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« Les réfugiés sont souvent les laissés pour compte de la lutte contre le SIDA » - Ruud Lubbers

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« Les réfugiés sont souvent les laissés pour compte de la lutte contre le SIDA » - Ruud Lubbers

28 Novembre 2003 Egalement disponible ici :
Jeunes réfugiés participant à une campagne de sensibilisation au VIH/SIDA dans le camp de Nangweshi, Zambie.

Par Ruud Lubbers

GENEVE, 28 novembre (UNHCR) - La guerre, la violence, les persécutions, puis l'exil et la misère sont souvent le lot quotidien des réfugiés. Dans les régions du monde les plus exposées au VIH/SIDA, leur détresse est encore plus grande. Non seulement les réfugiés sont accusés de véhiculer le VIH et d'autres maladies, mais ils sont souvent exclus des programmes de plusieurs millions de dollars destinés à combattre ce fléau mondial.

Stigmatiser les réfugiés comme transmetteurs du VIH est une insulte morale. C'est aussi une criante injustice. De récentes études ont en effet démontré que dans certains pays frappés par la pandémie, la prévalence du VIH était plus faible chez les réfugiés que chez les habitants du pays d'asile. Elles recommandent en outre de toujours inclure les réfugiés dans les programmes et les activités des autorités locales pour lutter contre le SIDA. Les en exclure est à la fois une attitude de discrimination et une aberration sur le plan épidémiologique.

Des 29 pays en Afrique qui abritent plus de 10 000 réfugiés chacun, seuls 35 % ont prévu des activités pour les réfugiés dans leurs plans stratégiques. Le Fonds global de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme (FGSTP) et les programmes multinationaux VIH/SIDA de la Banque mondiale ont initié des projets dans 24 de ces 29 pays où vivent plusieurs millions de réfugiés. Mais moins de la moitié de ces propositions prennent les réfugiés en compte.

Cela signifie, en pratique, qu'un grand nombre de réfugiés sont tenus à l'écart des programmes destinés aux communautés locales. Ceci est inacceptable et absurde en termes de santé publique. Comment, en effet, prétendre lutter contre la propagation du VIH alors que l'on occulte toute une partie de la population vivant dans un pays où le virus fait des ravages ?

Ces deux dernières années, l'UNHCR et ses partenaires ont travaillé avec les réfugiés en vue d'améliorer les programmes VIH/SIDA conçus à leur attention. Toutefois, nos ressources financières sont limitées. En outre, c'est aux gouvernements des pays d'asile qu'il incombe en dernier lieu d'assumer la responsabilité et le bien-être des réfugiés sur leur territoire. Cela implique notamment la prise de mesures rigoureuses contre la propagation du virus chez les personnes déracinées. Répondre exclusivement aux besoins de ses propres citoyens en ignorant les personnes qui vivent à leurs côtés est un non-sens.

Les programmes du VIH/SIDA devraient s'adresser aux deux groupes de population, de manière intégrée et coordonnée. Les gouvernements hôtes devraient en premier lieu s'assurer que les programmes spécifiques pour les réfugiés et les communautés locales sont inclus dans leurs politiques et stratégies nationales. Ils doivent en outre s'assurer de la pleine application de ces programmes au niveau du district.

Une part de la responsabilité revient également aux donateurs qui doivent veiller à ce que les réfugiés ne soient pas laissés pour compte. Le FGSTP et la Banque mondiale doivent exiger que les programmes qu'ils financent incluent tous les groupes vulnérables, y compris les réfugiés.

Par ailleurs, la bataille engagée contre le VIH/SIDA pourrait avancer à grands pas si les pays donateurs acceptaient de lever certaines restrictions afin que les fonds débloqués puissent bénéficier tant aux communautés locales qu'aux réfugiés. C'est le cas en Ouganda, où grâce à un programme d'autosuffisance, de nombreuses démarches, notamment en matière de consultation volontaire et de dépistage, sont accessibles tant à la population locale qu'aux réfugiés.

Un plus grand esprit d'ouverture et d'innovation sera nécessaire à la Communauté internationale pour endiguer l'épidémie du VIH/SIDA au-delà des frontières. Au Libéria et au Congo, par exemple, les récents conflits ont contraint des réfugiés (ainsi que des soldats) à traverser plus d'une frontière en Afrique de l'Ouest et Centrale respectivement. La Banque mondiale tente actuellement de résoudre ce problème en finançant notamment un programme à l'attention de six gouvernements africains, appelé Initiative des Grands Lacs contre le VIH/SIDA.

Ces dernières années, des efforts acharnés ont été déployés pour stopper la propagation du virus et en soigner les retombées. D'où la vulgarisation et l'optimisation de mesures de prévention telles que la sensibilisation aux modes de transmission et la nécessité d'un changement de comportement afin de se prémunir contre une éventuelle contamination. Le coût des médicaments anti-rétroviraux est devenu plus abordable dans les pays en développement et de multiples tentatives visent à permettre à un plus grand nombre de personnes d'y accéder. L'Organisation mondiale de la santé a récemment annoncé un ambitieux objectif « 3 fois 5 » : arriver à traiter trois millions de personnes dans les pays en développement avec les anti-rétroviraux en 2005. Il faut que les réfugiés bénéficient eux aussi de cette avancée.

Dans la bataille engagée contre le fléau du VIH/SIDA ainsi que toute maladie induite par ce virus, aucun groupe social ne doit être tenu à l'écart, et encore moins les 20 millions de réfugiés à travers le monde. Pour cela, soyons tous particulièrement attentifs à leur sort lors de la journée de commémoration du 1er décembre 2003 - Journée mondiale de lutte contre le SIDA.