En marge de l'Assemblée générale de l'ONU, des dirigeants internationaux expriment avec force leur soutien à un nouvel accord pour les réfugiés
En marge de l'Assemblée générale de l'ONU, des dirigeants internationaux expriment avec force leur soutien à un nouvel accord pour les réfugiés
NEW YORK – Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a organisé aujourd'hui une rencontre avec des dirigeants politiques issus de quatre continents, notamment de pays comme le Bangladesh, le Costa Rica, la Turquie, ainsi que des représentants de la Banque mondiale, à l'occasion de la semaine de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies. Cette réunion était organisée en appui à l’accord international connu sous le nom de Pacte mondial pour les réfugiés, qui offre une approche solide et méthodique pour améliorer les conditions de vie des réfugiés et de leurs communautés d’accueil.
Le Pacte mondial pour les réfugiés devrait être adopté par les États membres de l’Assemblée générale des Nations Unies en décembre 2018, après deux années d’intenses consultations menées par le HCR auprès des États membres de l’ONU, des organisations internationales, des experts, des membres de la société civile et des réfugiés.
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a salué le rôle qu’endossent les pays d’accueil car ils sont les premiers intervenants dans les situations d’urgence liées à la question des réfugiés – c’est notamment le cas du Bangladesh, de l’Ouganda, du Niger ou du Mali, entre autres.
« Ces pays ont maintenu leurs frontières ouvertes à une époque où, dans le monde, nous ne pouvons plus considérer cela comme acquis », a souligné Filippo Grandi. « Nous sommes confrontés à une attitude qui tend de plus en plus souvent à rejeter, à fermer et à repousser ».
« Les pays d’accueil ont maintenu leurs frontières ouvertes à une époque où, dans le monde, nous ne pouvons plus considérer cela comme acquis ».
2017 a été une année record en termes de déplacements forcés – 68,5 millions de personnes ont dû fuir leur foyer, dont 25,4 millions d’individus qui sont devenus des réfugiés dans un autre pays.
Près de 9 réfugiés sur 10 dans le monde sont installés dans des pays en développement, où ils vivent souvent dans des zones reculées qui présentent d’importants défis en matière de développement. Les conséquences sur les services locaux, les infrastructures et les ressources sont « gigantesques », a ajouté Filippo Grandi.
Le Pacte mondial prévoit des mesures concrètes - tant en faveur des réfugiés que de leurs communautés d’accueil - comme le renforcement des infrastructures de santé, du système éducatif, ainsi que la relance potentielle des économies.
La Première Ministre du Bangladesh, Mme Sheikh Hasina, a expliqué comment son pays venait en aide aux réfugiés rohingyas fuyant les persécutions au Myanmar voisin.
Le Bangladesh a accueilli 727 000 réfugiés rohingyas en un an et a mis à disposition un terrain d’une superficie de 243 hectares pour leur fournir des abris et répondre à leurs besoins fondamentaux. « Les ressources qui ont été investies en faveur des réfugiés rohingyas ont eu de lourdes conséquences sur notre environnement et notre économie », a expliqué Mme Hasina.
« L’inaction n’est pas une option ».
La dirigeante bangladaise a rappelé qu’il faut absolument que la communauté internationale partage les responsabilités liées à la crise mondiale des réfugiés. « Les dirigeants internationaux doivent prendre des initiatives et faire preuve de volonté politique et d’engagements », a-t-elle ajouté.
« Aucun gouvernement n’a le droit d’ignorer ce problème », a souligné le Ministre turc des Affaires étrangères, M. Mevlüt Çavuşoğlu.
M. Çavuşoğlu a mis en exergue la crise en mer Méditerranée, où 1 600 personnes ont déjà perdu la vie en 2018 en tentant de rejoindre l’Europe. Il a plaidé pour la mise en place de « solutions durables à la crise migratoire », telles que le Pacte mondial pour les réfugiés. « La situation actuelle n’est pas tenable. Fermer les frontières n’est pas la bonne réponse », a-t-il ajouté.
« Les réfugiés et les migrants contribuent au développement économique et viennent enrichir la diversité culturelle », a souligné la Vice-Présidente du Costa Rica, Mme Epsy Campbell Barr. Au cours des derniers mois, ce pays d’Amérique centrale a dû faire face à l’arrivée d’un nombre croissant de réfugiés en provenance du Nicaragua.
Mme Epsy Campbell Barr a rappelé aux dirigeants présents dans la salle la nécessité d’une responsabilité partagée. « Un petit pays comme le nôtre est déjà engagé dans cette approche concrète en accueillant des dizaines de réfugiés par jour. Nous attendons avec impatience que ces pactes mondiaux soient adoptés ».
« Nous devons garder à l’esprit qu’il s’agit de personnes, qu’il s’agit de réfugiés qui rêvent d’une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leur famille. »
Le Pacte mondial prévoit également des mesures qui permettent d’alléger la pression sur les pays accueillant un grand nombre de réfugiés, notamment la réinstallation ou d’autres voies complémentaires vers des pays tiers. Le Haut Commissaire s’est inquiété en constatant que les admissions pour les procédures de réinstallations sont en baisse. « Nous devons inverser cette tendance », a ajouté Filippo Grandi. « C’est une autre forme de solidarité ».
Le succès du Pacte mondial dépend aussi de l’implication des acteurs du développement. Pour le Président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, le Pacte mondial est « un exemple qui illustre la manière dont le multilatéralisme doit fonctionner ».
Jim Yong Kim a rappelé que 52% des réfugiés dans le monde ont moins de 18 ans. « Les conséquences d’une inaction vont nous hanter pendant des générations », a-t-il dit.
« Nous devons garder à l’esprit qu’il s’agit de personnes, qu’il s’agit de réfugiés qui rêvent d’une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leur famille », a-t-il ajouté. « Et de communautés d’accueil, dont la grande majorité vivent dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires, qui aspirent également à la croissance et à la prospérité ».
Le processus du Pacte mondial pour les réfugiés a démarré en septembre 2016, lorsque l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants et chargé le HCR d’élaborer un « pacte » sur la base de consultations.
Ce nouvel accord international est également fondé sur les enseignements tirés de la mise en œuvre d’une nouvelle vision stratégique de réponse aux crises, connue sous le nom de Cadre d’action global pour les réfugiés (CRRF), et appliquée dans 15 pays.
Les expériences qui ont été présentées dans la salle du Conseil économique et social (ECOSOC) laissent entrevoir d’énormes promesses dans le cadre de la nouvelle approche qui sous-tend le Pacte mondial des réfugiés, qui sera examiné par l’Assemblée générale d’ici à la fin de l’année.
« L’inaction n’est pas une option », a souligné la présidente de cette 73ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, Mme Maria Fernanda Espinosa.
S’adressant aux représentants dans la salle, Filippo Grandi les a invités à « aider le HCR, en expliquant à la communauté internationale qu’il existe de meilleurs moyens pour gérer un problème qui peut parfois leur sembler insurmontable. « Nous le devons aux millions de personnes déracinées et déplacées, et nous le devons aux généreuses communautés qui les accueillent ».