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Des réfugiés âgés luttent pour s'intégrer en Slovénie

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Des réfugiés âgés luttent pour s'intégrer en Slovénie

Les réfugiés âgés posent un défi majeur d'intégration pour l'UNHCR et les gouvernements en Europe.
17 Janvier 2008 Egalement disponible ici :
A Maribor, Osman, un réfugié bosniaque âgé de 84 ans, dans son appartement.

MARIBOR, Slovénie, 17 janvier (UNHCR) - Aisa, une réfugiée bosniaque âgée, s'attend à vivre en Slovénie jusqu'à la fin de ses jours. Cependant, bien qu'elle ait trouvé refuge dans ce pays depuis 15 ans, elle ne s'intègrera jamais complètement

« Je n'ai pas de maison vers laquelle rentrer. Mes enfants sont des réfugiés, dispersés à travers le monde. Je prends soin de ma santé et j'attends que les années passent », a expliqué la septuagénaire aux employés de l'UNHCR venus lui rendre visite dans son petit appartement fraîchement rénové situé à Maribor, la seconde ville de Slovénie.

Comme la plupart des réfugiés bosniaques âgés, au nombre de 74, habitant dans sa résidence, Aisa a eu l'opportunité d'apprendre la langue slovène et elle reçoit toute l'aide nécessaire pour survivre. Néanmoins, ces réfugiés bosniaques ne s'intégreront jamais vraiment, contrairement à leurs jeunes compatriotes. C'est un sujet de préoccupation pour l'UNHCR et les autorités, dans ce pays et à travers l'Europe.

« Ces gens ont été abandonnés. Leurs proches ont été tués durant la guerre [de Bosnie de 1992 à 1995] ou alors ils sont dispersés en exil », a expliqué Drago Hausmeister, directeur d'un programme de logement public. « Ils sont trop âgés pour travailler ou pour apprendre correctement le slovène. Alors ils passent leurs journées chez le médecin ; ils regardent la télévision ou boivent le café avec leurs voisins. »

« Les personnes âgées ont besoin d'un système de soutien familial pour s'intégrer sinon, en général, elles luttent contre l'ennui, la solitude et la dépression », a ajouté Lloyd Dakin, le délégué régional de l'UNHCR basé à Budapest.

C'est l'un des problèmes fréquemment rencontrés par l'UNHCR dans les mouvements de masse de réfugiés : de tels groupes ayant des besoins spécifiques sont souvent laissés pour compte. Les réfugiés plus jeunes et d'âge moyen peuvent souvent reconstruire leur vie dans un nouveau pays, mais c'est beaucoup plus difficile pour les personnes âgées de plus de 60 ans.

Tout d'abord, les personnes âgées hésitent davantage à quitter leurs maisons. Elles ne fuient que lorsqu'il n'y a plus d'autre option possible. Et cela se reflète dans les statistiques : en Pologne, par exemple, les chiffres officiels montrent que, parmi les nouveaux arrivants, seulement 0,7 pour cent des personnes sont âgées de plus de 60 ans.

L'UNHCR décompose le processus d'intégration en trois étapes clés liées les unes aux autres : la reconnaissance légale en tant que réfugié, l'auto-suffisance économique et l'adaptation aux spécificités sociales et culturelles du pays hôte.

La première étape est relativement simple, mais ce sont les deux autres qui, pour de nombreuses personnes âgées, spécialement les personnes seules, se déroulent plus difficilement.

Dans le cas du groupe de Maribor, les autorités slovènes ont octroyé en 2002 à Aisa et ses voisins un permis de résidence permanente. Mais trouver un emploi à plein temps à leur âge est une autre affaire, et la plupart d'entre eux vivent grâce à l'aide sociale et à l'assistance reçues des ONG et du gouvernement.

Quant aux progrès réalisés par les réfugiés âgés en termes d'intégration culturelle et sociale, ils sont pratiquement inexistants, que ce soit en Slovénie ou ailleurs en Europe. Trop vieux et profondément traumatisés, ils ne peuvent pas apprendre une nouvelle langue ou se reconstruire un réseau social en partant de rien. Ils tendent à rester en marge de leurs sociétés d'accueil.

« En fait, notre vie est très difficile mais elle est tout de même meilleure qu'avant », a expliqué Osman, âgé de 84 ans, pour résumer la situation difficile des Bosniaques âgés à Maribor. Ce veuf reçoit toute l'assistance dont il a besoin, mais il dit que personne ne pourra lui rendre sa vie d'avant. Il garde précieusement les photos de sa maison, située dans l'est de la Bosnie, qu'il a quittée en 1992.

Contrairement à lui, sa petite-fille Mersada, âgée de 20 ans, parle couramment slovène et s'est intégrée facilement. Elle étudie le tourisme et espère un jour déménager de la résidence d'hébergement des réfugiés et diriger un hôtel.

Cependant, alors que de nombreux réfugiés âgés souffrent ici de dépression et ont tendance à regretter le passé plutôt que de se tourner vers l'avenir, ils sont reconnaissants de l'aide reçue du gouvernement. « Nous sommes reconnaissants pour ce que nous recevons et, surtout, nous sommes reconnaissants d'être sains et saufs ici », a expliqué Hajrija, âgée de 71 ans, en sirotant un café avec son voisin.

Par Melita H. Sunjic à Maribor, Slovénie