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Le chef du HCR Filippo Grandi appelle l'Australie à mettre fin à la pratique néfaste du modèle offshore de traitement et de placement

Communiqués de presse

Le chef du HCR Filippo Grandi appelle l'Australie à mettre fin à la pratique néfaste du modèle offshore de traitement et de placement

24 Juillet 2017 Egalement disponible ici :
Dans un centre de détention à Nauru, Sabah, une réfugiée somalienne âgée de 28 ans, montre les photos de ses trois enfants qu'elle n'avait plus vus après avoir été séparés trois ans auparavant, en fuyant les violences commises par des extrémistes en Somalie. Photo d'archives, 2014.

La politique australienne sur le traitement et le placement offshore en Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Nauru, qui interdit l'accès aux procédures de demande d’asile en Australie pour les réfugiés arrivant par la mer sans un visa valide, cause depuis trop longtemps des souffrances extrêmes et évitables.

Quatre ans après le début de sa mise en œuvre, plus de 2000 personnes sont toujours détenues dans des conditions inacceptables. Des familles ont été séparées et beaucoup ont subi des préjudices physiques et psychologiques.

Dans le contexte de cette situation humanitaire désastreuse, en novembre dernier, le HCR avait exceptionnellement accepté d'aider à la réinstallation des réfugiés aux Etats-Unis, suite à un accord bilatéral entre l'Australie et les États-Unis. Nous avions accepté de le faire car l’Australie s’était préalablement engagée à autoriser enfin les réfugiés vulnérables ayant des proches sur son territoire à les rejoindre et s'y installer.

Or le HCR a été récemment informé par l'Australie de son refus d'accepter l’entrée de ces réfugiés vulnérables. Ceux-ci ont été informés, ainsi que d’autres à Nauru et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, que leur seule option est de rester dans ces deux pays ou d’être transférés au Cambodge ou aux États-Unis.

Cela signifie, par exemple, que certains d’entre eux souffrant de graves problèmes médicaux ou ayant subi des expériences traumatisantes, y compris la violence sexuelle, ne peuvent pas recevoir le soutien de leurs proches résidant en Australie.

Pour mettre fin à ces épreuves, le HCR n'a pas d'autre choix que d'organiser la réinstallation aux Etats-Unis de tous les réfugiés se trouvant en Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Nauru, même ceux ayant des proches en Australie.

Il ne fait aucun doute que ces personnes vulnérables, ayant déjà vécu pendant quatre ans dans des conditions effroyables, devraient être réunies avec leurs familles en Australie, ce qui serait une décision raisonnable et empreinte d’humanité.

La décision du gouvernement australien de leur refuser cette possibilité est contraire aux principes fondamentaux d'unité familiale et de protection des réfugiés, et simplement au respect d’autrui.

Le HCR souscrit pleinement à la nécessité de sauver des vies en mer et de proposer des alternatives aux traversées périlleuses et à l'exploitation par les passeurs. Toutefois la pratique du modèle offshore de traitement et de placement a eu des conséquences extrêmement préjudiciables. Elle révèle une contradiction fondamentale entre le sauvetage en mer et le mauvais traitement des personnes secourues.

L'Australie maintient fièrement sa tradition humanitaire, qui se manifeste par son soutien à l'aide humanitaire dans d’autres pays et à son programme de longue date pour la réinstallation des réfugiés. J’exhorte l'Australie à mettre fin immédiatement à la pratique néfaste du modèle offshore de traitement et de placement, d'offrir des solutions à ces victimes, relevant de sa responsabilité, et de travailler avec nous sur de futures alternatives pour sauver des vies en mer et protéger les personnes dans le besoin.

Alors que le déplacement à l'échelle mondiale atteint un niveau record, il est crucial que tous les États offrent une protection aux survivants de la guerre et des persécutions et qu’ils ne subordonnent pas leurs responsabilités à d'autres. Les réfugiés, nos semblables, le méritent.

Contexte

Environ 2500 réfugiés et demandeurs d'asile ont été transférés de force par l'Australie vers des installations de « traitement offshore » en Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Nauru depuis l'introduction, en 2013, de cette politique. Parmi eux, environ 1100 se trouvent toujours à Nauru et 900 autres en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

A la suite de l'accord bilatéral entre l’Australie et les États-Unis sur la réinstallation, le HCR a présenté, ces huit derniers mois, des dossiers de candidature aux Etats-Unis pour la réinstallation de plus de 1100 réfugiés. Un autre groupe de 500 personnes attend toujours l'issue de la procédure de détermination du statut de réfugié mené par les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Nauru, selon leur arrangement avec l’Australie.

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