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Le HCR s'engage à aider des milliers de personnes déracinées dans le bassin du lac Tchad

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Le HCR s'engage à aider des milliers de personnes déracinées dans le bassin du lac Tchad

A la fin de sa visite de 10 jours au Niger, au Tchad, au Cameroun et au Nigéria, Filippo Grandi donne l'assurance que le HCR continuera d'aider 460 000 personnes déracinées par suite de l'insurrection.
21 Décembre 2016 Egalement disponible ici :
Une Maman déplacée tient son nouveau-né dans les bras à la maternité du camp de réfugiés de Minawao, au Cameroun.

ABOUJA, Nigéria – Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a achevé une visite de 10 jours au Niger, au Tchad, au Cameroun et au Nigéria en réaffirmant la ferme détermination du HCR à continuer d’aider les centaines de milliers de personnes déracinées dans la région par suite de l’insurrection de Boko Haram.

Filippo Grandi, qui s’est envolé depuis le Nigéria tard lundi après avoir rencontré le Président Muhammadu Buhari à Abouja, a souligné les principaux problèmes que devront résoudre la communauté internationale et les gouvernements dans la région : la sécurité, l’action humanitaire, le développement, ainsi que les droits et la protection des civils.

« Nous devons gagner la bataille du développement si nous voulons gagner la guerre contre le radicalisme. Le radicalisme, le sous‑développement et le manque d’éducation engendrent l’insécurité, a déclaré Filippo Grandi. Nous devons lutter contre ces importants problèmes de développement dans toute la région. »

« Nous devons gagner la bataille du développement si nous voulons gagner la guerre contre le radicalisme. »

Dimanche, Filippo Grandi s’est rendu à Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, dans le nord‑est du Nigéria, où il a visité Bakassi, l’un des 12 camps gérés par le gouvernement avec l’aide des organisations humanitaires. « Nous devons avoir des activités davantage génératrices de revenus », lui a dit un fermier lors d’une réunion avec les responsables du camp. « Bien sûr, nous nous réjouissions de recevoir une aide dans le camp, mais nous sommes devenus dépendants de cette aide et nous devons pouvoir gagner notre vie », a‑t‑il ajouté.

Le fermier et les autres participants ont évoqué d’autres problèmes auxquels ils font face, y compris le besoin d’avoir plus de nourriture, de points d’eau et de latrines. Le camp accueille plus de 21 000 personnes déplacées en raison de la violence dans la région.

Filippo Grandi a visité un centre financé par le HCR dans le camp, qui aide les femmes à trouver un moyen de subsistance, tels la couture et le travail du cuir. Le HCR a aussi contribué à l’établissement d’un atelier à Maiduguri qui forme des mécaniciens et de centres dans les États de Borno et de Yola qui aident les personnes déplacées à acquérir et à appliquer de nouvelles compétences.

Il a promis que l’action humanitaire du HCR continuera. Il s’est aussi engagé à favoriser les interventions à long terme en matière de développement pour améliorer la vie des gens. « Je suis ici pour exprimer la solidarité du monde. Nous devons continuer à aider le gouvernement à fournir une aide matérielle », a dit Filippo Grandi, tout en ajoutant ceci : « Votre avenir ne peut pas être dans un camp, votre avenir est chez vous, dans vos villages et dans vos villes. »

Filippo Grandi a affirmé qu’il fallait aussi une intervention et des activités de développement à grande échelle dans la région en proie au conflit. « Je demande aux donateurs de financer de toute urgence l’action humanitaire pour aider les gens qui sont dans le besoin aujourd’hui et investir dans leur avenir, a‑t‑il dit. Nous avons aussi besoin de l’engagement et du savoir‑faire des institutions financières, notamment de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et des grandes institutions bilatérales. »

Filippo Grandi a aussi écouté les témoignages de personnes qui ont été capturées et maltraitées par Boko Haram. Il a notamment fait la connaissance de Nancy*, 26 ans, qui a été violée à plusieurs reprises pendant les deux années qu’a duré sa détention. Elle est tombée enceinte, mais elle a fait une fausse couche, à cause des actes de torture qu’elle a subis. Nancy est parvenue à s’échapper. Elle a maintenant un bébé de 11 mois, qui est le rappel quotidien de son calvaire. Elle a retrouvé son mari, mais ses cicatrices sont profondes.

« Votre avenir ne peut pas être dans un camp, votre avenir est chez vous, dans vos villages et dans vos villes. »

Le Haut Commissaire a aussi rencontré un garçon de 13 ans, qui a été capturé par Boko Haram et dont le père a été tué. Le garçon s’est échappé et a passé 28 jours dans la brousse, s’alimentant comme il le pouvait, avant d’être secouru par l’armée. Il vit aujourd’hui avec sa mère dans le camp.

Le Haut Commissaire a commencé sa visite au Niger le 10 décembre pour mieux faire connaître la situation désespérée au Nigéria et dans les pays voisins, qui affrontent l’une des pires crises de déplacement à survenir en Afrique.

Il a profité de sa visite pour exhorter la communauté internationale à intensifier ses efforts et à faire plus pour aider les gouvernements des quatre pays à supporter le fardeau. Vendredi dernier, au Cameroun, il a lancé un appel de fonds de 241 millions de dollars de la part de 36 partenaires pour aider quelque 460 000 personnes au Niger, au Tchad et au Cameroun, y compris 183 000 réfugiés nigérians.  

Au Niger, où il a rencontré le président Issoufou Mahamdoui et d’autres hauts responsables publics, Filippo Grandi a félicité l’un des pays les plus pauvres au monde de laisser ses portes ouvertes, d’accorder l’asile aux personnes qui le demandent et de partager ses maigres ressources. « C’est vraiment exceptionnel… Je vous l’assure. J’utiliserai l’exemple du Niger partout dans le monde », a‑t‑il dit.

Le Haut Commissaire a aussi visité la région instable de Diffa, qui subit les attaques de Boko Haram depuis presque deux ans. Diffa accueille une population déplacée de plus de 240 000 personnes, y compris des réfugiés nigérians et des collectivités locales.

« Il est essentiel de ne pas se focaliser uniquement sur la crise en cours, mais de se tourner vers l’avenir et de comprendre la nécessité de promouvoir le développement », a dit Filippo Grandi, citant les programmes du HCR sur l’urbanisation et l’énergie domestique à Diffa.

Dans la région du lac Tchad, il a rencontré les responsables d’un projet financé par le HCR, qui permet aux réfugiés et aux communautés locales de vivre des produits de la pêche dans le lac. Il a donné ce projet en exemple aux donateurs afin qu’ils voient comment le fait d’avoir un moyen de subsistance pouvait aider les personnes à vivre aussi normalement que possible. L’augmentation du financement pourrait aider plus de personnes à devenir autonomes et stimuler une économie mal en point.

À N’Djamena, il a rencontré le président Idriss Deby et a remercié le pays d’accueillir des réfugiés du Nigéria, du Soudan et de la République centrafricaine. Il a aussi échangé des idées au sujet de projets de développement visant à aider les réfugiés et les collectivités d’accueil avec les représentants de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement au Tchad.

*Le nom a été changé par souci de protection.