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Rendre service, avec bonté

Rendre service, avec bonté

14 Septembre 2007
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Damas - Le professeur de lycée, Shukri Ali, aurait dû passer ses vacances estivales à la plage avec sa famille. Mais il a annulé, sans la moindre hésitation, ses projets pour passer son mois de congé dans une salle de classe exiguë située dans un sous-sol et donner des cours de rattrapage aux enfants réfugiés iraquiens pour qu'ils puissent s'adapter au cursus syrien.

Pourquoi s'est-il porté volontaire pour un tel travail ? « Je suis Palestinien et j'ai souffert avant eux », dit-il simplement. « J'ai vécu dans un camp (de réfugiés) ; j'ai vécu sous une tente et je sais à quoi cela ressemble. Je me souviens de la souffrance. » Aujourd'hui âgé de 47 ans, Shukri Ali était réfugié à la naissance, ses parents, des Palestiniens, avaient dû fuir en Syrie en 1948. Il est attristé de voir que, 60 ans plus tard, la région génère toujours des réfugiés.

La classe dans laquelle il enseigne les mathématiques, les sciences physiques et la chimie aux adolescents iraquiens fait partie d'une initiative privée remarquable, qui redonne l'espoir aux enfants iraquiens de pouvoir reprendre leurs études en exil en Syrie, comme Karim*, un jeune garçon de 17 ans qui travaille dans une blanchisserie.

Cette initiative est le fruit de l'imagination d'Ali Assaid Hussein, un entrepreneur et ingénieur en informatique syrien de 35 ans, qui dirige le Centre privé de formation universitaire supérieure. L'établissement dispense des cours du soir payants pour les Syriens et les Iraquiens. Lorsqu'il a remarqué que de très nombreux étudiants iraquiens avaient perdu des années de scolarité en raison de la guerre et qu'ils avaient des difficultés à s'adapter au cursus syrien, il a décidé de proposer gratuitement un cours de rattrapage d'un mois, pour préparer 260 enfants réfugiés à intégrer les écoles syriennes en septembre.

Hussein ne se contente pas d'offrir les cours de rattrapage, il met aussi à disposition des enfants un bus pour assurer leur transport aller et retour, il fournit des cahiers, du matériel scolaire et des uniformes gratuits à tous les élèves. Dans un élan de générosité typiquement syrien, le fabriquant d'uniformes les vend à prix coûtant et fait aussi cadeau de nombreux vêtements.

Hussein hausse les épaules quand on le complimente sur sa générosité. « Peut-être qu'un jour, je me retrouverai avec mes enfants dans la même situation », dit-il posément. L'UNHCR envisage de soutenir ce programme, pour que des cours de rattrapage gratuits continuent d'être offerts aux enfants iraquiens.

Chaque jour, en classe, Shukri Ali constate les effets que quatre ans de guerre ont eus sur les élèves iraquiens. « Ils sont traumatisés par ce qu'ils ont vu », dit-il. Leurs proches qui sont décédés leur manquent ; ils sont souvent perdus dans leurs pensées et n'arrivent pas se concentrer en classe. Quelques-uns passent du repli sur eux-mêmes à l'agressivité. Sans expérience en psychiatrie, mais porté par un sentiment de compassion, Shukri Ali fait ce qu'il peut : « J'essaie d'être doux et gentil avec eux et de les calmer. »

Bien qu'il pense que les cours de soutien soient d'une valeur incalculable, la vraie réponse pour les Iraquiens, dit-il, est qu'ils puissent rentrer dans leur pays en paix. « Qu'importe ce que vous pouvez donner, ils ont besoin de rentrer chez eux ». Mais, tant qu'ils seront en Syrie, dit Shukri Ali : « tant qu'ils auront besoin de moi, je serai là. »

* Nom fictif pour des raisons de protection