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Le HCR forme des soldats maliens au droit humanitaire

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Le HCR forme des soldats maliens au droit humanitaire

Des instructeurs forment les soldats à faire la différence entre des combattants et des civils et à protéger les déplacés, les enfants et le personnel humanitaire.
29 Avril 2013 Egalement disponible ici :
Pierre Jacques, employé du HCR en charge de la protection, écoute une question posée par l'un des soldats participant à une formation sur les droit humains à la base militaire de Koulikoro.

KOULIKORO, Mali (HCR) - L'instructeur pose une question devant 150 soldats maliens dans une vaste salle de classe. « Si l'ennemi entre dans une mosquée, le suivez-vous à l'intérieur pour le combattre ? » demande-t-il. « Non, » répondent les soldats tous ensemble, avec des signes de la tête et du doigt.

« Si l'ennemi se rend et dépose son arme, avez-vous le droit de l'attaquer ? », demande l'instructeur. « Non, » répondent à nouveau les soldats en coeur.

La formation s'est récemment déroulée un samedi matin, sous une chaleur torride, à la base militaire de Koulikoro au sud du Mali. C'était l'un des six séminaires prévus sur la question des droits de l'homme et le droit humanitaire international qui sont financés par l'Union européenne, le HCR, OCHA (Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires) et d'autres organisations.

Les cours ont été conçus pour informer des soldats du contingent malien de la différence entre des combattants et des civils ; de la protection à assurer aux travailleurs humanitaires, aux enfants, aux réfugiés, aux personnes déplacées et à de hauts représentants de l'administration ; ainsi que de l'interdiction de prendre des personnes en otage, d'utiliser la torture, de tirer des coups de feu arbitraires ou d'effectuer des pillages.

Ce samedi, le HCR a formé au total 600 soldats maliens durant quatre sessions successives d'une heure, chaque classe comptant quelque 150 hommes. Les classes sur les droits humains font partie de l'entrainement au combat mené par l'Union européenne à Kouliboro, qui est situé à 60 kilomètres à l'ouest de Bamako, la capitale malienne. Le programme concerne 3 000 hommes, qui seront tous déployés dans le nord du pays.

Les cours spécifiques sur la question des droits de l'homme ont été requis par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en décembre qui a autorisé le déploiement d'une force africaine pour le maintien de la paix comptant 3 000 hommes au Mali, suite à l'intervention militaire menée par les Français qui a repoussé une attaque rebelle dans le pays. La résolution a souligné l'importance de la formation des forces militaires sur le droit humanitaire et la question des droits de l'homme.

« J'ai trouvé que les cours sont très encourageants car les soldats se montrent très réceptifs aux principes du droit humanitaire international et ils comprennent l'importance non seulement de protéger les civils, mais aussi d'agir dans la légalité envers tous les Maliens », a indiqué Pierre Jacques, employé du HCR en charge de la protection, qui a enseigné ce cours auprès des soldats.

L'armée malienne a été accusée par les Nations Unies et d'autres organisations internationales d'avoir commis des abus des droits de l'homme contre des partisans présumés des rebelles, y compris des Peuls, des Touaregs et des Arabes, depuis le lancement en janvier dernier de la contre-offensive. De hauts représentants maliens ont nié que les militaires menaient des représailles systématiques et ils ont promis d'arrêter et de juger toute personne responsable.

Les Maliens continuent de fuir des combats sporadiques se déroulant au nord du pays et ils rejoignent les pays voisins. Beaucoup disent avoir fui car ils craignent les représailles. Aujourd'hui, on compte plus de 175 000 réfugiés maliens enregistrés en Mauritanie, au Niger, au Burkina Faso et en Algérie.

Dans ce contexte, des représentants du HCR ont indiqué être particulièrement encouragés par la participation de soldats touaregs aux formations. En créant une force militaire composée de différents groupes ethniques, on espère éviter les représailles. « En tant que soldats maliens, vous n'avez pas le droit de mener des opérations de représailles », souligne Pierre Jacques.

Les participants, qui ont écouté intensément les traductions simultanées en bambara et tamasheq, ont indiqué qu'ils pourraient facilement mettre en application en situation réelle les concepts présentés lors du cours. « Il y a des personnes innocentes aux alentours des lieux de combat et cette formation a pour objectif d'éviter de tuer des innocents », explique un soldat.

Des cas pratiques ont été proposés aux soldats concernant des personnes auxquelles ils sont susceptibles de faire face, et parfois les réponses n'étaient pas évidentes. Que faire, par exemple, quand un enfant armé semble prêt à vous attaquer ?

« En tant qu'honorable soldat malien, vous devez tout faire pour neutraliser cet enfant soldat », déclare Pierre Jacques. « Mais s'il est impossible de le neutraliser, vous devez protéger votre vie par tous les moyens. »

En plus du droit international humanitaire, les séminaires abordent des sujets comme la protection des femmes et des enfants dans les conflits armés ; la coordination entre les militaires, les organisations humanitaires et les ONG ; ainsi que les droits des réfugiés et des personnes déplacées en situation de combat.

« Je sais que parfois certaines règles du droit international humanitaire peuvent sembler absurdes mais les respecter, c'est ce qui fait la différence entre vous, les soldats de l'armée malienne, et les personnes qui agissent de manière illégale et déloyale », conclut Pierre Jacques sous les applaudissements.

Par Eduardo Cue à Koulikoro, Mali