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Les habitants de l'est de l'Ukraine de retour chez eux ne trouvent que des ruines

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Les habitants de l'est de l'Ukraine de retour chez eux ne trouvent que des ruines

L'insécurité continue à régner dans les zones rurales de Lougansk alors que de nombreuses personnes qui avaient fui rentrent maintenant chez elles. La plupart se retrouvent confrontées à un avenir incertain et à des grandes difficultés et contraintes de vivre dans des maisons démolies.
20 Octobre 2016 Egalement disponible ici :
Natalia Golovchenko et son mari Nikolay n'ont pas les moyens de réparer leur maison qui a été fortement endommagée.

LOUGANSK, Ukraine – C’est par un jour de canicule d'août 2014 que la mère et la sœur de Natalya Golovchenko ont été tuées sous ses yeux par un obus. Avec sa famille et des centaines d'autres civils, elle a tenté de fuir les combats faisant rage autour de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine.


Le fils et le petit-fils de Natalya ont également été blessés par le bombardement lorsque que le convoi à bord duquel ils voyageaient a essuyé des tirs en dehors de la ville. Cette fuite soudaine de leur maison du village de Khryaschevatoe est survenue après quatre mois de violence, qui ont fait de l'est de l'Ukraine le théâtre de guerre européen le plus sanglant depuis le conflit en ex-Yougoslavie dans les années 1990.

Natalya, 59 ans, et son mari Nikolai Golovchenko, 69 ans, sont rentrés chez eux après avoir trouvé refuge pendant plusieurs mois dans la région de Zaporizhzhia, dans le sud-est du pays. Ils reconstruisent lentement leur vie, tentant de survivre avec une pension de moins de cent dollars par mois. Autour d'eux, du chômage, des prix élevés, une économie en train de s'effondrer et une crise humanitaire.

"Nous essayons de vivre. Nous ne comptons sur personne," déclare Natalya, vêtue d’une robe claire et fleurie qui offre un contraste saisissant avec le plafond humide et le papier peint écaillé du logement.

Nikolai Golovchenko, 69 ans, est rentré vivre dans sa maison, sévèrement endommagée, après avoir passé plusieurs semaines dans la région de Zaporizhzhia, dans le sud-est.

Le conflit dans l’est de l’Ukraine a déraciné plus de deux millions de personnes, tant à l’intérieur de l’Ukraine qu'au-delà de ses frontières. Environ un demi-million de civils - un habitant sur quatre de la région de Lougansk - ont fui les combats ravageant cette terre de fermes, de mines de charbon et d'usines d'acier. Beaucoup ont fui vers la Russie, tandis que d'autres, comme la famille de Natalya, ont rejoint d'autres régions de l'Ukraine. Certains sont revenus après seulement quelques jours ou semaines. D'autres ont attendu l'annonce d'un cessez-le-feu, en septembre de l'année dernière.

"A ce jour, au moins 150 000 civils sont revenus à Lougansk," a déclaré Pablo Mateu, Représentant du HCR en Ukraine.

Pour beaucoup, ce retour à domicile a été une terrible épreuve. Ils ont découvert des tombes de proches, d'amis ou d'étrangers, récemment creusées des tanks et des voitures calcinés, des maisons sans eau courante, électricité ou gaz.

"Tout a été détruit, il y avait des tanks, des douilles d'obus," explique Elena Surnina, une mère de trois enfants dont la maison dans le village de Novosvetlovka a été touchée par des tirs d'artillerie.

"Nous avons mangé ce qui restait à la cave," dit-elle. Elle a également rassemblé de la ferraille pour la vendre.

Cette famille et beaucoup d'autres ont survécu grâce à ce qu’elles ont trouvé dans leurs caves et grâce à leurs potagers. Afin d'échapper aux échanges de tirs et aux bombardements, ces familles se sont abritées dans des caves froides, sombres et humides, subsistant uniquement de légumes en conserve ou marinés dans du vinaigre et de pommes de terre.

Les maisons ont été endommagées par des balles, des obus, des explosions, des incendies et des pilleurs. Même celles qui n’ont pas été touchées par les éclats

d'obus ont subi les ondes de choc des explosions, soulevant les tuiles des toits dans un vacarme semblable à un tremblement de terre. "Les tuiles glissent des toits comme les écailles d'un poisson," explique l'un des employés de construction du HCR.

Ces maisons sont la base de la renaissance de la région rurale de Lougansk, mais le conflit les a rendues vulnérables aux intempéries. Les toits laissent rentrer la pluie et la neige. L'électricité, l'eau et le gaz ont été rétablis dans la plupart des maisons, mais le vent violent des steppes emporte la chaleur, tandis que les températures d'hiver tombent en dessous de -30 degrés.

Les salaires des résidents sont bien trop bas pour financer de quelconques rénovations. La majorité des habitants de Lougansk vivent avec moins de 50 dollars par mois, et beaucoup comptent sur le soutien humanitaire des autorités locales, de la Russie et des associations internationales. Beaucoup ne savent pas comment demander de l'aide, ou croient que celle-ci leur parviendra d’une manière ou d’une autre. Les toits et les fenêtres des maisons sont réparés temporairement avec des toiles cirées ou de la cellophane.

Nikolai Golovchenko, 69 ans, est rentré vivre dans sa maison, sévèrement endommagée, après avoir passé plusieurs semaines dans la région de Zaporizhzhia, dans le sud-est.

Le HCR a déjà aidé à réparer 600 maisons et immeubles d'habitation dans la partie de la région de Lougansk non-contrôlée par le gouvernement, où vivent approximativement 1200 familles. Après une estimation des dégâts et des discussions avec les autorités, l'agence a engagé des employés de construction locaux pour aider les familles vulnérables et livrer des matériaux de construction aux personnes capables d'effectuer des réparations.

Quand le toit, les fenêtres et les murs d'une famille sont en cours de réparation, les voisins accourent auprès des représentants du HCR afin de leur demander de l'aide, présentant souvent une longue liste de besoins.

Victoria Galizdra, 48 ans, vit dans une maison du village de Georgievka, qui a été le théâtre des affrontements parmi les plus violents du conflit. Un cosaque se cachant près d'un vieux châtaignier a survécu à un duel contre un tank. Un sniper a laissé une poignée de cartouches vides dans son jardin.

Un miroir est tombé dans leur salon sans se briser; ce que la famille superstitieuse de Victoria a interprété comme un signe positif.

"Ma mère a dit 'grâce à Dieu, nous allons tous survivre'," raconte Victoria, assise près de sa maison, où ses fils ont installé un nouveau toit payé par le HCR. "Nous pouvons écrire un roman après tout ce que nous avons traversé."