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Retour de la paix en Colombie : il faut des solutions durables pour les personnes déracinées

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Retour de la paix en Colombie : il faut des solutions durables pour les personnes déracinées

Selon Filippo Grandi, il faut trouver des solutions durables pour sept millions de Colombiens déracinés par cinq décennies de guerre. C'est la clé de la réconciliation et de l'intégration des efforts.
2 Juillet 2016 Egalement disponible ici :
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi s'entretient avec une femme et son enfant lors d'une visite dans une communauté de personnes déplacées internes à Soacha, Colombie.

BOGOTA, Colombie, 4 juillet (HCR) - Lors de sa première visite en Colombie en tant que Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi a déclaré que la recherche de solutions durables au bénéfice de millions de Colombiens déplacés internes était la clé pour mettre fin au conflit le plus ancien en Amérique latine.

Cette visite intervient à un moment d'espoir dans le processus de paix entre le Gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui vise à mettre fin à un conflit armé qui dure depuis cinq décennies et qui a produit l'une des plus importantes situations de déplacement de populations au monde, avec sept millions de personnes déracinées à l'intérieur des frontières du pays.

Après ses rencontres avec les autorités colombiennes, Filippo Grandi s’est félicité des efforts déployés par le Gouvernement en faveur de la réinsertion. « Je suis impressionné par la législation qui a été mise en oeuvre pour protéger et offrir réparation aux victimes du conflit, y compris les personnes déplacées, ainsi que par l'engagement des institutions pour atteindre ces résultats. Cela doit servir d’exemple pour le reste du monde », a déclaré Filippo Grandi.

Il a également reconnu les énormes défis à relever pour le pays avant que ces lois ne deviennent une réalité. Il reste encore beaucoup à faire afin d'assurer que toutes les victimes et les personnes déplacées puissent exercer leurs droits, vivre dans des lieux sûrs avec un accès à l'emploi et aux services essentiels, et reconstruire le tissu social de leurs communautés.

« Bien que la réponse à ces défis soit une responsabilité nationale, le HCR continuera à accompagner ce processus historique et à fournir un appui à la Colombie pour faire de la paix une réalité durable », a-t-il ajouté.

Filippo Grandi a souligné que l'intégration locale en milieu urbain devait être un aspect important de ces efforts, y compris par la légalisation des camps informels de déplacés.

Les combats en Colombie ont commencé au milieu des années 1960 et ils ont depuis évolué vers un conflit complexe impliquant les autorités colombiennes, les FARC et d'autres guérilleros de gauche, des groupes paramilitaires et des réseaux du crime organisé. La violence a causé la mort d’au moins 220 000 personnes depuis plus de cinq décennies.

Lors d'une visite dans les quartiers récemment légalisés de Las Delicias et Manuela Beltran, dans la banlieue de Cucuta près de la frontière du Venezuela au nord de la Colombie, les personnes déplacées ont fait part au Haut Commissaire de leur reconnaissance car, après 10 ans de vie dans des installations informelles, elles ont désormais accès à l'eau, à l'électricité et à d'autres services essentiels.

Grâce à l’Initiative pour des solutions transitoires (TSI), en collaboration avec le PNUD, le HCR a aidé quelque 39 000 personnes dans 17 communautés urbaines et rurales, y compris Cucuta, à accéder à des solutions durables et à pouvoir exercer leurs droits fondamentaux comme le logement, la terre et les moyens d’existence.

La majorité des familles ayant fui leurs maisons vivent désormais en périphérie urbaine des principales villes de Colombie dont la capitale, Bogota.

Dans la municipalité de Soacha, près de la capitale, où s’est rendu Filippo Grandi samedi, des personnes déplacées ont évoqué leurs difficultés à faire légaliser leurs terres. En effet, leurs quartiers se sont étendus de manière informelle et non planifiée car davantage de personnes continuaient d'arriver de partout dans le pays.

« Ma famille a été déplacée quatre fois au cours des 22 dernières années, nous avons marché à pied à travers tout le pays. Ma famille et moi avons subi toutes sortes d’abus et atrocités », a déclaré un jeune homme arrivé deux semaines plus tôt à Soacha avec sa femme et sa petite fille. « Nous demandons seulement de vivre un peu mieux, d'avoir un emploi et un terrain où nous pouvons nous installer », a-t-il ajouté.

Un autre homme déplacé a expliqué à Filippo Grandi qu’il continue à être préoccupé par la situation de sécurité : « Depuis notre arrivée ici, il y a eu de nombreux abus de toutes sortes, en particulier envers les enfants, y compris le recrutement et l'extorsion. Selon nous, la seule façon de s’en sortir, c’est par le processus de paix. Avec la paix, nous pourrons enfin être tranquilles. »

« L'accord de paix sera un moment historique et une occasion importante de trouver des solutions à la fois pour les personnes déplacées et les victimes. Cependant, cet accord doit être considéré comme le début plutôt que la fin du processus de consolidation de la paix », a déclaré Filippo Grandi.

« C’est un moment crucial pour ce pays, son peuple et pour toute la région. Le monde doit continuer à apporter un appui à ce processus historique pour aider la Colombie à construire une paix durable », a-t-il ajouté.