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L'avenir des réfugiés iraquiens s'assombrit de jour en jour

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L'avenir des réfugiés iraquiens s'assombrit de jour en jour

Sept ans après le début de la guerre en Iraq, l'avenir reste incertain pour des centaines de milliers de réfugiés iraquiens.
30 Mars 2010 Egalement disponible ici :
Dans le nord de l'Iraq, cette femme et sa fille sont des déplacés internes, tout comme des centaines de milliers d'autres civils iraquiens sept ans après le début du conflit.

BEYROUTH, Liban, 30 mars (HCR) - Sept ans après le début de la guerre en Iraq, l'avenir reste incertain pour des centaines de milliers de réfugiés iraquiens. Alors qu'une grande partie du monde se désintéresse de leur sort, le HCR lance une mise en garde sur l'accroissement de leurs besoins ; les combler prendra des années.

La plupart des réfugiés iraquiens ne voient pas de solution immédiate à leurs difficultés. Par ailleurs, ils sont convaincus que les conditions de sécurité ne sont pas réunies pour un retour dans leur pays d'origine. Bien que les conditions en Iraq se soient améliorées ces deux dernières années, la situation reste fragile. Ces derniers mois, le nombre des retours a été largement compensé par de nouveaux départs depuis l'Iraq.

L'intégration locale ne peut constituer une solution pour les réfugiés iraquiens vivant dans des pays d'accueil, et ce sans aucun statut juridique. La plupart ont épuisé leurs économies et leurs conditions de vie se détériorent. Si l'exode venait à reprendre, les pays d'accueil - dotés de ressources limitées et confrontés à une diminution du soutien financier international - pourraient fermer leurs portes aux demandeurs d'asile iraquiens.

« Sept ans ont passé depuis le début du conflit en Iraq en mars 2003 et des centaines de milliers d'Iraquiens vivent toujours dans l'incertitude sur leur avenir et leurs perspectives de retour », a déclaré Renata Dubini, déléguée du HCR en Syrie. L'agence a enregistré quelque 300 000 réfugiés iraquiens qui se sont adressés aux bureaux du HCR dans les pays voisins de l'Iraq, alors que les estimations gouvernementales sont beaucoup plus élevées.

« L'exil prolongé peut avoir un impact profond sur la dignité et l'estime de soi. Avec peu d'épargne voire des ressources épuisées, de nombreux réfugiés ont recours à des mécanismes d'adaptation négatifs pour survivre. Des problèmes comme l'abandon scolaire, le travail des enfants, la violence domestique, la traite et l'exploitation d'êtres humains sont en augmentation. Ils sont tous difficiles à surveiller et à détecter. »

Le HCR cherche 510 millions de dollars pour financer des programmes d'assistance et de protection pour les Iraquiens à l'intérieur même de l'Iraq ainsi que dans les pays hôtes cette année. La plus importante population réfugiée iraquienne se trouve en Syrie, avec quelque 220 000 réfugiés enregistrés auprès du HCR. Un autre groupe de 47 000 réfugiés a par ailleurs été enregistré par le HCR en Jordanie, alors que le Liban accueille 10 000 réfugiés enregistrés.

« Au fil des années, nous avons réalisé des progrès considérables au niveau de la fourniture d'une assistance de qualité et du maintien de l'espace de protection pour les Iraquiens en Syrie », a déclaré Renata Dubini. « Toutefois, leur vulnérabilité s'accroît, à un moment où le monde se désintéresse des réfugiés iraquiens. Nous comptons sur le soutien continu de la communauté internationale et des gouvernements des pays hôtes pour prendre en charge les centaines de milliers de personnes ayant toujours besoin de notre aide. »

Les Iraquiens fuyant vers la Jordanie, la Syrie, le Liban, l'Egypte et d'autres Etats sont généralement démunis et ils ont besoin de soins médicaux, d'éducation, d'une aide financière et de protection. La Jordanie, la Syrie et le Liban ne sont pas signataires de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés qui définit les droits et les obligations des réfugiés ainsi que ceux des pays hôtes. Etant donné que ces États accueillent la majorité des réfugiés iraquiens, ceux-ci y vivent sans permis de résidence et risquent la détention, l'exploitation ou l'expulsion.

Les réfugiés ne peuvent pas travailler légalement et ils ont été récemment confrontés à des hausses de prix pour le loyer, la nourriture et le carburant dans les pays hôtes. Le HCR travaille à en réduire l'impact et tente de lutter contre la perte de domicile, le travail des enfants, les abandons scolaires et le mariage précoce. Le nombre de réfugiés ayant des besoins spécifiques est en hausse. L'aide financière reste essentielle pour les familles, tout spécialement les plus vulnérables d'entre elles.

Le HCR en Syrie a identifié quelque 85 000 réfugiés iraquiens ayant des besoins spécifiques, y compris 10 549 femmes vulnérables. En Jordanie, le HCR assiste plus de 11 000 réfugiés iraquiens ayant besoin d'une assistance et d'une protection spécifiques. Au Liban, plus de 1 600 Iraquiens sont particulièrement vulnérables.

Le HCR met actuellement en oeuvre un programme de réinstallation de réfugiés iraquiens qui sont dans l'incapacité de retourner un jour en Iraq ou alors trop vulnérables pour rester dans leur pays hôte actuel. Le personnel du HCR a déjà interrogé et présenté les dossiers de plus 93 000 Iraquiens pour une réinstallation, dont 66 000 aux États-Unis. Les différents pays de réinstallation examinent ensuite le dossier des personnes recommandées. Plus de 40 000 réfugiés iraquiens ont déjà commencé une nouvelle vie dans des pays tiers.

Les autres réfugiés attendent dans les pays d'accueil et ils observent l'évolution de la situation en Iraq. A l'intérieur de l'Iraq, le HCR tente de surveiller les rapatriés, qui sont en nombre relativement faible. Le HCR espère également améliorer les conditions pour permettre à des Iraquiens déplacés au sein même de leur pays - dont le nombre total s'élève à 1,7 million - de rentrer chez eux. Le HCR a augmenté de 50 pour cent son personnel en Iraq en 2009 pour atteindre un effectif de 150 employés présents à travers tout le pays.

Plus de 2 000 Iraquiens rentreraient chaque mois en Iraq. Toutefois, le HCR estime que les conditions ne sont pas encore réunies pour un retour durable et à grande échelle des réfugiés iraquiens dans des conditions de dignité et de sécurité. Le HCR aidera les personnes qui souhaitent rentrer, mais n'encourage pas le retour en Iraq.

L'Iraq est arrivé à une étape critique dans son développement politique après les élections nationales survenues début mars. Le retrait des troupes américaines est par ailleurs prévu avant la fin 2011. Le HCR reste préoccupé par le besoin pour la communauté internationale de maintenir un soutien aux Iraquiens déracinés tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Le désintérêt des médias pour les réfugiés iraquiens n'est pas synonyme de diminution de l'ampleur du problème.

Par Wafa Amr à Beyrouth, Liban