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Le parcours d'une famille apatride – Famille Adzovic

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Le parcours d'une famille apatride – Famille Adzovic

20 Octobre 2016
La famille Adzovic

« Quand je suis ici [en France], je me sens chez moi. Mais les Français me voient comme une étrangère. Et si un jour je vais dans mon pays d’origine, ils me verront comme une touriste. Mais c’est ici que je me sens chez moi, que je suis à l’aise ».

PARIS, France –  La famille Adzovic est d’origine monténégrine, rom et musulmane. Lorsque l’on remonte dans l’histoire de la famille, elle a toujours été victime de discriminations. Silvana, la mère est devenue apatride en 2004 lorsque les autorités monténégrines lui ont annoncé qu’elle ne figurait pas dans les registres d’état-civil. Lorsqu’Emina, sa fille, est née, Silvana l’a faite inscrire sur son passeport qu’elle possédait encore à ce moment. Cependant, quand Emina a voulu faire son propre passeport yougoslave – avant la dissolution du pays -, on lui répond comme à sa mère, qu’elle n’était pas dans les registres.

Silvana Adzovic :

Silvana est née en 1972, en Italie, cependant ses parents l’ont inscrite sur les registres de Podgorica, capitale du Monténégro, qui faisait alors partie de la Yougoslavie. Ainsi, la pratique fait que Podgorica a toujours figuré sur son passeport (monténégrin) comme étant son lieu de naissance.

Elle rencontra les premières difficultés liées à sa nationalité en 2004, lorsqu’elle s’est mariée en France en 2004. En effet, elle devait retourner au Monténégro pour obtenir un visa. A ce moment, son passeport était valide jusqu’en 2007 et pourtant, le Consulat l’informe qu’elle ne peut se rendre au Monténégro car son passeport n’est pas valide. Les discriminations sont criantes, et elle doit y faire face une fois de plus au Consulat : « Il tenait mon passeport dans sa main et il m’a demandé la preuve que j’appartiens à ce pays ». C’est après cet épisode qu’on lui a expliqué qu’elle n’était pas inscrite sur les registres et que donc elle ne possède pas la nationalité.

« Tout d’un coup, tout est annulé et vous n’êtes plus enregistré ».

Silvana (à gauche) et sa fille Emina sont assises face au document de circulation que les autorités francaises lui ont remis quand elle a été reconnue apatride en 2015.

Emina Adzovic :

Emina, fille de Silvana, est née en 1994 à Hambourg, en Allemagne, où sa famille était installée jusqu’à ses 11 ans. A sa naissance, sa mère l’a fait inscrire sur son passeport monténégrin, et lorsque la famille est arrivée en France en 2005, Emina était titulaire d’un document de circulation pour étranger mineur. Les problèmes ont commencé à sa majorité alors qu’elle devait déposer une demande de carte de séjour. Les autorités lui disent que pour déposer une demande elle doit apporter son passeport. Elle était inscrite dans le passeport de sa mère, mais lorsqu’elle fait une demande pour avoir son propre passeport, elle apprend qu’elle n’est pas dans les registres monténégrins. C’est ainsi qu’en 2010, la préfecture lui dit de commencer la procédure de reconnaissance d’apatridie. Elle a finalement était reconnue apatride en 2015 par l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides).

Les premiers obstacles qu’elle a rencontrés furent lorsqu’elle se rendit compte qu’elle ne pouvait ni s’inscrire à Pôle Emploi, ni à la mission locale.

« Quand je suis ici [en France], je me sens chez moi. Mais les Français me voient comme une étrangère. Et si un jour je vais dans mon pays d’origine, ils me verront comme une touriste. Mais c’est ici que je me sens chez moi, que je suis à l’aise ».


Signez la lettre ouverte et engagez-vous pour mettre fin à l’apatridie d’ici 2024.