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Bâtir de meilleures habitations pour les réfugiés sahraouis avec des bouteilles de sable

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Bâtir de meilleures habitations pour les réfugiés sahraouis avec des bouteilles de sable

Dans le sud ouest de l'Algérie, au fin fond du désert, un jeune réfugié sahraoui remplit de vieilles bouteilles avec du sable pour construire des habitations qui résistent mieux au rude climat.
11 Janvier 2017 Egalement disponible ici :
Un jeune réfugié sahraoui construit un abri résistant aux intempéries à l'aide de bouteilles en plastique remplies de sable dans un camp à Tindouf, en Algérie.

TINDOUF, Algérie – Titulaire d’un master d’ingénieur spécialisé en rendement énergétique, Tateh Lehbib Breica, un réfugié sahraoui, avait initialement prévu de construire une maison à haut rendement énergétique dans le désert. Son idée était d’aménager un jardin en terrasse en utilisant des bouteilles jetées.

Cependant, la forme circulaire du toit présentait certains problèmes pour la construction, et Tateh, qui est âgé de 27 ans, s’est retrouvé avec de nombreuses bouteilles qu’il ne pouvait plus utiliser pour faire pousser de jeunes plants, comme il en avait l’intention.

« Je me suis demandé ce que j’allais pouvoir faire avec ces bouteilles », dit Tateh, qui est né et a grandi dans le camp de réfugiés d’Awserd, est allé à l’université à Alger en tant que boursier DAFI et a ensuite préparé son master dans une université espagnole.

« Je me suis alors souvenu d’un documentaire que j’ai vu, pendant mes études universitaires, sur l’utilisation de bouteilles en plastique comme matériau de construction et je me suis dit : “Pourquoi ne pas essayer ça?” ».

« Je me suis alors souvenu d’un documentaire que j’ai vu, pendant mes études universitaires, sur l’utilisation de bouteilles en plastique comme matériau de construction et je me suis dit : “Pourquoi ne pas essayer ça?” ».

La fourniture d’un logement décent et adapté au climat rude du désert constitue un problème dans le camp d’Awserd, l’un des cinq camps de la région de Tindouf, où vivent des réfugiés sahraouis qui ont fui les combats de la guerre du Sahara occidental il y a plus de 40 ans.

Les maisons construites en terre crue, ou banco, sont exposées aux fortes pluies  qui balaient périodiquement le  désert du Sahara comme la tempête de fin 2015 qui a  détruit des milliers d’habitations. Les tempêtes de sable, fréquentes, remplissent aussi les maisons et les tentes sahraouies traditionnelles d’une poussière étouffante qui peuvent entraîner des évacuations temporaires.

La première maison que Tateh a construite en utilisant des bouteilles remplies de ce sable omniprésent dans la région était pour sa grand‑mère, qui marche difficilement et qui s’est retrouvée blessée lorsque des personnes l’ont transportée vers un centre communautaire dans le camp pour qu’elle soit à l’abri pendant une tempête de sable.

Outre le fait qu’elle offre une résistance structurelle plus grande à l’eau, la maison, circulaire et aux murs épais, présente moins de prise au vent grâce à un profil plus bas et s’est révélée plus étanche au sable et à la poussière des tempêtes appelées « haboobs ».

L’intérêt que porte Tateh à l’utilisation de contenants en plastique jetés pour la construction de maisons, lui a valu le surnom de « Majnoun al qarurat », qui signifie « le fou des bouteilles ». Le caractère unique de la structure, combiné aux messages que Tateh a publiés sur Facebook, explique que la maison a fait l’objet d’une grande attention au‑delà du camp.

Parmi ceux qui ont vite compris les avantages de la maison figurent les représentants du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Ils se sont rendus sur place pour voir la maison de leurs propres yeux.

« Comme des pluies intenses ou prolongées peuvent détruire les maisons en banco, l’utilisation de bouteilles en plastique [...] créera une structure plus durable. »

« Après les fortes pluies du mois d’octobre 2015 qui ont endommagé et détruit des dizaines de milliers de maisons en banco, le HCR a collaboré avec les Sahraouis pour améliorer les techniques de construction et rendre les maisons plus résistantes au climat rude de la région », dit Juliette Murekeyisoni, coordonnatrice de terrain en chef pour le HCR à Tindouf. « Nous avons encouragé l’utilisation de briques renforcées avec du ciment et nous encourageons maintenant l’utilisation de bouteilles en plastique. »

Par ailleurs, Otis Moore, qui est responsable des abris, explique que les maisons construites avec des bouteilles en plastique présentent des avantages par rapport aux maisons en banco et aux tentes familiales traditionnelles utilisées par la plupart des Sahraouis, tandis que la conception circulaire  de la maison comporte en soi ses propres avantages.

« Comme des pluies intenses ou prolongées peuvent détruire les maisons en banco, l’utilisation de bouteilles en plastique à la place de briques crues créera une structure plus durable. Et nous avons adopté la forme circulaire parce qu’elle est aérodynamique et qu’elle résiste mieux aux tempêtes. »

Aujourd’hui, dans le cadre d’un projet financé par le Fonds du HCR pour l’innovation, Tateh, en collaboration avec l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, construit 25 maisons en utilisant des bouteilles en plastique remplies de sable à la place des briques dans les cinq camps : Awserd, Boujdour, Dakhla, Smara et Laayoune. Les maisons, qui devraient être achevées ce mois‑ci, seront destinées à des personnes vulnérables.

Reconnaissant la créativité de la conception de ses constructions, un magazine local a récemment décerné à Tateh le prix de « la personnalité de l’année 2016 ». Cependant, Tateh conserve le sobriquet qu’on lui a donné dans le camp : « Les gens me voient toujours comme le type qui est obsédé par le recyclage des bouteilles et qui construit des maisons insolites », dit‑il.