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Les réfugiés afghans contribuent à l'économie pakistanaise

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Les réfugiés afghans contribuent à l'économie pakistanaise

Les réfugiés afghans ont travaillé dans presque tous les secteurs de l'économie pakistanaise ces 30 dernières années. Un rapport du HCR passe en revue leur contribution.
10 Janvier 2011 Egalement disponible ici :
Un jeune chiffonnier squatte près d'un tas d'ordures dans un centre de tri des déchets à Karachi.

KARACHI, Pakistan, 10 janvier (HCR) - Marjan réfute l'idée fausse selon laquelle les réfugiés afghans sont une charge pour l'économie pakistanaise. Cette mère de cinq enfants travaille du matin au soir dans une décharge située dans une banlieue de Karachi, triant le papier et les sacs en plastique qui peuvent être recyclés.

« L'odeur est insoutenable et c'est un travail très sale, mais je n'ai aucune autre alternative », a-t-elle indiqué, ajoutant : « Cette décharge me permet de gagner suffisamment pour subvenir aux besoins de ma famille. » La réfugiée, qui a fui la province montagneuse du Badakhstan au nord-est de l'Afghanistan il y a 11 ans, gagne 250 roupies pakistanaises (trois dollars) que lui verse le propriétaire du centre de tri des ordures, lui aussi un réfugié afghan.

Elle travaille dans la décharge au côté de 100 autres réfugiés afghans, mais Marjan et sa cousine, Husna, sont les seules femmes. Elles font partie des centaines de milliers de réfugiés afghans qui ont travaillé dans presque tous les secteurs de l'économie pakistanaise depuis les premières arrivées dans ce pays à la fin des années 70.

Toutefois, les données officielles insuffisantes signifient que la contribution économique des travailleurs et hommes d'affaires a toujours été négligée. Pour combler cette lacune, le HCR a récemment lancé une étude pour mieux quantifier la participation des Afghans à l'économie pakistanaise et évaluer leur contribution.

L'étude sur « la contribution des citoyens afghans à l'économie pakistanaise » est pilotée à Karachi et dans cinq autres districts - Peshawar, Harripur, Quetta, Islamabad et Attock. Elle sera étendue à d'autres régions du pays dans les mois à venir. Elle est conduite parallèlement à une autre étude visant à établir le profil des populations, à les vérifier et à intervenir auprès d'elles (Population, Profiling and Verification Response, PPVR), qui recueillera des informations sur les besoins spécifiques et la situation des Afghans au Pakistan, y compris leurs moyens de subsistance, leur situation sociale et leurs problèmes juridiques.

Cette étude économique examinera attentivement le cas des réfugiés travaillant dans le recyclage des déchets ainsi qu'un large éventail d'autres métiers dans un pays où voir des Afghans, jeunes et moins jeunes, travailler dans l'industrie des déchets est commun dans toutes les villes.

Haji Sharif, propriétaire du centre de tri des ordures où travaille Marjan, estime que des dizaines de milliers de réfugiés afghans sont employés dans la collecte, le tri et le recyclage des ordures à Karachi, la ville pakistanaise la plus importante et la capitale économique du pays.

« De jeunes Afghans viennent à Karachi depuis d'autres villes, grandes et moyennes, et envoient régulièrement de l'argent à leur famille [dans d'autres régions du Pakistan] pour les aider », a expliqué Haji Sharif, qui est réfugié afghan et dont l'entreprise a un chiffre d'affaires mensuel allant de 25 000 à 30 000 roupies.

Certains sont en charge de la collecte des déchets recyclables dans les rues ou dans l'une des nombreuses déchetteries de la ville. Ils sont payés par des chefs d'entreprise comme Sharif, soit à la journée, soit au poids, pour les déchets collectés.

Les déchets sont ensuite triés et envoyés à des usines ou des ateliers qui sont spécialisés dans le recyclage du métal, du papier, du caoutchouc, du verre et du plastique. Certains des produits recyclés, comme le plastique, sont envoyés à l'étranger.

« Ici, tout a une valeur si on sait ce qu'on peut en faire », a souligné Haji Sharif. « Nous collectons les ordures et nous en extrayons ce qui a de la valeur. Après que les ordures aient été recyclées, elles valent leur poids en or », a-t-il ajouté.

Même si cette affirmation est légèrement exagérée, Marjan et d'autres chiffonniers comme Ghausudin, âgé de 50 ans et originaire du nord de l'Afghanistan, en conviennent également. « Ces ordures sont mon gagne-pain », a indiqué Ghausudin, « je crée quelque chose qui a de la valeur avec des produits jetés à la poubelle par les autres. »

Le Pakistan accueille environ 1,6 million d'Afghans réfugiés enregistrés, y compris 80 000 à Karachi. Environ sept pour cent d'entre eux gagnent leur vie en tant qu'employés journaliers dans un large éventail d'industries, selon les statistiques gouvernementales datant de 2006-2007.

Par Duniya Aslam Khan à Karachi, Pakistan