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Le monde ne doit pas se désintéresser de la crise de réfugiés syrienne

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Le monde ne doit pas se désintéresser de la crise de réfugiés syrienne

Les conditions ne sont pas encore réunies pour permettre aux plus de cinq millions de Syriens qui vivent réfugiés dans les pays voisins de rentrer chez eux.
16 Octobre 2017 Egalement disponible ici :
Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés passe devant des bâtiments lourdement endommagés dans le quartier de Karm Al-Myassar, à l'est d'Alep pendant sa visite en février 2017.

Après plus de six années d'un des conflits les plus meurtriers et les plus destructeurs de l'histoire récente, on comprend aisément que la population syrienne espère désespérément entrevoir la lumière au bout de ce qui a été un très long et très sombre tunnel. Au cours de l'année écoulée, des cessez-le-feu fragiles ont ramené le calme dans certaines parties du pays et ont convaincu un grand nombre de personnes déplacées internes en Syrie, ainsi qu'un nombre plus restreint de réfugiés, de rentrer chez eux.

Pourtant, dans d'autres parties du pays, le conflit est loin d'être terminé et la souffrance des civils a même augmenté. Les opérations militaires contre les groupes extrémistes à Raqqa et Deir Ezzor se poursuivent et un grand nombre de groupes armés restent actifs. Une partie importante du pays est couverte de mines et d'explosifs dangereux, prêts à mutiler ou à tuer leur prochaine victime. Pour la seule première moitié de l'année 2017, 1,3 million de Syriens ont rejoint les rangs des nouveaux déplacés, soit une moyenne de 7 000 personnes contraintes de fuir leurs foyers chaque jour.

Alors que la communauté internationale se concentre à juste titre sur l'avenir du processus de paix, la situation humanitaire en Syrie reste très difficile et les conditions requises pour le retour des plus de cinq millions de Syriens réfugiés dans les pays voisins ne sont pas réunies.

Une habitante du quartier d'Al-Mashatiyeh, à l'est d'Alep, s'entretient avec le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. Elle avait fui sa maison lors de l'éruption des violences pour la reprise des quartiers est de la ville. Depuis elle y est revenue.

Cette crise de réfugiés reste la plus importante au monde, et elle ne saurait être assumée par les seuls pays voisins. La Turquie, le Liban, la Jordanie, l'Irak et l'Égypte ont accueilli et continuent à prendre en charge des millions de réfugiés syriens. Ils ont partagé leurs ressources avec ces réfugiés, et leur ont ouvert leurs écoles, leurs hôpitaux et d'autres services à une échelle rarement observée auparavant. Mais après six années de crise en Syrie, il est compréhensible que ces pays soient épuisés.

La communauté internationale a apporté un soutien financier substantiel à l'intervention en faveur de la crise de réfugiés syriens, mais elle est encore loin de couvrir les besoins humanitaires réels. Je suis très inquiet de constater que seuls 49 pour cent des fonds requis pour les programmes de réfugiés dans les pays hôtes ont été reçus jusqu'à présent en 2017.

Les engagements de financement pris à Londres en 2016, et réitérés en début d'année à Bruxelles, étaient la conséquence de la crise de réfugiés qui a atteint les rives de l'Europe en 2015 et 2016. Avec le recul de la visibilité de cette crise, je crains que ces engagements ne soient oubliés et négligés.

Je me félicite que l'UE ait annoncé une autre conférence sur le financement à Bruxelles au printemps prochain, mais dans l'intervalle, il y a un besoin urgent de faire en sorte que les programmes de soutien pour les réfugiés dans les pays hôtes soient mieux financés.

Tant les pays hôtes que les réfugiés qu'ils accueillent ont besoin de certitude et la méritent.

Depuis plusieurs années, le Plan régional d’aide aux réfugiés et pour la résilience conjugue sa réponse aux besoins essentiels des réfugiés et les interventions à plus long terme qui visent au renforcement de la résilience en donnant accès à la subsistance, l'éducation et aux services. Il s'agit d'une approche innovante qui, si on lui laisse le temps de porter ses fruits, peut bénéficier aux réfugiés et à leurs pays d'accueil. Mais, en l'absence d'un soutien de la part des bailleurs de fonds internationaux, la progression de la mise en œuvre du plan risque d’être interrompue et les investissements déjà réalisés seront perdus.

Tant les pays hôtes que les réfugiés qu'ils accueillent ont besoin de certitude et la méritent. Les pays hôtes ont besoin d'être rassurés et de savoir que la communauté internationale honorera les engagements pris pour le versement des aides financières. Les réfugiés syriens doivent savoir qu'ils seront aidés et protégés, pas seulement ce mois-ci, mais aussi dans un avenir prévisible.

La communauté internationale a la responsabilité de ne ménager aucun effort pour ramener la paix et la stabilité en Syrie, afin de créer les conditions nécessaires pour des retours volontaires et durables. Dans l'intervalle, il est impératif que nous maintenions tous le cap et que nous apportions notre aide aux gouvernements hôtes en continuant d'investir dans les programmes en faveur des réfugiés et des communautés qui les accueillent, ainsi qu’en partageant les responsabilités avec les pays qui sont en première ligne.

Cet article d’opinion a été publié dans “The National” le 16 octobre 2017.