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Intensification de l'aide du HCR aux Vénézuéliens en Colombie

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Intensification de l'aide du HCR aux Vénézuéliens en Colombie

En visite dans les zones frontalières de la Colombie, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a déclaré que la communauté internationale doit faire davantage pour venir en aide aux milliers de Vénézuéliens qui entrent dans le pays, pour beaucoup en quête d'une protection internationale.
8 Octobre 2018 Egalement disponible ici :
Rencontre du chef du HCR et d'Irene Navajo, une Vénézuélienne qui travaille bénévolement à la cantine communautaire de Villa del Rosario.

Plus de 4000 Vénézuéliens entrent chaque jour en Colombie dans l’intention d’y rester ou de poursuivre leur périple vers le sud. Ils sont des milliers à entreprendre le voyage à pied et à traverser le pont international Simón Bolívar. Le dos chargé de sacs pesants, ils traînent des valises abîmées ou serrent contre eux de jeunes enfants sous un soleil implacable.


Face à la détérioration croissante de la situation de leur pays, nombre d'entre eux ont besoin d'une protection internationale.

« Répondre aux besoins humanitaires du flux permanent de Vénézuéliens qui entrent en Colombie est source de difficultés colossales », a déclaré Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, durant sa visite à Villa del Rosario ce dimanche. « Le HCR est déterminé à intensifier sa présence et son assistance ».

M. Grandi est en visite en Colombie et dans d'autres pays d'Amérique latine pour évaluer les besoins des réfugiés et des migrants vénézuéliens, ainsi que ceux des pays qui les accueillent, et pour discuter d'approches régionales destinées à répondre à cet exode croissant par une augmentation de l'aide internationale.

Près de 2 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays depuis 2015. Ils sont aujourd'hui environ 1 million en Colombie où le gouvernement s'attache à leur assurer la possibilité de travailler légalement et d'accéder aux services sociaux en leur délivrant un permis spécial à cet effet. Selon les pouvoirs publics colombiens, près de 400 000 Vénézuéliens ont déjà été autorisés à travailler légalement et à bénéficier des services sociaux dans le pays.

« Les Vénézuéliens qui n'ont pas de statut légal sont particulièrement vulnérables à l'exploitation, au trafic de personnes et à la discrimination », a déclaré M. Grandi.

« Répondre aux besoins humanitaires du flux permanent de Vénézuéliens qui entrent en Colombie est source de difficultés colossales ».

Les Vénézuéliens expliquent qu'ils ont été contraints de s'en aller pour de multiples raisons, dont l'insécurité et la violence, la difficulté d'accès à la nourriture, aux médicaments et aux services essentiels ainsi que la perte de revenus provoquée par la situation politique et socio-économique actuelle du pays.

Le nord de la région de Santander est la zone frontalière la plus surchargée de Colombie, représentant 75 % de toutes les entrées par voie terrestre. Les autorités nationales et locales travaillent avec le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, l'Organisation internationale pour les migrations et d'autres organisations présentes dans la zone pour répondre au mieux aux besoins essentiels immédiats des nouveaux arrivants, dont les réfugiés et les migrants vénézuéliens et 300 000 rapatriés colombiens.

« Je suis impressionné par les efforts engagés par la Colombie pour documenter, nourrir, abriter et soigner les milliers de Vénézuéliens qui arrivent chaque jour », a dit M. Grandi. « Cette extraordinaire solidarité doit être mieux soutenue au niveau international ».

Pour de nombreux Vénézuéliens, la première étape est la cantine communautaire de la Divina Providencia. Chaque jour, la cantine sert gratuitement 3000 petits déjeuners et 3000 déjeuners. Les réfugiés et les migrants commencent à faire la queue dès 6 heures le matin. À 11 heures 30, il reste rarement quelque chose à manger.

La cantine fonctionne grâce à un groupe de 80 à 100 bénévoles colombiens et vénézuéliens. Parmi eux, M. Grandi a rencontré Irene Navajo, 35 ans, qui est originaire de Caracas. Elle lui a raconté que quand son mari a perdu son emploi dans le bâtiment, la famille ne pouvait plus s'en sortir avec son seul salaire de femme de ménage dans un dispensaire. Son mari et elle ont rejoint la ville de Cúcuta il y a huit mois de cela, laissant derrière eux quatre enfants qui vivent au Vénézuéla avec la mère d'Irene.

« C'est triste d'abandonner son pays, mais nous ne pouvions rien faire d'autre », dit-elle en rinçant des fourchettes et des cuillères dans un gros seau de plastique bleu.

Peu de temps après leur arrivée à Cúcuta, Irene s’est fait voler ses deux valises qui contenaient toutes leurs possessions. Son mari et elle ont dormi dans les rues pendant deux mois. Puis, une femme leur a parlé de la Divina Providencia et le matin suivant à sept heures tapantes, elle faisait la queue pour se faire servir un petit déjeuner. Elle travaille maintenant comme bénévole à la cantine, à faire la cuisine et la vaisselle, et elle s'y sent bienvenue.

« Je me sens en famille », dit-elle. « Quand je deviens nostalgique et que je pense à mes enfants, je me dis que j'ai aussi une famille ici ».

Outre la nourriture, le centre offre des consultations médicales de base ainsi que des services d'information juridique grâce au soutien du HCR.

Le nombre croissant de Vénézuéliens pèse lourdement sur les services de santé de la région. Pour augmenter les capacités, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés a appuyé la création d'un nouveau centre de soins à Villa del Rosario, l'objectif étant d'apporter les premiers soins et des services de planification familiale à environ 300 personnes par jour, réfugiés, migrants et résidents locaux confondus.

« J'ai perdu tout ce que j'avais, je suis arrivée les mains vides dans un nouvel endroit. Maintenant, ce sont les Vénézuéliens qui traversent ce que j'ai moi-même connu ».

Pendant sa visite, Filippo Grandi a rendu hommage à la solidarité des Colombiens envers les Vénézuéliens qui ont quitté leurs foyers. Il a rencontré leurs voisins à Las Delicias où plus de 20 familles de Colombiens déplacés de force par le conflit armé il y a des années ouvrent aujourd'hui leurs portes aux Vénézuéliens.

C’était le cas de Graciela Sánchez. Il y a plus de dix ans, elle a fui son foyer de Caquetá, dans l’est de la Colombie, pour arriver à Las Delicias en 2007. Elle est arrivée les mains vides, avec ses deux filles. Aujourd'hui âgée de 39 ans, elle héberge cinq familles vénézuéliennes, soit 18 personnes au total, sur son terrain accroché à flanc de colline.

« J'ai perdu tout ce que j'avais, je suis arrivée les mains vides dans un nouvel endroit. Maintenant, ce sont les Vénézuéliens qui traversent ce que j'ai moi-même connu », a raconté Graciela à M. Grandi qui lui rendait visite à domicile. « Nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Ça pourrait être notre tour aussi ».

À proximité du pont international Simón Bolívar, sur le côté colombien de la frontière, des centaines de Vénézuéliens font la queue pour faire tamponner leur passeport. Pour nombre d’entre eux, l’entrée officielle en Colombie signe la première étape d’un long périple vers d’autres régions du pays, voire vers l’Équateur ou le Pérou, où ils partent en quête d’un avenir meilleur pour eux-mêmes et leurs familles.

Dans les jours prochains, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés restera attentif aux flux de Vénézuéliens entrant en Argentine, au Pérou et en Équateur pour évaluer leurs répercussions sur les besoins humanitaires et discuter avec les pays hôtes des réponses cohérentes et les mieux adaptées.