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Regroupement familial en Argentine pour un réfugié sénégalais

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Regroupement familial en Argentine pour un réfugié sénégalais

La joie est revenue dans la vie de Sané quand lui et sa femme ont retrouvé leur deux aînés après plus de dix ans de séparation.
2 Novembre 2011 Egalement disponible ici :
Sané et deux de ses enfants attendent l'arrivée de Demba et Adama.

BUENOS AIRES, Argentine, 2 novembre (HCR) - Lors d'une fraîche soirée cette année à Buenos Aires, la joie a réapparu dans la vie de Sané quand lui et sa femme ont retrouvé leurs deux aînés après plus de 10 ans de séparation.

Aujourd'hui, ce réfugié de 43 ans, originaire du Sénégal, refait connaissance avec Demba, 15 ans, et Adama, 12 ans, qui ont passé la majorité de leur enfance sans leurs parents. Séparés du fait de la persécution, ils ont finalement retrouvé leur famille et vont construire leur avenir dans un nouveau pays.

Demba et Adama découvrent également la vie avec trois autres frères et soeurs, après avoir rencontré Isa, neuf ans, Ali, six ans et Marlène, âgée de trois ans, pour la première fois à leur arrivée fin août à l'aéroport international Ezeiza. Et ils n'avaient que quelques lointains souvenirs de leurs parents.

Les deux adolescents sont nés au Sénégal juste avant l'an 2000. Mais la Casamance, leur région natale, a été secouée par un conflit séparatiste larvé depuis 1990. Sané craignait pour sa sécurité et il a déménagé de ville en ville avant de fuir vers l'Argentine en 1998.

Sané a laissé derrière lui sa femme Marie et leurs deux enfants, Demba et Adama. « C'était impossible de les faire venir avec moi. C'était très douloureux, mais je n'avais pas le choix », se rappelle-t-il. En 2001, il a pu payer le billet d'avion à Marie pour qu'elle le rejoigne. Mais il n'avait pas les moyens de faire venir les enfants, qui ont été confiés à leur grand-mère.

En Argentine, le couple a obtenu le statut de réfugié et a commencé une nouvelle vie. Les débuts n'ont pas été faciles. Ils devaient apprendre une nouvelle langue et la culture d'un nouveau pays. Marie est tombée enceinte d'Isa peu après son arrivée et, alors que la famille grandissait, il devenait de plus en plus difficile de joindre les deux bouts.

Sané attendait avec impatience de faire venir Demba et Adame, mais il préférait que sa situation économique se stabilise pour offrir aux enfants une vie décente dans une grande maison. Puis il a trouvé un travail dans une entreprise de papier et il a contacté le HCR pour un regroupement familial.

Avec les autorités, y compris le Ministère des affaires étrangères, la Direction pour les migrations et la Commission nationale pour les réfugiés ainsi que le CICR (Comité international pour la Croix-Rouge) et l'OIM (Organisation internationale pour les migrations), le HCR a aidé à organiser le voyage des deux enfants pour qu'ils puissent rejoindre leurs parents en Argentine.

Un vol transatlantique depuis Dakar via Madrid les a transportés au milieu de l'hiver, un soir du mois d'août dernier, vers l'aéroport très fréquenté de Buenos Aires, où Sané et sa femme, portant tous deux des vêtements élégants, attendaient avec anxiété dans la zone stérile du terminal alors qu'Isa, Ali et Marlene jouaient avec enthousiasme dans la zone des arrivées, insensibles à la gravité du moment.

Enfin, ils ont repéré deux passagers bien particuliers, qui transportaient quelques affaires dans un bagage à main et qui semblaient en bonne forme malgré le long voyage.

Des larmes et des embrassades ont suivi alors que les émotions réprimées depuis dix ans se faisaient jour. « Notre rêve est devenu réalité. Les mots me manquent pour partager le bonheur que je ressens maintenant », a indiqué le père, rempli de fierté et de joie.

Le regroupement familial a commencé à l'aéroport et s'est continué au retour à la maison à Quilmes, à environ 20 kilomètres de Buenos Aires. Rayonnant, Sané a préparé pour ses chers enfants un repas de bienvenue, un yassa au poisson (un plat typique de riz et de poisson), ajoutant que c'est encore « plus nourrissant et meilleur marché qu'une pizza. » Enfin, ils peuvent regarder tous ensemble vers l'avenir.

Par Ana Lía Conde et Virginia Pico à Buenos Aires, Argentine