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Un réfugié en difficulté d'apprentissage trouve sa voie dans le patinage de vitesse

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Un réfugié en difficulté d'apprentissage trouve sa voie dans le patinage de vitesse

Autrefois harcelé, un réfugié a été accueilli au sein d'une communauté dont tous les membres – handicapés ou non - vivent et s'entraînent ensemble.
31 Juillet 2018
Mina Baghat, un réfugié âgé de 26 ans, souffre d'une déficience intellectuelle et vit aux Pays-Bas. Il a remporté deux médailles de bronze aux Jeux mondiaux 2017 Special Olympics en patinage de vitesse sur piste courte.

L'athlète réfugié Mina Bahgat essaie nerveusement une nouvelle paire de patins à roulettes. Assis sur un banc à côté de la patinoire, il attache la sangle de son casque et ajuste ses genouillères par crainte d’une chute.


Sa maman, Maria, se penche pour fermer en sécurité les verrous de ses patins. « Tu peux le faire, Mina », dit-elle, en lui tapotant le genou. Rassuré, il se met à patiner vers le centre de la piste, où la séance d'entraînement va bientôt commencer.

Mina, âgé de 26 ans, a déjà remporté deux médailles de bronze lors d’une course de patinage de vitesse sur courte piste durant les Jeux mondiaux d’hiver Special Olympics en Autriche. Il a des difficultés d’apprentissage en raison de lésions dont il a souffert à la naissance.

Chaque jeudi soir, il se rend à Almere, à une demi-heure en voiture d’Amsterdam, où il rencontre des jeunes locaux pour une soirée de sport, d'amitié et d'activités. Certains de ces jeunes vivent avec un handicap, d’autres non.

Avant d’arriver aux Pays-Bas, en 2009, la vie de Mina, de sa maman et de son frère n’était pas facile au Moyen-Orient. La famille, qui est chrétienne, vivait dans la crainte des persécutions religieuses et, à l’école, Mina était victime de harcèlement à cause de sa différence.   

« À un certain moment, les choses ont vraiment mal tourné », explique Maria. « Les professeurs se moquaient de lui et ils lui donnaient des coups ; et ils ont aussi encouragé d’autres élèves à s’en prendre à lui ». C’était tellement horrible que Mina a refusé de quitter la maison pendant 19 ans. 

À Almere, Mina a été bien accueilli au sein de l’association SuperCOOL!, qui offre à des jeunes gens souffrant d’un handicap mental ou de troubles du développement l’occasion de vivre au maximum et pleinement leur vie.

SuperCOOL! favorise l’inclusion sociale grâce au sport. Ses sportifs, qui souffrent ou non d’un handicap mental, y forment des équipes mixtes. Grâce à l’association, Mina s’est découvert une passion pour le patin à roulettes.

Les jeunes y sont encadrés par un groupe de 30 bénévoles, composé de membres de la communauté locale, de réfugiés et de demandeurs d’asile.

Amin, un demandeur d’asile originaire d’Iran, est l’un des bénévoles de SuperCOOL! Depuis 2015, date de son arrivée aux Pays-Bas, il attend que sa demande d’asile soit traitée et, dans l’intervalle, il ne peut ni travailler, ni étudier dans une école. L’association lui a offert une chance d’inclusion sociale. 

« C'est magnifique de voir ce groupe composé de personnes handicapées et valides qui s'entraînent ensemble. »

« Devenir bénévole pour SuperCOOL! a été le seul moyen pour moi de rencontrer des gens, d’apprendre le néerlandais et de m’intégrer dans la vie locale. C’est ma façon de donner quelque chose en retour à la communauté qui m’accueille », dit-il en néerlandais à l’un de ses collègues bénévoles, qui traduit ensuite vers l’anglais.     

D’autres bénévoles réfugiés proviennent de Syrie ou d’Afghanistan.

« C'est magnifique de voir ce groupe composé de personnes handicapées et valides, de réfugiés et de locaux qui s'entraînent ensemble », explique Anton Spaan, le fondateur de SuperCOOL!. « Grâce au sport, ils oublient leurs différences. Nous les avons vus se métamorphoser : au départ introvertis et dépendants, ils ont pris suffisamment confiance en eux pour mener leur propre vie, en se libérant des obstacles, en équipe ».

Maria (à droite), la mère de Mina, a décidé de fuir le Moyen Orient avec ses deux jeunes garçons. La famille, qui est chrétienne, vivait dans la crainte des persécutions religieuses et, à l'école, Mina était victime de harcèlement à cause de sa différence.

Maria acquiesce. « Avant de venir ici, Mina dépendait complètement de moi. Après être resté si longtemps à l’intérieur, il était en surpoids et avait très peu de contrôle sur ses fonctions motrices.   

Lorsqu’on l’interroge sur les changements qu’elle a constatés chez son fils, Maria explique qu’il a d’abord commencé par patiner autour de la table du salon, à la maison. « Je n’avais jamais vu une telle volonté et une telle détermination chez lui auparavant. Sa métamorphose a transformé toute la famille ».

De son côté, Mina ajoute avec le sourire : « Le jeudi, c’est le jour le plus important de ma semaine ! Je vois mes amis et je fais plein de sports différents ».  

 « Quand j'ai entendu les applaudissements… J'ai pensé : Ma place est ici. »

Cette semaine, le groupe est composé d’une vingtaine d’athlètes qui s’entraînent au patinage de vitesse, la discipline dans laquelle Mina a remporté deux médailles en 2017 lors de sa qualification aux Special Olympics avec l’équipe de SuperCOOL!.  

Special Olympics est la plus importante organisation sportive mondiale pour les enfants et les adultes ayant un handicap mental. Elle est reconnue par le Comité International Olympique. Toutefois, contrairement aux Jeux Paralympiques, les Jeux mondiaux Special Olympics ne sont pas organisés conjointement aux Jeux Olympiques.

« Special Olympics m'a offert une nouvelle maison », dit Mina. « Quand j'ai entendu les applaudissements dans le stade, j'ai pensé : ‘Les gens me veulent ici. Ma place est ici’ ».

« Aujourd’hui, mon rêve serait de participer aux Jeux Olympiques ».

Chaque année, le 3 décembre, à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, met en lumière les réalisations accomplies par les personnes souffrant d’un handicap, et leurs contributions dans le monde.

Sur les 68,5 millions de personnes déplacées à travers le monde, 7,7 millions d’entre eux vivent avec un handicap, dont près d’un demi-million avec un handicap mental.

« Les personnes handicapées peuvent aider à changer les sociétés pour le mieux en les rendant plus ouvertes et inclusives, en célébrant et en accueillant la diversité », a souligné Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à l’occasion d’un message vidéo.

Volker Türk, le Haut Commissaire assistant du HCR chargé de la protection, s’est engagé au nom du HCR à prendre des mesures spécifiques pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination, et pour mieux impliquer et consulter les personnes handicapées lors de la planification des opérations et des activités, lors du Sommet mondial sur le handicap, qui s’est déroulé à Londres, en juillet 2018.

« Garantir la protection et le bien-être des personnes handicapées de manière inclusive et complète est une décision d'une importance capitale et utile », a déclaré M. Türk, lors du Sommet.