Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Après 10 ans de séparation, les retrouvailles d'un couple afghan au Chili

Articles et reportages

Après 10 ans de séparation, les retrouvailles d'un couple afghan au Chili

Réunis au Chili après dix ans de séparation et nombre d'obstacles, un couple afghan regarde la nouvelle année avec optimisme, maintenant qu'ils sont installés dans leur pays d'adoption.
30 Décembre 2005 Egalement disponible ici :
Les réfugiés réinstallés au Chili apprécient de flâner dans les rues ensoleillées de Santiago. Ils ont aussi le droit de travailler ou de recevoir une formation dans le cadre du programme de réinstallation.

SANTIAGO, 30 décembre (UNHCR) - Hassan et Marzia se préparent pour aller passer une soirée particulière pour le Nouvel An, ensemble pour la première fois depuis dix ans de séparation. Pour ce jeune couple afghan, réuni au Chili en août, la nouvelle année arrive au milieu de leur seconde lune de miel.

Ils se sont mariés en Afghanistan quand Hassan avait 18 ans et Marzia, 14 ans. C'était seulement quelques mois avant qu'Hassan n'ait eu à fuir vers l'Azerbaïdjan pour échapper à la persécution dans sa patrie. Ils avaient prévu de se retrouver, mais cela ne s'est jamais passé. La situation en Afghanistan a empiré et Hassan a perdu le contact avec Marzia et sa famille.

En Azerbaïdjan, Hassan a enduré de nombreux problèmes et quand il a découvert, par le biais de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, que la réinstallation au Chili était possible, il a décidé de tenter sa chance pour un nouveau départ. Il est arrivé à Santiago en mars 2003 avec trois autres Afghans, un Iraqien et un réfugié iranien.

Hassan n'a jamais abandonné la recherche de sa femme, mais a souvent désespéré de ses chances de la retrouver depuis l'Amérique du Sud. Il est encore ému aujourd'hui en se rappelant la première piste qu'il a trouvée depuis Santiago.

« Depuis des années, je n'avais plus aucune nouvelle d'elle, alors qu'elle me recherchait aussi de son côté », raconte-t-il. « Un jour, quelqu'un m'a parlé d'une famille au Pakistan qui recherchait une personne de mon nom. C'était la famille de Marzia. »

Un appel téléphonique a confirmé ce qui semblait être trop beau pour être vrai. Dès lors, le temps a semblé sans fin jusqu'à ce qu'ils se retrouvent. Pendant que l'UNHCR menait la procédure administrative pour la réunion du couple, Hassan a fait tout ce qu'il a pu pour s'établir au sein de la société chilienne. Il a appris l'espagnol, qu'il parle maintenant couramment, s'est fait des amis chiliens et a travaillé dans un magasin de tapis appartenant à deux autres Afghans, l'un d'entre eux étant un réfugié.

Bien conscient des changements que le temps aurait pu apporter, Hassan a vécu un enthousiasme mêlé d'anxiété au fur et à mesure que leurs retrouvailles se rapprochaient. Le jour de l'arrivée tant attendue de la « mariée », il a presque fait une crise de nerfs. Aimerait-elle la maison de location où ils allaient habiter ? S'adapterait-elle à la vie dans une société si différente ? Serait-elle heureuse ? Et il a encore subi quelques désagréments de toute dernière minute : un retard de deux heures ainsi que la perte des bagages de Marzia après son arrivée tant attendue à Santiago.

