Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Le chef du HCR évoque le risque d'une « population oubliée » en Égypte

Articles et reportages

Le chef du HCR évoque le risque d'une « population oubliée » en Égypte

Filippo Grandi a rencontré des réfugiés africains, dont bon nombre sont de plus en plus vulnérables.
20 Octobre 2016 Egalement disponible ici :
Le chef du HCR s'entretient avec des réfugiés éthiopiens au Caire.

Le Caire, Égypte – Sayida vit avec le souvenir de la peur.

Son visage est baigné de larmes dans le bureau de Caritas, où elle est venue trouver secours, alors qu’elle parle de sa décision de fuir son pays pour trouver refuge à l’étranger.

C’était il y a deux ans en Éthiopie. Son mari était sorti acheter quelque chose pour la famille. Il n’est jamais revenu. Sayida pense qu’il a été arrêté. Aujourd’hui, elle pense qu’il est mort. Elle se sentait aussi en danger.

Sayida a fui au Soudan avec ses trois enfants. Elle a ensuite trouvé des passeurs qui, contre de l’argent, ont accepté de l’amener en Égypte avec ses enfants.

Ils ont marché pendant 19 jours. Ce fut un cauchemar. Son groupe a été attaqué. Ils ont dormi sur le sol froid. À la fin, ils n’avaient presque plus d’eau. Mais ils ont fini par arriver en Égypte.

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a maintenant enregistré plus de 70 000 réfugiés africains comme Sayida et ses trois enfants en Égypte. Sayida a relaté l’histoire de sa famille au Haut‑Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, Le Haut‑Commissaire s’est rendu dans les locaux de Caritas, une ONG financée par le HCR, qui offre des conseils psychosociaux et une aide aux réfugiés, le premier jour de sa visite en Égypte.

Sayida, comme d’autres réfugiés à Caritas, a expliqué à Filippo Grandi qu’elle était toujours dans une situation de vide juridique, parce qu’elle est entrée en Égypte sans visa ou tampon à la frontière. Le HCR l’a déjà enregistrée, mais elle pourrait attendre longtemps la décision sur son statut de réfugiée.

Avec 17 000 affaires en instance, la période d’attente pour les cas comme le sien est toujours de plus de 18 mois.

« Mais je suis contente que nous soyons venus », a‑t‑elle dit à Filippo Grandi. Si je pouvais, je mettrais mes enfants à l’école. Je veux leur donner un meilleur avenir. C’est tout ce que je souhaite. »

Filippo Grandi s’est entretenu avec plusieurs femmes africaines qui attendent de recevoir une aide dans les couloirs de Caritas. Les réfugiés syriens constituent les deux tiers des 190 000 réfugiés officiellement enregistrés en Égypte, mais le nombre de réfugiés arrivant des pays africains a grimpé en flèche, atteignant presque 12 500 au cours des neuf premiers mois de 2016.

Le Haut-Commissaire a déclaré qu’il a choisi de s’arrêter d’abord à Caritas pour attirer l’attention sur ces personnes négligées. « Le risque ici est qu’on ait une population oubliée » a‑t‑il mis en garde.

« Les ressources ici sont rares pour ces personnes et certaines d’entre elles ont commencé à essayer de traverser la Méditerranée pour se rendre en Europe. C’est une autre raison pour les aider davantage. Et aussi pour essayer de résoudre, avec un peu de chance, les problèmes dans leur pays d’origine afin qu’elles puissent y retourner un jour. »

« Les ressources ici sont rares pour ces personnes et certaines d’entre elles ont commencé à essayer de traverser la Méditerranée pour se rendre en Europe. »

Un plus grand nombre de réfugiés africains et de demandeurs d’asile arrivent en Égypte, ce qui fait que les ressources sont utilisées au maximum. Le HCR n’a pour l’instant reçu que le quart du budget de 20 millions de dollars américains qu’il espère obtenir en 2016 pour aider ces personnes dans le besoin.

La vie pour les réfugiés africains en Égypte n’est pas facile. Il est difficile de trouver du travail. Sayida avait un emploi, mais elle a dû le quitter en raison de douleurs abdominales chroniques. Et, comme elle est Éthiopienne, elle ne peut pas accéder aux services de santé publics ou inscrire ses trois enfants dans une école publique.

Actuellement, la famille de Sayida vit avec d’autres Éthiopiens dans une pièce construite sur le toit d’un immeuble résidentiel. Certaines nuits, 18 personnes dorment dans la pièce non chauffée.

Sayida a dit à Filippo Grandi qu’elle vit toujours dans la peur. 

« Je dois rembourser les passeurs », a‑t‑elle expliqué. « Et j’ai peur parce que je ne peux pas payer.»