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L'Emissaire du HCR Angelina Jolie Pitt appelle à une action internationale accrue à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié

Communiqués de presse

L'Emissaire du HCR Angelina Jolie Pitt appelle à une action internationale accrue à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié

20 Juin 2015 Egalement disponible ici :

L'Emissaire du HCR Angelina Jolie Pitt commémore la Journée mondiale du réfugié auprès des réfugiés syriens en Turquie. Ce pays a dépassé le Pakistan car il héberge désormais la plus importante population réfugiée au monde avec plus de 1,77 million de réfugiés vivant en milieu urbain ou dans les camps gérés par le gouvernement.

L'Emissaire du HCR et le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres ont également rencontré le Président Recep Tayyip Erdoğan pour le remercier, ainsi que son peuple, de la générosité de la Turquie envers les réfugiés iraquiens et syriens. Ils ont également discuté des problèmes auxquels font face la Turquie et d'autres pays hôtes, ainsi que de leurs besoins en termes de soutien.

En sa qualité de co-fondatrice de l'Initiative de prévention contre la violence sexuelle, Angelina Jolie Pitt a également évoqué son travail sur les droits des femmes ainsi que la campagne mondiale contre la violence sexuelle dans les conflits. Peu après, lors d'une visite au camp de réfugiés de Midyat à Mardin, dans le sud-est de la Turquie, elle a lancé un appel vibrant à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié pour une action accrue afin de prévenir les conflits et de venir en aide aux réfugiés. Voici sa déclaration :

« Nous sommes ici pour une raison simple : Cette région est à l'épicentre d'une crise mondiale. Près de 60 millions de personnes sont déracinées à travers le monde. Cela représente une personne sur 122 habitants de notre planète. Notre monde n'a jamais été aussi riche ou plus sain ou plus développé. Pourtant, jamais auparavant autant de gens ont été dépossédés et exclus de leurs droits humains fondamentaux. Nous devrions appeler cette crise par son vrai nom : ce n'est pas seulement une « crise des réfugiés », mais plutôt une crise mondiale de sécurité et de gouvernance, qui se manifeste par la pire crise de réfugiés jamais enregistrée et une période de déplacements de populations massifs.

« Le pays principalement générateur de ces flux massifs de réfugiés est la Syrie. En l'espace de quatre ans, la Turquie est devenue le pays hôte de la plus importante population réfugiée au monde, avec 1,8 million de Syriens et d'Iraquiens déracinés. Le Liban, où je me trouvais hier, est l'hôte d'une population encore plus importante de personnes déracinées en termes de densité : une personne sur quatre au Liban est désormais un réfugié syrien. Les gens n'ont plus nulle part où aller. Si vous êtes un Iraquien ou un Syrien fuyant la violence, où allez-vous ? Chaque pays frontalier de la Syrie est mis à rude épreuve, au-delà de ses limites.

« Voilà pourquoi nous voyons tant de personnes périr en mer. Ce n'est pas une « nouvelle tendance », il s'agit de personnes qui fuient de pays en pays et qui ne trouvent aucun lieu sûr. Ce ne sont pas des migrants économiques en quête d'une vie meilleure, ce sont des réfugiés désespérés qui fuient la guerre et la persécution. La durée moyenne de séjour dans un camp de réfugiés est de 17 ans. Pensez à votre propre vie. Pensez à ce que cela signifierait. Pour beaucoup, il s'agit de toute leur enfance. Pendant la période de déplacement, vous pourriez obtenir une éducation ou poursuivre vos études. Mais, très probablement, cela ne sera pas le cas.

« En tant que réfugié, vous ne pouvez pas travailler légalement dans un pays d'accueil. Vos compétences et votre éducation vont donc se ternir durant ces longues années et votre contribution qui s'avère pourtant nécessaire sera perdue. En tant que réfugié, vous apprendrez ce que le monde ressent à votre égard. Vous saurez si votre souffrance provoque l'indignation ou alors la compassion - ou si elle est le plus souvent ignorée. Des jeunes, comme les six que j'ai rencontrés hier, vivent au Liban sans aucun proche, ils ne reçoivent que la moitié des rations d'aide alimentaire et ils payent 100 dollars par mois pour vivre dans une tente car le HCR ne dispose pas de suffisamment de fonds ou de capacités pour prendre soin de tout le monde.