Les quelques premières semaines ont été émotionnellement difficiles. La famille de Marzia lui manquait, elle pleurait souvent et mangeait peu. Mais cela n'a pas ébranlé l'optimisme d'Hassan. Marzia a alors commencé à s'adapter à la vie au Chili. Elle participe régulièrement à des cours d'espagnol et elle commence même à dire quelques phrases dans cette langue. Son histoire a été racontée sur une des grandes chaînes de télévision et elle est reçue chaleureusement où qu'elle aille. « Je n'arrive toujours pas à croire que nous sommes vivons à nouveau ensemble », dit-elle. « Je me sens un peu mieux chaque jour et je suis très heureuse d'être ici. »

Tout comme Hassan et Marzia, au cours des six dernières années, plus de 100 réfugiés ont trouvé une nouvelle maison et obtenu une seconde chance au Chili. Alors que les premiers arrivants venaient d'Ex-Yougoslavie, d'Iraq et d'Afghanistan, depuis quelques années la majorité vient de Colombie. Tous ont d'abord fui vers d'autres pays, où ils ont continué à subir des menaces ou rencontrer des obstacles sérieux à leur intégration.

Le programme de réinstallation chilien, le premier d'Amérique du Sud, a débuté en 1999 avec l'arrivée de 27 réfugiés d'Ex-Yougoslavie, suite à l'accord signé entre le gouvernement du Chili et l'UNHCR. Cette première expérience a rencontré certaines difficultés, principalement dues au fait que les réfugiés étaient insuffisamment préparés à faire face aux défis économiques qu'ils allaient rencontrer au Chili.

Le découragement ressenti par les réfugiés au cours de leurs premiers mois passés au Chili s'est transmis à ceux qui avaient oeuvré pour les faire venir - le gouvernement chilien, l'UNHCR et son partenaire local, le Vicarías de Pastoral Social. Les leçons tirées de cette expérience ont été incorporées dans le programme de réinstallation, la plus importante d'entre elles tenant à l'importance de fournir aux réfugiés le plus d'informations possibles sur le Chili avant leur arrivée dans ce pays.

« Le programme a évolué de différentes manières », indique Marta Gonzalez, la personne chargée de coordonner le programme de Vicaria pour les réfugiés. « Avec le gouvernement et l'UNHCR, nous avons produit une petite vidéo montrant la vie au Chili et incluant les récits de réfugiés déjà installés sur place. Cela a vraiment aidé les nouveaux arrivants. Il est essentiel qu'ils comprennent que ça ne sera pas facile, tout particulièrement les premiers mois. »

Les nouveaux arrivants reçoivent désormais des informations sur le marché du travail, un soutien dans leur recherche d'emploi et, en fonction de leurs besoins, une formation et des petits prêts de la part de l'UNHCR et de Vicaria. Marta Gonzalez est convaincue que cette approche a permis d'accélérer l'entrée des réfugiés sur le marché du travail. Actuellement quatre vingt pour cent des réfugiés réinstallés travaillent dans des domaines aussi variés que le commerce de détail, la vente d'assurances ou la conduite de camions. Certains ont même créé un cybercafé.

Récemment, le gouvernement chilien a entrepris une nouvelle série de démarches qui témoignent de son engagement pour la réinstallation - par ailleurs une priorité du Plan d'Action de Mexico établi l'an passé entre les pays d'Amérique latine et l'UNHCR. Parmi les démarches, figure la création, au mois d'avril, d'une section sur l'asile et la réinstallation au Ministère de l'intérieur, sous la direction de Gabriela Saavedra.

Celle-ci explique que le programme de réinstallation est la preuve concrète de l'engagement pris par le Chili afin d'accroître sa responsabilité à l'égard des réfugiés au-delà de la Convention de 1951, qu'il a ratifiée en 1972.

« Les réfugiés n'ayant pas pu reconstruire leur vie dans leur premier pays d'asile ont désormais la possibilité de vivre en paix dans notre pays », dit-elle. « Ils peuvent obtenir des documents d'identité et un visa leur permettant de demander la nationalité. Comme les Chiliens, ils peuvent chercher du travail et un endroit pour vivre et envoyer leurs enfants à l'école. »

Le gouvernement vient de donner son accord pour la réinstallation d'un nouveau groupe de 18 réfugiés colombiens, dont l'arrivée est prévue pour le début 2006. Entre temps, Hassan et Marzia célébreront la nouvelle année dans leur pays d'adoption, portant un regard confiant vers l'avenir.

Par Fabiola Aburto à Santiago, et Nazli Zaki à Buenos Aires