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Des réfugiés et des migrants désespérés confrontés à un froid glacial en Serbie

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Des réfugiés et des migrants désespérés confrontés à un froid glacial en Serbie

Les autorités serbes travaillent aux côtés du HCR et de ses partenaires pour augmenter les capacités d'accueil en abris d'urgence et héberger les centaines de personnes qui dorment dans les rues par des températures glaciales.
25 Janvier 2017 Egalement disponible ici :
Hazrat, un réfugié afghan de 16 ans, se réchauffe près d'un feu derrière la principale gare de Belgrade.

BELGRADE, Serbie – Les réfugiés et les migrants qui acceptent de quitter des locaux de fortune insalubres à Belgrade sont transférés vers des abris d'urgence récemment ouverts en dehors de la ville. Les températures glaciales suscitent en effet des craintes croissantes pour les centaines de gens qui vivent en plein air.

Grâce aux efforts conjugués des autorités, du HCR et des organisations humanitaires présentes en Serbie ces derniers mois, environ 85 pour cent des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants vivant dans le pays sont désormais logés dans des bâtiments publics chauffés. Quelque 390 personnes ont choisi d'être hébergées dans les installations temporaires d'Obrenovac qui ont été ouvertes la semaine dernière. Selon les estimations, un millier de réfugiés et de migrants continuent de camper dans d’anciens entrepôts enfumés derrière la principale gare de Belgrade. Ils tentent de se protéger du froid pénétrant en brûlant nuit et jour de vieilles traverses de chemin de fer, générant ainsi d’incessants nuages de fumées toxiques. Beaucoup disent souffrir des effets de l'inhalation de fumées et plusieurs cas d'engelures ont été constatés.

En collaboration du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et de ses partenaires, les autorités serbes s'emploient maintenant à développer les capacités d’accueil des abris d'urgence d'Obrenovac pour y héberger dans les prochains jours les personnes désireuses de quitter les entrepôts. Le HCR a fourni de nouveaux vêtements, des couvertures, du matériel de couchage, des trousses d'hygiène et des services de nettoyage.

« Parfois, je ne sens plus mes jambes la nuit, mais j'essaye quand même de dormir. »

« Il fallait que je parte, c'était tellement froid et sale là-bas », dit Kiramat Safi, un jeune Afghan non accompagné de 17 ans, qui a choisi la semaine dernière de quitter les entrepôts pour s'installer dans un abri proche, à Krnjaca, après quatre mois passés dehors. « Je me sens beaucoup mieux maintenant parce qu'il fait chaud ici. Il n'y a pas de fumée et je peux dormir à l'intérieur. »  

« Je vais rester ici tant qu'il fera très froid », dit Abedulah Ibrahimi, un autre jeune non accompagné de 12 ans qui a quitté les entrepôts la semaine dernière pour s'installer à l'abri de Krnjaca. « Je veux aller à l'école, peut-être qu'ils peuvent m’aider ici. »

Sans intention de demander asile en Serbie et déterminés à poursuivre leur périple vers d'autres pays, d'autres choisissent de rester dans les entrepôts désaffectés malgré les dangers liés aux fumées et aux températures glaciales. Le HCR a récemment distribué des imprimés en farsi pour leur rappeler qu'ils ont droit à être hébergés dans les abris publics, et l’organisation a redoublé d’efforts pour identifier les enfants non accompagnés, ici comme ailleurs.

« Parfois, je ne sens plus mes jambes la nuit, mais j'essaye quand même de dormir », raconte Hazrat Bilal, un jeune Afghan non accompagné de 14 ans qui a passé les quatre derniers mois dans les entrepôts. « Je sais que la fumée n'est pas bonne pour moi », ajoute-t-il, penché au-dessus d’une traverse de chemin de fer enflammée. « Que faire d'autre dans ce froid ? »

Comme nombre d'autres réfugiés ici, Hazrat dit qu'il essaiera de passer les frontières hongroises ou croates. La plupart disent avoir essayé sans succès à de multiples reprises, certains ayant même été battus et rejetés de force en Serbie.

« Des passeurs m'ont pris tout mon argent, d'autres m'ont battu », raconte Hazrat qui a fui les violences proches de chez lui en Afghanistan après que son père ait été tué. « Malgré tout, il faut que j'essaye encore de passer la frontière, ça finira bien par marcher un jour. »

Le HCR s'est dit préoccupé par les exactions — enlèvements, violences physiques, menaces et extorsions— auxquelles des bandes criminelles se livrent contre les réfugiés et les migrants. Il exhorte les États européens à intensifier leurs efforts pour s'attaquer à ces réseaux criminels et garantir la sécurité des réfugiés des migrants. 

Le brouillard glacial et la neige qui tombe toutes les nuits ont persuadé nombre d'entre eux à réfléchir à deux fois à la perspective de rester dans les entrepôts. « Ce n'est pas bien ici et je suis tout seul », explique Jibral Kochel, un jeune Afghan de 13 ans qui après trois mois dehors a accepté de prendre le prochain bus en partance vers les abris d'urgence. « Ça sera très bien dans les abris. Ici, il y a trop de problèmes, on est tous en train de tomber malade. »

Kamran Khan, 14 ans, et son frère aîné Aman, 16 ans, en ont aussi assez de dormir dehors dans le froid et espèrent pouvoir embarquer dans le prochain bus vers les abris. « Peut-être que plus tard, on réessaiera de passer la frontière », dit Kamran, originaire lui aussi d'Afghanistan. « Mais pas maintenant dans ce froid, c'est trop dangereux. Non, il est temps qu'on se repose. »