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En Afrique, l'innovation transforme l'éducation des étudiants réfugiés

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En Afrique, l'innovation transforme l'éducation des étudiants réfugiés

Grâce aux tablettes et aux réseaux mobiles qui stimulent leur intérêt pour l'apprentissage, les étudiants des camps de réfugiés bénéficient des dernières avancées de l'éducation à distance.
14 Mars 2017 Egalement disponible ici :
Des élèves sont impatients d'utiliser leurs tablettes fournies dans les kits Instant Network Schools (NTS).

Dekow Mohamed est encore surexcitée de la venue de son modèle, Malala Yousafzai, lauréate du prix Nobel et militante pour le droit à l'éducation, qui a visité son école en mai dernier dans le complexe tentaculaire du camp de réfugiés de Dadaab, au Kenya.


« Tu ne peux pas imaginer mon enchantement quand je l'ai vue devant moi », dit Dekow, une réfugiée somalienne de 18 ans, soit un an de moins que la jeune militante pakistanaise qui a échappé à une tentative d'assassinat pour avoir défié les talibans et l'interdiction de scolarisation des jeunes filles.

Bien que l'histoire de Malala ait fait le tour de la planète et inspiré des millions de gens, Dekow n'en aurait probablement jamais entendu parler sans une initiative novatrice, appelée Instant Network Schools (INS) qui a amené l'enseignement à distance et la connectivité jusqu’à l'école de son camp de réfugiés.

Quelques écoles et centres communautaires ont été équipés d'un « kit numérique » comprenant des tablettes, des batteries à énergie solaire, un réseau satellite ou mobile ainsi que des séries de programmes et de supports pédagogiques d'enseignement à distance. Les enseignants bénéficient d'une aide informatique et d’une formation permanente.

« Les étudiants comme les enseignants disent tous que le programme a développé leur motivation. »

 

Depuis le lancement du projet pilote au camp de Dadaab en 2014, le programme a été élargi à 31 centres de quatre pays de la région : le Kenya, la Tanzanie, le Soudan du Sud et la République démocratique du Congo.

Le programme a connu une croissance organique depuis l'époque du partenariat entre le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et la Fondation Vodafone, mis en œuvre dans les écoles du camp de Dadaab. Vu l'immense pénurie de ressources et le manque de connectivité dans le camp, il est devenu évident que les technologies mobiles pourraient améliorer la qualité de l'éducation dans des zones aussi isolées.

Plus de 65 millions de personnes ont déjà été déracinées par les guerres et les persécutions dans le monde, dont plus de 21 millions de réfugiés. La moitié d'entre eux sont des enfants, dont beaucoup trop sont privés d'éducation. Selon un rapport du HCR, seulement 50 pour cent d’entre eux sont scolarisés au primaire, 22 pour cent au secondaire et un pour cent au niveau de l'éducation supérieure.

En Afrique, le continent qui héberge le plus grand nombre de personnes déracinées que toute autre région du monde, hormis le Moyen-Orient, des millions d'étudiants réfugiés tentent tant bien que mal de rattraper leur retard scolaire. Des programmes novateurs tels que l’INS contribuent à assurer au mieux la continuité de leurs études.

Même quand ils sont scolarisés, les jeunes réfugiés africains étudient souvent sans grands moyens, dans des conditions extrêmement difficiles et des classes surchargées. Via des programmes tels qu’INS, le HCR contribue à combler certaines de ces lacunes et à venir en aide à des milliers d'étudiants comme Dekow.

