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Niveau record des déplacements forcés : il faut repenser le système mondial de financement de l'aide humanitaire

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Niveau record des déplacements forcés : il faut repenser le système mondial de financement de l'aide humanitaire

António Guterres, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, durant son allocution d'ouverture de la 65e session du Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire.
30 Septembre 2014 Egalement disponible ici :
António Guterres, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, durant son allocution d'ouverture de la 65e session du Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire.

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a alerté aujourd'hui sur le fait que le système humanitaire mondial était dangereusement mis à mal par les nouvelles crises au Moyen-Orient et en Afrique et par les conflits prolongés non résolus en Afghanistan, République démocratique du Congo, Somalie et ailleurs.

Se prêtant à un exercice d'évaluation avec une franchise inhabituelle, António Guterres a déclaré lors de la réunion annuelle du Comité exécutif du HCR à Genève que l'augmentation du financement de l'aide humanitaire dans le monde - déjà à son niveau le plus élevé jamais atteint en 2013, avec environ 22 milliards de dollars - ne suivait plus le rythme de l'augmentation des besoins, ce qui amenait à repenser de manière fondamentale tant le financement de l'action humanitaire que celui du développement.

« Outre le conflit en cours en Syrie, de nouveaux conflits en République centrafricaine, au Soudan du Sud, en Ukraine, et plus récemment en Iraq, ont causé de terribles souffrances et des déplacements massifs » a-t-il affirmé. « La communauté d'acteurs humanitaires internationaux s'est efforcée de répondre aux besoins, mais avec chaque crise, nous nous rapprochons de nos limites, et il est évident que nos actions ne suffisent plus ».

L'année 2014 a jusqu'à présent connu une augmentation continue spectaculaire des déplacements massifs liés aux guerres et aux conflits. En juin, le HCR a annoncé que le nombre de personnes déplacées de force dans le monde avait atteint 51,2 millions - un chiffre encore jamais atteint depuis la Seconde Guerre mondiale. Au cours des 12 derniers mois seulement, le HCR et ses partenaires ont répondu à cinq crises humanitaires généralisées, appelées Urgences de niveau 3 dans le système onusien. Cela a notamment nécessité le déploiement d'urgence de 670 employés, le recrutement accéléré de centaines d'autres personnes et d'importants transferts de personnel entre des opérations existantes et les nouvelles opérations.

António Guterres a rendu hommage aux nations en voie de développement et aux pays frontaliers des zones de guerre pour l'accueil et la protection qu'ils continuent d'offrir à près de neuf réfugiés sur dix dans le monde. Il a également remercié les donateurs privés et gouvernementaux pour le soutien apporté au HCR et à son action - à hauteur de 2,9 milliards de dollars en 2013. Il a indiqué que le HCR s'efforçait de renforcer sa collaboration actuelle avec ses partenaires des Nations Unies et des ONG, ainsi qu'avec les acteurs du développement.

« La situation syrienne, en particulier, souligne l'urgence d'adapter nos méthodes de travail en commun, car les besoins massifs qui en découlent dépassent les ressources, l'expertise et les capacités des acteurs humanitaires… » a-t-il déclaré, en ajoutant « J'espère que les leçons que nous tirons aujourd'hui de la crise au Moyen-Orient pourront être exploitées dans d'autres crises et permettre l'établissement plus tôt de liens entre les actions de secours et les actions de développement dans toutes les réponses aux déplacements forcés ».

António Guterres a également évoqué les progrès et les défis qui attendent le HCR pour l'année à venir : 2014 marque le soixantième anniversaire de la Convention de 1954 relative au statut des apatrides et, en novembre, le HCR prévoit de lancer une campagne mondiale pour l'élimination de l'apatridie d'ici 10 ans. Des centaines de milliers de personnes fuyant aujourd'hui par bateau - notamment pour traverser la Méditerranée, le golfe du Bengale et le golfe d'Aden -, l'amélioration de la protection en mer est aussi devenue une priorité urgente. António Guterres a déclaré qu'il fallait faire beaucoup plus pour aider la moitié des réfugiés à travers le monde qui sont âgés de moins de 18 ans. Il a également indiqué que le HCR poursuivrait ses efforts pour renforcer les mesures visant à combattre les violences sexuelles et à l'encontre des femmes, et pour obtenir un soutien plus important de la part des Etats pour trouver des foyers durables pour les réfugiés leur permettant de mieux avancer dans la vie.

« Ces dernières années, des conflits se sont déclenchés ou se sont aggravés dans beaucoup d'endroits, et ces crises deviennent de plus en plus imprévisibles et liées les unes aux autres », a poursuivi António Guterres, en ajoutant que les déplacements étaient aussi de plus en plus provoqués par des facteurs comme la croissance démographique, l'urbanisation, la pauvreté et le changement climatique.

« Très probablement, tous ces facteurs entraîneront dans les années à venir l'augmentation considérable des besoins humanitaires », a-t-il indiqué. « Cela remet clairement en question la suffisance et la durabilité des ressources disponibles pour les interventions humanitaires. Déjà aujourd'hui, avec l'augmentation exponentielle des besoins que nous avons connue ces trois dernières années, le système de financement de l'aide humanitaire est presque en faillite ».

António Guterres a exhorté les Etats membres des Nations Unies à coopérer plus étroitement pour surmonter les différences et les contradictions qui sous-tendent beaucoup de conflits dans le monde. Il a terminé son discours par une remarque personnelle : « Je continue d'être profondément choqué par l'indifférence de ceux qui sont politiquement responsables du déracinement de millions de personnes obligées de fuir leurs maisons », a-t-il déclaré. « Ils acceptent le déplacement forcé avec les graves effets sur les individus, les pays, les communautés et des régions entières, comme étant les dommages collatéraux normaux des guerres qu'ils mènent. Ils agissent en étant convaincus que les acteurs humanitaires recolleront les morceaux. Toutefois, permettez-moi d'être très clair : nous ne pouvons plus réparer les dégâts. Des actions doivent être entreprises au départ pour les empêcher ».

Le discours complet du Haut Commissaire Guterres est accessible à l'adresse http://www.unhcr.fr/542bff2c2.html