats en direct sur internet — mise en place par le fournisseur kenyan de téléphonie mobile Safaricom – depuis les États-Unis, l’Amérique latine, l’Europe et l’Australie.

Affrontant la chaleur et la poussière pour raconter leurs histoires et leur détermination, les orateurs ont offert un nouvel éclairage, constructif, sur le vécu des réfugiés.

Sous les acclamations du public, Pur Biel, le coureur à pied soudanais, âgé de 23 ans et ancien habitant de Kakuma, a raconté son parcours.

« Dans la vie, nous sommes tous confrontés à des batailles », a dit Pur Biel, qui est arrivé dans le camp seul, alors qu'il était enfant, et qui a participé aux Jeux olympiques de Rio 2016. « On peut leur tourner le dos et courir pour les fuir ou leur faire face et courir pour les affronter. Mais ce qui compte, c'est de rester sur la route et de ne pas arrêter de courir. »

Pur Biel reste proche de Rebecca Nyagony, sa “Mama Kakuma” adoptive qui vit encore dans le camp et assistait à la conférence.

« Nous sommes fiers de ce garçon », a expliqué Rebecca, qui vient également du Soudan du Sud. « Il représente Kakuma et le Soudan du Sud. Sa réussite est une réussite pour nous tous. Nous remercions Dieu pour cette grâce. »

Moins connue du public, la travailleuse sociale Mercy Akuot assistait aussi aux débats. Mercy habite Kakuma et a fui un mariage forcé ; désormais elle vient en aide à d’ambitieuses jeunes femmes du camp.

« Si nous parvenons à autonomiser les femmes, nous vaincrons la pauvreté et nous vaincrons la violence », a déclaré Mercy sous les applaudissements. « Il est de notre responsabilité commune de changer la culture qui opprime et détruit les femmes. »

Les discours étaient retransmis sur un écran à l’extérieur de la tente-entrepôt pour des centaines d'habitants de Kakuma et une autre zone de retransmission avait été mise en place dans le camp de réfugiés de Dadaab, à l'est du Kenya.

« Nous sommes venus ici aujourd'hui parce que nous avons des invités du monde entier », a expliqué Yahima Bisman, une réfugiée congolaise de 48 ans qui était arrivée tôt pour s'installer à l'ombre. « C'est bien pour nous de voir ces gens nous représenter. Si quelqu'un nous voit ici, peut-être que les choses vont changer. »

Les organisateurs ont travaillé en étroite collaboration avec Bruno Giussani, le conseiller principal de TEDx, pour canaliser l’ampleur et la portée de TEDx, un programme d'événements régionaux qui tire modèle de TEDx, cette plateforme sans but lucratif d'échange d'idées pour changer le monde.

Aux orateurs réfugiés se sont joint plusieurs experts activistes, mannequins, acteurs, psychologues et économistes ; leurs exposés ont exploré des approches novatrices pour aborder la question des réfugiés.

Plusieurs d'entre eux ont évoqué leur travail dans la communauté de Kalobeyei, voisine de Kakuma, un campement intégré pionnier situé également dans le comté de Turkana, où les réfugiés et les communautés d'accueil vivent côte à côte.

« Nous voulons trouver des solutions qui viennent en aide non seulement aux réfugiés, mais également aux communautés qui les accueillent », a déclaré Josphat Nanok, gouverneur du comté de Turkana, au cours d'une conversation sur scène avec Melissa Fleming, responsable de la communication du HCR.

Parmi les autres points forts de l’évènement figuraient les spectacles donnés par la poète slam Emi Mahmoud, récemment nommée ambassadrice de bonne volonté du HCR, et celui de l'artiste hip-hop kenyan Octopizzo.

« C'est impressionnant d’entendre comment ces orateurs réfugiés ont surmonté tous ces obstacles sans jamais abandonner », a déclaré Diana Armini, la Directrice mondiale de la Fondation H&M, un sponsor de TEDxKakumaCamp. « Cela nous rappelle le fait que nous sommes tous tellement plus similaires que nous ne le pensons. »

Tous les exposés seront disponibles sur YouTube dans les semaines à venir et l'événement peut être entièrement visionné dès maintenant sur la page Facebook du HCR.