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De Mogadiscio à Budapest, une réfugiée en quête de citoyenneté

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De Mogadiscio à Budapest, une réfugiée en quête de citoyenneté

Une réfugiée, hongroise par son père et somalienne par sa mère, commence une nouvelle vie et fait connaissance d'une partie de sa famille paternelle, dans le sud de la Hongrie, après un voyage mouvementé vers la liberté.
10 Juillet 2008 Egalement disponible ici :
Samira achète des vêtements dans sa nouvelle patrie.

BUDAPEST, Hongrie, 10 juillet (UNHCR) - Samira Németh s'adapte remarquablement bien en Hongrie au regard du traumatisme et des souffrances que cette jeune fille de 18 ans a endurés dans son pays d'origine, la Somalie, avant d'arriver à Budapest.

La jeune femme a aussi rencontré pour la première fois une partie de sa famille paternelle, depuis qu'elle a été réinstallée le mois dernier avec l'aide de l'UNHCR dans le pays de son père, un ressortissant hongrois qui avait vécu en Somalie jusqu'à ce qu'il soit tué par balles à Mogadiscio en 2005.

D'autres bonnes nouvelles se profilent aussi à l'horizon ; le reste de sa famille - sa mère Herera, ses quatre frères et soeurs en Somalie et un frère au Kenya - pourraient être autorisés à venir en Hongrie pour rejoindre Samira et son frère Sandor qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps.

La Somalie est un pays instable depuis la chute du régime de Siad Barre en 1991, mais Samira n'avait jamais pensé à partir avant la mort de son père, Lajos Németh, et de trois de ses autres enfants durant une attaque en 2005.

Même à ce moment-là, elle avait décidé de rester à Mogadiscio - alors que la situation sécuritaire se détériorait dans la capitale somalienne en 2006 et 2007 - poussant alors des dizaines de milliers de personnes à fuir. Elle espérait le retour de ses proches ayant fui après la mort des membres de la famille.

« Je n'ai jamais perdu l'espoir de revoir mes frères, mes soeurs et ma mère », s'est rappelée Samira, qui avait continué à aller à l'école et qui était hébergée par un voisin. « Mais finalement, la personne qui s'occupait de moi m'a dit que ma seule chance de rester en vie serait de fuir vers le Kenya et de rechercher l'asile à Dadaab.

En janvier, elle a suivi ce conseil et elle a traversé la frontière vers le nord-est du Kenya, où elle a trouvé abri en tant que réfugiée dans les camps tentaculaires de Dadaab, qui hébergent plus de 190 000 réfugiés somaliens. Mais ce n'était pas la fin de ses problèmes.

Samira s'est retrouvée confrontée à la malveillance d'un Somalien bien plus âgé qu'elle, qui voulait se marier avec elle pour réussir à entrer en Europe. Sa double origine lui a valu des problèmes à Dadaab.

« Ma peau est plus claire et j'ai toujours été différente. Les autres enfants se sont toujours moqués de moi, mais j'ai supporté ces railleries tant que j'avais ma famille avec moi », a-t-elle dit, en ajoutant : « A Dadaab, j'ai décidé de ne pas aller à l'école pour ne pas faire l'objet des regards. »

Ironiquement, cela a joué en sa faveur car un employé de l'UNHCR, ayant remarqué son absence de l'école, en a alors discuté avec elle. Très vite, son histoire a été connue et l'UNHCR, alors en possession du document prouvant les origines de Samira, a contacté les autorités hongroises.

Son dossier a rapidement suivi la procédure. Le 18 juin, avec l'aide de l'UNHCR et de l'organisation hongroise non gouvernementale Baptist Aid, Samira est arrivée à Budapest depuis Nairobi avec son nouveau passeport hongrois. Elle n'était pas au bout de ses surprises.

Les Hongrois avaient découvert que son frère plus âgé, Sándor, qui avait disparu de sa vie des années auparavant, habitait en Hongrie, alors que l'oncle et la tante paternels de Samira étaient encore vivants et habitaient dans un village près de la ville de Pécs, dans le sud du pays.

Sándor était arrivé en Hongrie quelques mois avant, avec un groupe de demandeurs d'asile somaliens, et il habitait dans un centre de réception de réfugiés. Il a rapidement pu retrouver sa soeur qu'il n'avait pas vue depuis sept ans, alors que leur oncle et leur tante avaient accepté de les héberger dans une nouvelle maison.

Samira arrive finalement à avoir des activités, que des jeunes de son âge considèrent comme acquises dans de nombreux pays à travers le monde, comme aller faire des courses sans être accompagnée et sans éprouver la peur d'être attaquée.

Bientôt, elle pourrait avoir encore une nouvelle raison d'être heureuse. Bela, un autre de ses frères dont elle n'avait pas plus de nouvelles, a refait surface à Dadaab récemment, alors que sa mère était contactée par téléphone. Elle habite près de Mogadiscio avec ses quatre plus jeunes enfants.

« L'UNHCR aide les autorités hongroises et kényanes pour en savoir plus sur les intentions et les possibilités pour les membres de la famille Németh au Kenya et en Somalie », a révélé Lloyd Dakin, le délégué régional de l'UNHCR basé à Budapest. « Si tout va bien, Budapest pourrait bientôt fêter l'arrivée de six nouveaux citoyens. »

Pendant ce temps, Samira se repose auprès de ses proches qui lui prodiguent amour et attention. « Quand j'ai quitté la Somalie, je n'espérais pas même continuer à vivre ni revoir aucun des membres de ma famille. Maintenant, je suis en Hongrie avec mon frère, ma tante, mon oncle et mes cousins. Je sens que je retrouve la vie que j'avais perdue. »

Elle ne pourra jamais ramener à la vie son père et ses trois frères et soeurs qui ont été massacrés, mais elle a maintenant la vie devant elle.

Par Andrea Szobolits à Budapest, Hongrie