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Nouveau départ pour des Colombiens réfugiés au Brésil

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Nouveau départ pour des Colombiens réfugiés au Brésil

Le Brésil a accueilli plus de 100 réfugiés colombiens ces deux dernières années dans le cadre d'un programme de réinstallation. Parmi diverses assistances, les réfugiés réinstallés peuvent retourner à l'école, apprendre le portugais, bénéficier de formation professionnelle, d'une aide au retour à l'emploi et de projets de micro-crédit pour les aider à monter une entreprise.
11 Mars 2005 Egalement disponible ici :
Réinstallée au Brésil, cette femme réfugiée, mère de famille, vient d'acheter une maison.

RIO GRANDE, Brésil, 11 mars (UNHCR) - Mariana aura 11 ans ce mois-ci. A son âge, la plupart des filles ont hâte de devenir adulte. Mais Mariana a connu trop tôt la vie adulte. Aujourd'hui réinstallée dans un autre pays, elle peut enfin redevenir une enfant.

Depuis la mort de sa mère il y a trois ans dans le conflit colombien, Mariana s'occupe de ses quatre frères et soeurs, de la cuisine et du ménage. L'an dernier, les cinq enfants et leur père Enrique (ce n'est pas son vrai nom) ont quitté leur camp de réfugiés en Equateur pour se réinstaller à Rio Grande Do Norte, dans le nord du Brésil. Cette année, pour la première fois depuis la disparition de sa mère, Mariana se fait une joie de retourner à l'école, d'apprendre et de jouer avec des camarades de son âge.

Enrique aussi peut souffler un peu. Environnementaliste autodidacte et expert en agriculture, il fournit à présent des conseils professionnels aux coopératives pour des projets agricoles d'autosuffisance, du jardin potager à la pisciculture. « Maintenant j'espère obtenir un prêt pour m'acheter une moto. Comme ça je pourrai plus rapidement me rendre d'une ferme à l'autre. »

Avec l'aide de l'UNHCR, Enrique a acheté un toit à sa famille. L'agence pour les réfugiés a versé le premier apport, et il remboursera le reste sur trois ans. « Le plus important, » précise-t-il, « c'est que mes enfants et moi sommes en sécurité ici au Brésil. »

Enrique et les siens comptent parmi les 75 réfugiés réinstallés l'an dernier au Brésil, trois fois plus qu'en 2003. Presque tous sont des Colombiens qui s'étaient réfugiés en Equateur et au Costa Rica. Ils se sont installés à Rio Grande, à São Paulo et à Porto Alegre dans le sud où l'UNHCR et ses partenaires ont mis sur pied des programmes pour les aider à s'intégrer dans cette nouvelle société.

Le Brésil accepte la réinstallation de réfugiés sur son sol depuis 2001. Bien que ce programme ne soit pas uniquement destiné aux réfugiés colombiens - les premiers à être accueillis étaient d'ailleurs des Afghans - ils en sont devenus de fait les principaux bénéficiaires. Sur les deux dernières années, le Brésil a accueilli 105 réfugiés colombiens, hommes, femmes et enfants.

Lors d'une réunion au Mexique en novembre 2004 pour la commémoration du 20ème anniversaire de la Déclaration de Carthagène, le gouvernement brésilien a proposé la création d'un programme régional de réinstallation pour les réfugiés latino-américains.

Il s'agirait d'offrir un sanctuaire aux habitants du continent chassés par les conflits et les persécutions, et d'aider les pays qui aujourd'hui accueillent les plus lourds contingents de réfugiés colombiens, à savoir l'Equateur et le Costa Rica. Cette proposition a été bien accueillie par les autres délégations et inscrite parmi les principaux points du Plan d'Action de Mexico.

Avec son nouveau programme, le Brésil souhaite aussi permettre aux femmes qui sont chefs de famille d'accéder à une vie meilleure. Il a ainsi accueilli six familles avec à leur tête une mère seule, toutes colombiennes.

Comme tous les réfugiés réinstallés dans le cadre du programme, ces femmes suivent des cours de portugais, une formation professionnelle, et sont conseillées dans la recherche d'un emploi. Elles bénéficient par ailleurs de l'assistance de l'UNHCR pour couvrir les frais de garde des jeunes enfants, afin de pouvoir aller travailler.

Fabiola, mère isolée de huit enfants, a eu longtemps du mal à les nourrir. Pendant trois ans, ses deux aînés devaient travailler pour l'aider, au lieu d'aller à l'école.

Ils sont arrivés l'an dernier à Rio Grande. Fabiola a pu acheter une maison avec l'aide de l'UNHCR et suit des cours d'artisanat dans l'espoir de vendre des objets de sa fabrication. Ses deux aînés ont repris le chemin de l'école. L'après-midi, ils apprennent la menuiserie dans un atelier.

Malgré tous les problèmes que Fabiola et les autres femmes dans son cas doivent affronter, elles s'intègrent mieux à certains égards que d'autres hommes et femmes réfugiés qui n'ont pas d'aussi lourdes responsabilités, comme par exemple des réfugiés arrivés seuls au Brésil.

Comme l'ont souligné les partenaires de l'UNHCR, certains réfugiés ont du mal à s'intégrer parce qu'ils ont des attentes irréalistes. Ils se découragent facilement et cessent de participer aux cours de langue, de formation professionnelle et autres activités essentielles pour trouver du travail.

L'UNHCR a travaillé avec ses partenaires brésiliens, ainsi que les personnels d'Equateur et du Costa Rica, pour veiller à informer autant que possible les réfugiés sur les défis qui les attendent à leur arrivée.

L'un des outils d'information utilisés est une vidéo dans laquelle des réfugiés de différents pays déjà réinstallés au Brésil font part à la caméra de leur itinéraire et de leurs expériences. Tous insistent sur l'importance de l'initiative personnelle et du désir d'acquérir de nouvelles compétences. Dans une réunion avec des employés de l'UNHCR, un réfugié arrivé en 2003 commentait : « Après avoir vu les files d'attente pour avoir un emploi, je savais un peu plus à quoi m'attendre. »

Jaime est de ceux qui se sont adaptés à leur nouvel environnement avec une belle énergie. A son arrivée au Brésil, il n'a pas tardé à découvrir l'énorme potentiel du marché de la gastronomie. L'UNHCR l'a aidé à suivre des cours de cuisine internationale, et il est aujourd'hui second chef dans l'un des plus grands hôtels de Porto Alegre.

Les autorités brésiliennes se sont déclarées prêtes à accueillir au moins 275 réfugiés en 2005. Mais le nombre de personnes réinstallées dépendra au final de la somme que l'UNHCR parviendra à collecter pour ce programme. Pour l'instant les fonds disponibles permettent de réinstaller 75 réfugiés cette année.

Un premier groupe de 18 réfugiés a officiellement été accepté lors d'une réunion en février dernier. Une fois au Brésil - aucune date n'est encore fixée pour leur arrivée - ils seront parmi les premiers à bénéficier d'un programme de micro crédit que l'UNHCR vient de reformater et qui les aidera à créer leur petite entreprise.

A l'instar d'autres réfugiés qui recommencent tout à zéro dans cette société souvent chaleureuse et généreuse, ils pourront sans doute aussi compter sur le soutien de leurs communautés d'accueil. Par le passé, les voisins et les amis que se sont fait les réfugiés au Brésil ont manifesté de mille manières leur solidarité, par exemple en les aidant à trouver un emploi ou en leur prêtant leur propre poste de télévision.

Par Thais Bessa et Luis Varese, UNHCR Brésil, et Nazli Zaki, UNHCR Argentine