« Les élèves assimilent mieux ce qu'ils voient que ce qu'ils entendent et on nous a parlé de tant de choses que nous n'avons jamais vues », explique-t-elle. « Quand les tablettes sont arrivées, même nos enseignants se sont demandés où on allait. On peut répondre à des questions difficiles sans même regarder nos notes. »

Pour Jacqueline Strecker, responsable du Lab Education au Service Innovation du HCR, l’idée était d'introduire la technologie en salle de classe via une approche holistique. « Nous voulions mettre la technologie au service d’un meilleur enseignement, en favorisant l'accès à des supports pédagogiques pertinents et à des informations récentes que les enseignants peuvent utiliser, tout en permettant aux étudiants d'accéder à des vidéos et des photos éducatives. »

 

« Cette initiative s'appuie sur l'engagement du HCR qui souhaite offrir une éducation de qualité aux enfants réfugiés en améliorant les conditions d'apprentissage. »

« Cette initiative s'appuie sur l'engagement du HCR qui souhaite offrir une éducation de qualité aux enfants réfugiés en améliorant les conditions d'apprentissage et en favorisant l'accès à des supports numériques. Les étudiants comme les enseignants disent tous que le programme a développé leur motivation. Parallèlement, les enseignants sont impatients d'aller travailler et ils se sentent davantage soutenus », ajoute-t-elle.

Gadafi Mohamed, enseignant au camp de Hagadera dans le complexe de Dadaab, raconte combien l’accès aux technologies de l'information et de la communication (TIC) a stimulé l'intérêt de tous en classe. « Avant qu'on bénéficie des TIC, de nombreux élèves ne venaient même pas en classe faute de motivation », se souvient-il.

« Depuis qu'on a commencé à utiliser les TIC, beaucoup de choses ont évolué. En fait, tout découle de la possibilité de visualiser les choses plutôt que de les imaginer à partir des manuels. Ça a décuplé l'intérêt des étudiants. »

Le programme INS est l'un des huit projets mis en œuvre dans les sept pays visés par Africa Shares, un forum qui se tiendra durant trois jours à Genève pour prouver que les réfugiés peuvent être des atouts pour les communautés qui les accueillent. Organisée à l'initiative du HCR, cette manifestation qui se tiendra du 14 au 16 mars a pour but de montrer que l'innovation se généralise sur le continent africain et que les réfugiés y prennent une part active, transformant ces coups d'essai en coups de maître.

Les projets visés sont : Artisans réfugiés maliens au Burkina Faso ; promotion de la lecture chez les enfants en Éthiopie ; réchauds à haut rendement énergétique au Rwanda ; création de poulaillers au Zimbabwe ; projet Microsoft pour la connectivité au Malawi et initiatives pour l'urbanisation et les subventions pour l'achat de gaz au Niger.

Tous ces projets se déroulent conjointement via l’approche communautaire que le HCR et ses partenaires ont privilégiée. Les réfugiés y occupent une place centrale, car ils peuvent appliquer leurs propres compétences et en acquérir de nouvelles.

« L'atout majeur du HCR réside dans le fait que nous travaillons avec des communautés extrêmement résilientes et créatrices », précise Jacqueline Strecker. « Ce qui est vraiment important, c'est de leur permettre de mettre en œuvre leur créativité dans la gestion de ces projets. »

Il est tout aussi important de voir les réfugiés en Afrique utiliser l'innovation pour créer des solutions bien à eux. Pour Dekow, l'innovation a amélioré la qualité de son éducation, mais l’a surtout motivée à suivre la voie de Malala, son modèle.

« L'atout majeur du HCR réside dans le fait que nous travaillons avec des communautés extrêmement résilientes et créatrices. »

« Malala nous a encouragés à faire entendre notre voix », se souvient-elle. J'ai adoré son message car il correspond exactement à mon rêve. Moi, je rêve de devenir avocate et de défendre la cause de l'éducation dans la société pour qu'un jour, tous puissent se réaliser dans ce monde. »

« L'éducation en situation d'urgence et de crise » est le thème retenu pour la Semaine de l'apprentissage mobile, la conférence phare de l'UNESCO sur l'éducation qui se tiendra à Paris, du 20 au 24 mars. Elle réunira des experts et des décideurs du monde entier dans le but d'explorer comment promouvoir l'inclusion dans l'éducation et préserver la poursuite des apprentissages dans les situations de conflit et de catastrophe.

Cette année, le HCR co-organise la conférence et mettra l'accent sur le rôle des technologies pour assurer une éducation de qualité aux réfugiés.