« Nous devrions considérer ce déplacement de populations comme celui demandant le plus grand soin, et à qui nous devrions assurer le plus de soutien. Non pas parce qu'ils sont vulnérables mais car, en fait, ils sont la stabilité future de tous les pays dont nous disons que nous sommes tellement préoccupés. Donc, mon premier message est qu'il est temps pour les gens de respecter le sort des réfugiés et de voir leur vraie valeur. Nous devons les protéger et investir en eux. Ils ne sont pas un problème, ils font partie de la solution à cette crise mondiale. Ils sont le potentiel pour la reconstruction et la stabilisation des pays.

« Par ailleurs, j'exhorte la communauté internationale et les dirigeants de ce monde à considérer de manière appropriée ce que signifie ce déplacement de populations massif. Ce n'est pas juste un autre jour. Cette Journée mondiale du réfugié nous rappelle quelques vérités effrayantes sur notre incapacité à gérer la crise internationale, notre incapacité à négocier la paix et à trouver des solutions durables. Aujourd'hui - comme c'est arrivé tous les jours en moyenne l'an dernier - plus de 40 000 personnes seront forcées de fuir leurs maisons. Et ce sera la même chose demain. Et le lendemain. Et cela continuera jour après jour si cette inertie politique demeure.

« Il est difficile de citer un seul exemple où, en tant que communauté internationale, nous cherchons résolument à résoudre les causes profondes des flux de réfugiés. Les déplacements de populations se multiplient car les guerres ne cessent pas, et les pays sortant d'un conflit ne reçoivent pas le soutien dont ils ont besoin. Nous nous occupons des crises en discutant de ressources sur le terrain ou d'aide humanitaire. La crise mondiale nous montre que cette vision étroite de la gestion des conflits est mauvaise et inefficace. Le HCR, avec d'autres agences des Nations Unies et des ONG, ne peuvent pas être les seuls acteurs pour gérer le chaos d'une population déracinée de taille similaire à la population française.

« J'ai passé les 14 dernières années au sein du personnel du HCR. Je connais leur dévouement. Et même leur amour pour les réfugiés. Je les ai également vus débordés ou très émus pendant toutes ces années. Avec d'autres agences des Nations Unies et des ONG, ils comblent le vide laissé par la communauté internationale. Nous avons dépassé le point de rupture. La réponse à une crise mondiale de cette ampleur n'est pas de combien d'appels de fonds peuvent être financés. Ou, en vérité, à quel pourcentage ils peuvent être financés. Je suis bien sûr reconnaissante pour les contributions des pays, même si elles ne suffisent pas à répondre à tous les besoins. Mais je dis à ces pays, votre travail ne consiste pas à financer la réponse aux déplacements de populations mais à les empêcher. Pour les faire cesser.

« Le déplacement de 60 millions de personnes est un signe de notre incapacité à travailler ensemble en tant que communauté, à appliquer toutes nos lois et à utiliser efficacement nos institutions collectives. À respecter nos valeurs et nos engagements. La souffrance humaine explose, les déplacements de populations sont à un niveau jamais vu auparavant. Ceci ne peut pas se gérer par l'aide humanitaire, mais plutôt par la diplomatie et le droit. Ceci est un problème central. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire les difficiles au sujet de quelles violations des droits humains nous tolérons ou pas.

« Nous avons les outils dont nous avons besoin - les résolutions, les doctrines, les conventions, les tribunaux. Mais si ces outils sont utilisés à mauvais escient, mis en oeuvre de façon incohérente ou d'une manière égoïste, nous allons continuer sur cette tendance de déplacements de populations qui vont grandir et grandir. Il est inhumain d'attendre tout de ces familles et qu'elles tolèrent ce type de vie. Nous savons tous ce qui doit être fait, nous devons faire mieux. Et il est évident que nous devons commencer avec la Syrie.

« Je demande, encore une fois, au Conseil de sécurité des Nations Unies : Envoyez vos ministres et ambassadeurs ici. Rendez-vous compte de cette crise par vous-même. Voyez par vous-même que cette situation ne peut tout simplement pas continuer ainsi. Et qu'un plan crédible devrait déjà avoir été élaboré pour parvenir à une solution politique et mettre fin au conflit. Je remercie les peuples de la Turquie, de l'Iraq, du Liban et de la Jordanie pour leur générosité, et ainsi que tous les pays d'accueil. Pour toutes les familles, ici et à travers le monde, marquant ce Mois Saint, je dis : « Ramadan Karim ». Et je rends hommage aux réfugiés eux-mêmes - les gens nous célébrons aujourd'hui, à juste titre, non seulement ici en Turquie, mais dans le monde entier. Merci. »