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Paris : Conférence sur la lutte contre l'excision

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Paris : Conférence sur la lutte contre l'excision

Un site Internet « excision, parlons-en » a été lancé en France.
18 Février 2013
Les intervenants à la conférence d'information sur la lutte contre l'excision qui s'est tenue à Paris le 1er février 2013 avec (de gauche à droite) Maître Linda Weil-Curiel, avocate au Barreau de Paris, Marine Casaux-Buissière, coordinatrice de Tostan France, Sister Fa, chanteuse sénégalaise, Sylvie Braibant, rédactrice en chef de TV5 monde et du site internet Terriennes, Martha Diomandé, chorégraphe et présidente de l'ACZA (Association culturelle Zassa d'Afrique), Gilles Bon-Maury, chargé de lutte contre les violences à l'encontre des femmes au cabinet de la Ministre française des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem et Khady Koïta, membre de la Fédération nationale GAMS (Groupe pour l'abolition des mutilations sexuelles).

Paris, France, 18 février (HCR) - A l'initiative du journaliste Louis Guinamard, une conférence d'information sur la lutte contre l'excision s'est tenue à Paris le 1er février 2013 pour le lancement du site Internet « Excision, parlons-en » en partenariat avec des associations engagées dans ce domaine. Le 6 février chaque année, c'est la Journée mondiale contre l'excision.

Une résolution de l'Assemblée Générale des Nations Unies avait également été votée le 20 décembre dernier « sur l'intensification de l'action mondiale visant à éliminer les mutilations génitales féminine (MGF) ». Le HCR encourage les États membres à traiter de façon appropriée les demandes d'asile liées aux mutilations génitales.

Lors de la conférence, la chorégraphe Martha Diomandé, fille et petite-fille de matrone (exciseuse), a témoigné. Arrivée en France en 2004, elle a expliqué que le « formatage se faisait sur les petites et qu'il était pratiquement impossible pour les femmes de se détacher de cette pratique. »

Elle appelle à la réinsertion des matrones dans le tissu social des villages : d'exciseuses, elles deviendraient accoucheuses. Il faut « garder la transmission du savoir mais mettre fin à l'acte. »

Spécialement venue d'Allemagne où elle réside, l'artiste Sister Fa, chanteuse sénégalaise, a été « victime de cette pratique » et elle a fait part de ce souvenir douloureux. Elle est engagée dans une tournée de sensibilisation intitulée « Education sans Excision » dans les établissements scolaires du Sénégal. Elle a par ailleurs insisté sur « le besoin d'engager en priorité les jeunes lors d'actions de sensibilisation. »

Un extrait du film de Bafing Kul intitulé « Ce n'est pas pour aujourd'hui » a également été diffusé. Les idées reçues sont fréquentes dans les pays concernés par cette pratique, et notamment le Nigéria, la Somalie, l'Erythrée, la Guinée et la Côte d'Ivoire.

Selon une étude intitulée « Excision et Handicap » réalisée par l'INED (Institut national des Etudes démographiques) et de l'Université Paris Panthéon-Sorbonne, quelque trois millions de femmes sont soumises, chaque année, à cette pratique et 140 millions l'ont déjà subie. En France, Isabelle Guillette-Faye, la Directrice du GAMS (Groupe pour l'abolition des mutilations sexuelles) a indiqué qu'au moins 60 000 femmes l'auraient subie.

Sylvie Braibant, rédactrice en chef de TV5 monde et du site internet Terriennes a déclaré que cette conférence visait à sensibiliser les générations futures à l'abandon de cette pratique néfaste tant pour le corps que pour la santé mentale des victimes,

Des témoignages d'activistes comme Khady Koïta, militante au sein du GAMS et auteure de « Mutilée » ont été écoutés avec grande attention. Pour elle, on doit informer et sensibiliser les centres sociaux, les professionnels de santé, les travailleurs sociaux mais aussi les milieux scolaires pour éliminer cette pratique.

Gilles Bon-Maury, chargé de lutte contre les violences contre les femmes au cabinet de la Ministre française des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a signalé l'existence d'un comité interministériel du droit des femmes chargée de la lutte contre l'excision.

Chaque année, 20 000 femmes provenant de pays où l'excision est pratiquée demandent asile au sein de l'UE, soit 20% des femmes demandeurs d'asile au total. En 2011, les principaux pays dans lesquels elles ont déposé une demande d'asile ont été la France (4 210), l'Italie (3 095), la Suède (2 610), le Royaume-Uni (2 410), la Belgique (1 930), l'Allemagne (1 720) et les Pays Bas (1 545).

Sur les 2 820 femmes âgées de 14 à 64 ans et provenant des pays à risque, qui ont fait demande d'asile en France, on estime que 24,5% ont fait demande pour des questions liées aux MGF. En France, 670 demandes d'asile au motif de crainte de persécution liée à cette pratique ont été enregistrées. A cet égard, le HCR salue la décision majeure rendue le 21 décembre dernier par le Conseil d'État, la plus haute juridiction administrative française, qui confirme l'octroi du statut de réfugié aux fillettes craignant d'être excisées.

Pour soutenir l'action des militants contre l'excision : http://www.excisionparlonsen.org

Par Fadma Moumtaz et Danya Boukry à Paris, France