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Réfugiés du Soudan du Sud : l'afflux augmente alors que l'aide financière tarde à venir

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Réfugiés du Soudan du Sud : l'afflux augmente alors que l'aide financière tarde à venir

La reprise des combats et l'insécurité alimentaire dans le plus jeune pays du monde engendrent encore plus de déplacements. Au même moment, les opérations d'aide aux réfugiés ne sont financées qu'à 11 %.
19 Avril 2016 Egalement disponible ici :
Une réfugiée sud-soudanaise devant un abri dans le village de Bitima en République démocratique du Congo.

GENÈVE, le 19 avril (HCR) - Au Soudan du Sud, la conjonction des nouveaux combats dans des zones jusqu'à présent épargnées par les violences, de l'insécurité alimentaire et de la sérieuse insuffisance de fonds humanitaires est à l'origine d'une nette détérioration de la situation de nombreux civils.

Les récents combats entre les forces du gouvernement et de l'opposition à l'ouest de l'État de Bahr el Ghazal ont déplacé plus de 96 000 personnes vers Wau, une petite ville située au nord-ouest du Soudan du Sud, le plus jeune pays du monde.

Les six pays voisins, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, l'Éthiopie, le Kenya, le Soudan et l'Ouganda, signalent tous une augmentation de l'afflux de réfugiés, alors que le financement des opérations nécessaires pour leur venir en aide est véritablement insuffisant.

« Avec le Plan d'action régional pour les réfugiés financé à seulement 11 %, de nombreux services indispensables pour sauver des vies sont menacés et le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est extrêmement préoccupé », a déclaré mardi (19 avril) Ariane Rummery, la porte-parole du HCR, au cours d'une conférence de presse à Genève.

Depuis la fin janvier, 52 000 personnes environ ont fui pour se réfugier dans le Soudan voisin, pays duquel le Soudan du Sud a pris son indépendance en 2011. Cet afflux dépasse les prévisions pour 2016. Pour le moment, les réfugiés se trouvent surtout au Darfour-Oriental, au Darfour du Sud et au Kordofan de l'Ouest.

La distribution par camion de matériel de secours du HCR (notamment des bâches en plastique, des nécessaires de cuisine, des matelas et des couvertures) doit commencer mercredi au Darfour-Occidental. D'autres distributions ont déjà eu lieu pour les nouveaux arrivants dans le Sud-Darfour et pour une partie des nouvelles populations du Kordofan de l'Ouest. Un plan d'intervention sur trois mois a été préparé avec les agences partenaires pour la prise en charge de 120 000 nouveaux arrivants supplémentaires avant le mois de juin.

L'Ouganda voisin a vu une nette augmentation des arrivées de réfugiés en provenance du Soudan du Sud depuis janvier, avec jusqu'à 800 nouveaux arrivants certains jours. Au total, 28 000 Sud-Soudanais, dont 86 % de femmes et d'enfants, sont venus se réfugier en Ouganda.

« Maaji III, le site d'accueil des réfugiés sud-soudanais dans le nord-ouest du pays, arrive presque à saturation et de nombreux services, dont les services de base vitaux, sont déjà sérieusement surchargés », a déclaré Mme Rummery.

Éthiopie : le nombre de réfugiés grossit toujours

L'Éthiopie, qui accueille quelque 285 000 réfugiés sud-soudanais, constate également depuis peu une augmentation des arrivées, toutefois moins importante, après une longue période voyant très peu de nouveaux réfugiés. Depuis le 5 avril, plus de 300 nouveaux arrivants ont été enregistrés dans le camp de réfugiés d'Okugo, dans la région de Gambella.

Mme Rummery a annoncé que le HCR et ses partenaires ont fourni une aide de base pour le camp, comprenant notamment un mélange à base de maïs et de soja pour les enfants, des bâches en plastique, des moustiquaires, des couvertures, des matelas et des jerricans d'eau.

Alors que la région d'Équatoria-Occidental du Soudan du Sud a connu une accalmie des combats depuis février, quelque 12 000 personnes ont traversé la frontière de la République démocratique du Congo (RDC) au cours des derniers mois pour aller se réfugier au nord-est, dans la province de Haut-Uélé.

Mme Rummery a souligné que les populations avaient été très accueillantes et que bon nombre de réfugiés arrivés fin 2015 avaient trouvé un foyer parmi les familles locales. « Mais les capacités d'accueil atteignent leurs limites et des milliers d'arrivants récents se sont installés dans des conditions très précaires », a-t-elle ajouté.

Le conflit dans la région d'Équatoria-Occidental a également forcé des milliers de Sud-Soudanais issus des villes de Source Yubu et d'Ezo à traverser la frontière et à se réfugier en République centrafricaine. Au 11 avril, le HCR avait enregistré 10 454 réfugiés sud-soudanais dans la ville de Bambouti située dans une région de la partie la plus occidentale de la République centrafricaine difficile d'accès.

« À Bambouti, les nouveaux arrivants sont largement en surnombre pour la communauté qui les accueille, qui est de 950 habitants environ, ce qui pèse lourdement sur les ressources disponibles, a signalé Mme Rummery. De nombreux réfugiés souffrent de malaria, de maladies transmises par l'eau et de malnutrition. Toute la population a un besoin urgent d'eau potable, de nourriture, de soins de santé, d'un système sanitaire et d'abris. »

Le mois dernier, le HCR a dirigé une mission interagence à Bambouti afin d'évaluer les besoins des réfugiés et a organisé un convoi de 12 camions pour transporter de la nourriture, des médicaments et des articles d'aide d'urgence, dont des couvertures, des nécessaires de cuisine et des moustiquaires. Le convoi est arrivé sur place le 7 avril.

L'opération Kakuma du HCR, au nord-est du Kenya, a enregistré une augmentation constante du nombre de nouveaux arrivants venus du Soudan du Sud. Ce nombre est passé de 100 personnes par mois en moyenne en début d'année à 350 par semaine au cours des deux derniers mois.

À ce jour, le camp de Kakuma a accueilli depuis le début de l'année environ 4 185 nouveaux réfugiés sud-soudanais, dont une majorité d'enfants et de femmes, venus essentiellement des états d'Équatoria-Occidental, du Nil Supérieur et du Jonglei, à l'est du pays. Tous évoquent l'insécurité, la famine permanente et le coût de la vie élevé pour expliquer leur fuite.

Depuis décembre 2013, date du début des violences dans le Soudan du Sud, près de 2,3 millions de personnes ont dû fuir leurs foyers, 678 000 d'entre elles sont réfugiées en dehors des frontières nationales et 1,69 million sont déplacées au sein de leur pays.