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Les revenus des réfugiés du Myanmar augmentent dans un village de pêcheurs au Bangladesh

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Les revenus des réfugiés du Myanmar augmentent dans un village de pêcheurs au Bangladesh

Des milliers de pêcheurs téméraires originaires du Myanmar ont trouvé une nouvelle source de revenus dans un village côtier au Bangladesh.
31 Janvier 2013 Egalement disponible ici :
La témérité des pêcheurs rohingyas est connue le long de la côte du Bangladesh pour les sorties en mer et la pêche dans une mer agitée.

TEKNAF, Bangladesh, 31 janvier (HCR) - Sur l'une des plages les plus étendues au monde, des groupes d'hommes s'apprêtent chaque soir à braver les éléments. Ils s'enroulent dans leur longyi, un vêtement traditionnel qui est une sorte de sarong porté communément dans la région. Puis ils embarquent à bord de bateaux guidés par la lune.

Ils partent à minuit quand la mer est plus calme. Certains rentrent au petit matin. D'autres restent en mer jusqu'à 10 jours durant. Ils reviennent avec de grandes quantités de poissons, de crabes, de crevettes et autres fruits de mer. Selon un chef local dans le village de pêcheurs à Teknaf dans le sud-est du Bangladesh, 95% des pêcheurs sont des Rohyngias originaires du Myanmar.

« Beaucoup de Rohyngias vivent dans ce village, entre 5 000 et 10 000. Certains sont arrivés ici après avoir fui le Myanmar il y a plus de 20 ans. Ils habitent non loin de la plage dans des huttes qu'ils ont fabriquées eux-mêmes. Certains viennent des camps de réfugiés pour travailler ici », a indiqué Salem*, un représentant des autorités locales à Teknaf.

Environ 30 000 réfugiés enregistrés sont hébergés dans deux camps officiels, Kutupalong et Nayapara - au sud-est du Bangladesh. De plus, environ 200 000 Rohingyas non enregistrés vivent dans des sites de fortune ou parmi la communauté locale en recevant une aide.

Au contraire de la rhétorique populiste qui se focalise sur la charge représentée par ces réfugiés sur une zone déjà fortement peuplée, ils partagent en réalité des liens étroits avec leurs communautés hôtes.

« Avant, nous ne pouvions pêcher que l'hiver, durant la saison sèche. Mais les Rohingyas sont téméraires, ils partent pêcher toute l'année, même pendant la saison des pluies », a indiqué Salem à Teknaf. « Les communautés locales ont besoin d'eux. Ils font tourner l'économie. »

En retour, les employeurs bangladais leur fournissent l'hébergement - dans des huttes de fortune aux murs fragiles en bambous avec des toits en bâche de plastique attachée sur des structures faites de bâtons. Les pêcheurs et leurs familles reçoivent également de la nourriture ou des avances sur leurs salaires si besoin. S'ils sont arrêtés car ils ne sont pas enregistrés, leurs employeurs interviennent pour obtenir leur libération.

Il semble que ce soit une situation gagnant-gagnant pour les Rohyngias et leurs hôtes. Pourtant il y a des problèmes. « Quand un Rohyngia meurt en mer, rien ne se passe », a expliqué Salem. « Il n'y a souvent ni contrat ni compensation pour la famille. »

Le manque de filet de sécurité signifie que lorsqu'il y a un décès en mer, les familles rohyngias sont souvent laissées abandonnées à elles-mêmes.

Le mari d'Aïcha* a pêché ici pendant 20 ans. Mais un jour, il n'est pas rentré. Elle a pensé qu'il était mort jusqu'à ce qu'elle reçoive un appel 12 jours plus tard. Il avait embarqué à bord d'un bateau de passeurs pour l'Asie du Sud-Est et il était retenu en Thaïlande par des passeurs, qui demandaient de l'argent pour sa libération.

Dans l'incapacité de payer et laissée seule avec plusieurs enfants à Teknaf, Aïcha est inquiète pour l'avenir. « Je veux juste continuer ma vie », a-t-elle dit avec un regard fixe et vide. Elle espère que son hôte ne l'expulsera pas de son logement.

*Noms fictifs pour des raisons de protection

Par Vivian Tan à Teknaf, Bangladesh