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La Finlande offre un nouvel espoir aux Syriens en difficulté en Mauritanie

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La Finlande offre un nouvel espoir aux Syriens en difficulté en Mauritanie

Des centaines de familles syriennes se sont rendues en Mauritanie pour fuir la guerre chez eux. Après avoir eu de grandes difficultés à joindre les deux bouts, certaines d'entre elles sont aujourd'hui réinstallées en Finlande.
13 Mars 2017 Egalement disponible ici :
Nadim, père de quatre enfants, son épouse et les enfants se préparent à quitter leur maison de Nouakchott pour aller vivre en Finlande.

Une baraque vide, c'est la seule chose que Mohamed* a abandonnée quand il a décidé de vendre tout ce qu'il avait pour acheter les billets d'avion qui allaient lui permettre, ainsi qu'à toute sa famille, de trouver le calme de la capitale mauritanienne de Nouakchott.


« Nous voulons simplement trouver la paix », explique Mohamed, le visage couvert de perles de sueur dans la canicule de midi au Sahara. « Alhamdulillah – grâce à Dieu, nous repartons pour commencer une nouvelle vie ! »

La famille de Mohamed est l'une des familles syriennes qui vont quitter la Mauritanie pour une réinstallation en Finlande. Comme Mohamed, des centaines de Syriens ont fui le conflit qui faisait rage chez eux et sont allés jusqu'en Mauritanie pour y trouver refuge, avant que le gouvernement n'impose des restrictions à leurs visas début 2016. Nombre d’entre eux luttent actuellement pour leur survie à cause du manque d'emplois, de soins de santé et des lacunes dans l'éducation.

Talal est l'un d'entre eux. Avant la guerre, il était architecte en Syrie. Depuis son arrivée en Mauritanie, il travaille comme employé occasionnel dans un restaurant. « La maison que j'ai construite pour ma famille à Homs n'existe plus », raconte-t-il d’une voix qui s'estompe et le regard qui se perd dans le vide. Pour la famille de Talal, qui partage l'un des petits bâtiments de la banlieue de Nouakchott avec une autre famille syrienne pour parvenir à en payer le loyer, la réinstallation en Finlande est un immense soulagement.

« Nous voulons simplement trouver la paix. »

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a fait part de ses préoccupations croissantes pour les Syriens qui vivent en Mauritanie.

« Les Syriens désespérés courent le risque de tenter des voyages périlleux dans l'espoir d’atteindre l’Europe et ils peuvent facilement tomber aux mains des passeurs ici, au Sahel », a déclaré Mohamed Alwash du HCR. « L'année dernière, en Mauritanie, nous avons appris que plusieurs familles syriennes avaient traversé la région instable du nord du Mali pour rejoindre l’Europe en empruntant les routes les plus dangereuses du Sahara. C'est pour cette raison que le HCR a mis en place un programme de sensibilisation destiné à informer la communauté syrienne sur leurs droits en tant que réfugiés et à leur fournir une aide de base. »

En l'absence de toute possibilité de retour en Syrie, la réinstallation dans des pays tiers est parfois la seule solution durable. La guerre brutale en Syrie vient de marquer un sixième anniversaire tragique. S'ajoutant aux centaines de milliers de gens tués ou mutilés par le conflit, 4,9 millions de personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins et 6,3 millions d'autres ont été déplacés au sein des frontières syriennes.

Ancien homme d'affaires et père de quatre enfants, Abu Bashir voyageait régulièrement entre le Maroc et la Syrie pour vendre les matelas fabriqués dans une usine près de chez eux. Mais la destruction de sa maison lors d’une frappe aérienne en 2013 ne lui a laissé comme seul choix que celui de fuir vers Nouakchott avec sa famille. « Tous mes enfants souffrent d'une maladie génétique qui ne peut pas être prise en charge ici », explique-t-il en montrant la photo de son aîné qui a une malformation cérébrale et des difficultés d'apprentissage.

En dépit de son expérience des affaires et de ses contacts, Abu Bashir travaille maintenant comme vendeur de chaussures et il a du mal à subvenir aux besoins de sa famille. « Le HCR nous fournit l'aide médicale et scolaire pour les enfants, mais le problème c’est qu'ils ont besoin d'une aide particulière que nous ne pouvons pas obtenir dans ce pays. Moi j'ai déjà 50 ans, je n'ai aucun espoir. Mais mon avenir, ce sont les enfants et ma famille. Je voudrais simplement qu'ils puissent vivre une vie normale. »

« La maison que j'ai construite pour ma famille à Homs n'existe plus. »

Les Bashir sont l’une des quatre familles en cours de réinstallation en Finlande et ils n'oublieront jamais la planche de salut que la Mauritanie a été pour eux aux heures les plus sombres.

Nadim, père de quatre enfants et laborantin spécialisé, son épouse et ses enfants vivaient à Alep jusqu'à ce que la guerre les oblige à fuir en 2012. Il savait que certains collègues étaient déjà en sécurité en Mauritanie et, en octobre 2013, Nadim a pris la décision douloureuse d'abandonner sa famille et de monter dans un avion pour Nouakchott.

« J'ai trouvé ça très dur au début », se souvient Nadim. « J'ai abandonné ma famille là-bas parce que je cherchais un endroit sûr pour eux, mais je n'ai pas trouvé de travail et j'étais si loin de chez moi.

Les communications étaient coupées à cause du conflit et je vivais dans la crainte qu'il puisse arriver quelque chose à mon épouse ou à mes enfants. Je pleurais tout le temps. »

« Mais mon avenir, ce sont mes enfants et ma famille. Je voudrais simplement qu'ils puissent vivre une vie normale. »

Finalement, en 2014, Nadim a été réuni avec sa famille et il est même parvenu à trouver un emploi dans un centre de soins de santé mauritanien. Puis, on a diagnostiqué une tumeur du sein à son épouse. ‘Inshallah, si Dieu le veut, ils pourront l'opérer en Finlande.’

Avec la perspective d'une vie de famille sure et stable, Nadim peut enfin se réjouir à nouveau de l'avenir. « Un chanteur mauritanien m'a dit un jour qu'on pleure en arrivant en Mauritanie, et que lorsqu'on quitte la Mauritanie, on pleure deux fois. Je ne parviens pas à décrire ce que je ressens maintenant que je suis sur le point de quitter le pays qui nous a accueillis à un moment si difficile. 

Je sais qu'il fait vraiment froid en Finlande, mais nous ne le sentirons pas dans un cadre où tous nos droits sont respectés. »

* Noms fictifs pour des raisons de protection