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Rapatriement volontaire vers la République du Congo depuis le Gabon

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Rapatriement volontaire vers la République du Congo depuis le Gabon

Une campagne de sensibilisation a été menée conjointement par les gouvernements de la République du Congo et du Gabon avec l'appui de l'UNHCR sur les conditions de retour au Congo notamment dans les différentes provinces d'origine des réfugiés. 234 réfugiés congolais vivant au Gabon ont alors opté le mois dernier pour le rapatriement volontaire vers leur patrie.
14 Octobre 2005
Un convoi de plusieurs camions de l'UNHCR ramène les réfugiés et leurs effets personnels depuis le Gabon vers leur région d'origine en République du Congo.

BRAZZAVILLE, 14 octobre (UNHCR) - « En 1998, quelques années après mon premier retour, le Congo a sombré dans une nouvelle guerre m'obligeant à repartir au Gabon », déclare Pedro Franck, appelé aussi Papa Pedro, qui avait déjà vécu au Gabon dans les années 70-80. « J'espère que ce deuxième retour sera le bon ». Il rentre à Pointe-Noire où l'attendent ses enfants.

234 réfugiés congolais vivant au Gabon ont opté le mois dernier pour le rapatriement volontaire vers leur patrie, la République du Congo. Papa Pedro a fait partie du convoi Moanda-Lekolo-Mbinda-Dolisie du 7 septembre 2005.

Cette décision individuelle fait suite à une campagne de sensibilisation menée conjointement par les gouvernements de la République du Congo et du Gabon avec l'appui de l'UNHCR sur les conditions de retour au Congo notamment dans les différentes provinces d'origine des réfugiés.

La communication, effectuée dans le cadre de l'accord tripartite signé à Libreville le 11 septembre 2001 entre les deux états et l'UNHCR, a été soutenue par les parlementaires des circonscriptions électorales de Mbinda.

Le long des 400 km d'une route en mauvais état après les intempéries, les secousses ont été pour lui un calvaire, si bien qu'il est arrivé fatigué et en état de détresse. Il a dû être perfusé à l'hôpital de Dolisie.

« Avec ses 65 ans, Papa Pedro nous a fait peur durant ce voyage qu'il n'a pas supporté », ont déclaré les assistantes sociales du partenaire opérationnel de l'UNHCR ayant accompagné le convoi. Il avait voulu rentrer par la route plutôt que par avion, car il transporte avec lui les biens de son fils aîné. Remis d'aplomb, il a poursuivi son voyage de retour jusqu'à Pointe-Noire.

Chantal Mbiti, âgée aujourd'hui de 35 ans, a fui au Gabon le 15 septembre 1999, lors d'une vague de violences au Congo. « J'étais à Makabana lorsque des hélicoptères ont bombardé notre village, alors nous avons fui en voiture vers le Gabon. Mon mari est parti d'abord puis nous l'avions suivi. Heureusement, il a pu exercer son métier au Gabon ».

Mathieu, le mari de Chantal, était chauffeur dans une entreprise forestière au Congo. Dès son arrivée au Gabon avec l'appui de l'UNHCR pour son installation, il a cherché du travail. C'est ainsi qu'après plusieurs contrats de chauffeur, l'un de ses employeurs a décidé de lui céder en location-vente un bus de 22 places.

Il raconte : « Nous avons signé un contrat de 3 ans, période après laquelle le véhicule me revenait. Lorsqu'on a commencé à parler du rapatriement, j'ai décidé de rentrer. Certes la vie au Gabon n'était pas difficile pour nous parce que je savais comment gagner de l'argent, mais la vie chez soi est toujours meilleure. Je pourrai subvenir à nos besoins grâce à mon bus, la vie va continuer son cours ».

Chantal se rassure en se disant avec courage qu'elle pourra toujours retrouver du travail. « Avant je vendais du manioc. Je faisais partie de ceux qui ravitaillaient le marché de Pointe-Noire à partir de Makabana. C'est la guerre qui a tout gâché. Je suis sûre que j'arriverai à me débrouiller de nouveau pourvu que les hommes politiques nous en laissent la possibilité ».

Parmi les 80 rapatriés du convoi Letili-Bambame, Nancy, une jeune fille de 17 ans, rentre du Gabon, enceinte de 7 mois. « Mon ami est resté au Gabon. Il me donnait de l'argent. Ici je sais que je n'aurai plus cet appui. Alors je dois apprendre un métier pour me prendre en charge, ainsi que mon bébé », déclare-t-elle.

Nancy n'ira plus à l'école car elle vient seulement d'obtenir son CEPE (Certificat d'études primaires et élémentaires) et de réussir le concours d'entrée au collège alors qu'à son âge, les jeunes sont déjà au lycée. Elle veut se lancer dans le commerce.

Arrivée à Bandoye, son village natal situé à 26 km de la frontière et à 10 km de Bambama, elle est étonnée par ce qu'elle découvre après les années d'exil. « Bandoye a beaucoup changé. Il y a beaucoup plus de maisons et je ne connais aucun habitant. Tous les membres de notre famille étaient réfugiés à Boumango au Gabon ».

Le père de Nancy, qui avait décidé du retour au pays de toute sa famille, déclare : « Maintenant tout le monde est rentré. Certes notre maison n'a plus de toiture mais nous avons reçu des bâches et avec le matériel local (paille et blanche), je suis un paysan artisan, je saurai refaire ma vie même s'il faut repartir à zéro ».

Depuis 2002, 2 050 réfugiés congolais sont déjà rentrés volontairement en République du Congo avec l'aide de l'UNHCR. Il reste encore 2 200 demandeurs d'asile et 7 400 réfugiés congolais au Gabon.

Le Congo-Brazzaville a traversé trois guerres civiles dans les années 90, et des milliers de réfugiés congolais sont arrivés majoritairement au Gabon entre juin et septembre 1999.

Par Flore Mireille Mabika Bampoutou à Brazzaville