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Suite au regain de tension en Casamance, des réfugiés sénégalais arrivent en Gambie

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Suite au regain de tension en Casamance, des réfugiés sénégalais arrivent en Gambie

Des réfugiés originaires de la région Casamance dans le sud du Sénégal continuent d'arriver dans les villages gambiens le long de la frontière.
1 Novembre 2006
En Gambie, dans le village de Batabutu, l'UNHCR organise une distribution de vivres pour des réfugiés sénégalais.

BATABUTU, Gambie, 1er novembre (UNHCR) - Des réfugiés originaires de la région Casamance dans le sud du Sénégal continuent d'arriver dans les villages gambiens le long de la frontière. Plus de 800 Sénégalais ont franchi la frontière entre le Sénégal et la Gambie au cours de la seule deuxième quinzaine d'octobre, portant à plus de 6 200 le nombre total des réfugiés sénégalais en Gambie.

En août 2006, quelque 4 500 Sénégalais avaient quitté la Casamance voisine pour, disaient-ils, fuir le déploiement de troupes régulières le long de la frontière ou pour ne pas être pris sous les feux croisés des soldats sénégalais et les combattants de l'aile radicale du Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (MFDC), un mouvement irrédentiste qui réclame l'indépendance de la province depuis près d'un quart de siècle (1982).

Si le mouvement a ralenti fin septembre, il ne s'est pas pour autant arrêté. Les arrivées se poursuivent par petits groupes ou individuellement. Dès la première vague, les agences onusiennes ainsi que les ONG présentes en Gambie se sont mobilisées pour fournir aux arrivants des vivres ainsi que les premiers soins de santé.

Il y a foule ce samedi matin 28 octobre devant le siège de la petite banque rurale de Batabutu, paisible localité située à une centaine de kilomètres à l'est de Banjul, la capitale de la Gambie. La Croix-Rouge gambienne, l'un des partenaires opérationnels de l'UNHCR, procède à la distribution de vivres aux réfugiés sénégalais.

L'atmosphère est bon enfant. Hommes, femmes et, parfois, enfants repartent avec la ration mensuelle de riz, d'huile végétale, de sucre, de sel et de « CSB », une farine à haute teneur nutritive obtenue à partir d'un mélange de maïs, de soja et de haricot. « Tout se déroule dans le calme et la discipline », souligne Famara Jatin, responsable de la police pour la région de Sibanor, dont relève Batabutu.

Au point de distribution de vivres de Batabutu, Moussa raconte les conditions de son départ précipité, en août : « Ma femme et moi avons été obligés d'abandonner notre petite propriété, dans la région de Bignona, pour échapper aux balles perdues. Les escarmouches entre soldats sénégalais et combattants du MFDC étaient alors fréquentes ... »

Aladji Badji, un réfugié sénégalais vivant à Kaimo Karanai, autre village de la région de Sibanor, affirme lui aussi être parti à cause de « pilonnages violents entre soldats et le MFDC. »

Les réfugiés sénégalais sont installés dans 46 villages gambiens de la région de Sibanor. Ils ne vivent pas dans des camps, mais sont généreusement accueillis chez l'habitant.

« Même par temps de paix, les gens vont et viennent dans cette région », explique la représentante régionale de l'UNHCR, Roseline Idowu. « Certains élèves sénégalais vont à l'école en Gambie et vice-versa. Et, à la veille d'accoucher, beaucoup de femmes casamançaises prennent le chemin de la Gambie. » Les populations riveraines appartiennent en effet à la même communauté culturelle et linguistique, les Diolas.

Jeunes pour la plupart, les réfugiés sont dans leur grande majorité des paysans. Un peu plus de la moitié d'entre eux (52 pour cent) sont des femmes. Les enfants de moins de 5 ans constituent 20 pour cent de l'ensemble, contre huit pour cent pour les plus de 60 ans.

Outre la coordination de l'assistance aux réfugiés, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a fait distribuer récemment un millier de couvertures, autant de matelas, de jerrycans, des ustensiles de cuisine et plus de 15 000 pains de savon. « Au cours des distributions, nous n'oublions pas les populations gambiennes qui ont généreusement hébergé les réfugiés », confie Akali Hemaraj, du bureau de l'UNHCR à Banjul.

L'agence de protection des réfugiés a passé un accord de trois mois (d'octobre à décembre 2006) avec la Croix-Rouge gambienne, qui assure la distribution de ces équipements mais aussi des vivres fournis par le Programme alimentaire mondial.

L'UNHCR s'occupe également de questions de santé concernant les réfugiés, notamment en coopération avec les structures médicales de la région de Sibanor.

La Gambie étant un pays anglophone, ceux de Bulock, autre village de la région de Sibanor, ont ainsi mis un point d'honneur à faire venir un instituteur du Sénégal, pour la scolarisation en français de leurs enfants et pour montrer que leur présence dans la région de Sibanor est temporaire.

Par Francis Kpatindé