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Un écrivain en herbe publie le récit détaillé de sa fuite depuis la RDC

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Un écrivain en herbe publie le récit détaillé de sa fuite depuis la RDC

Inspirée par le témoignage de sa mère sur leur fuite depuis la RD Congo, la chronique de ce jeune réfugié va être publiée au Mali.
12 Novembre 2018
Le réfugié congolais Ibrahim Kanoute dans un parc de Bamako, au Mali.

Animé par un besoin inhérent d'aider les autres et de comprendre leurs problèmes, Ibrahim Kanoute a toujours voulu être avocat. Sa mère l'encourageait à beaucoup lire et à écrire. C'est ainsi qu'a débutée sa passion pour les livres et l'écriture.


« L'écriture a toujours été pour moi une forme d'expression », explique ce jeune homme âgé de vingt ans qui a passé les trois quarts de sa vie comme réfugié au Mali.

« L'écriture a toujours été une forme d'expression pour moi. »

A l’âge de trois ans, il a fui avec sa mère et ses sœurs au Mali, échappant la guerre en République démocratique du Congo. Des années plus tard, à 18 ans, sa mère a senti qu'il était mûr pour témoigner de leur fuite ainsi que celle d'autres réfugiés congolais.

« Ma mère m'a raconté ces histoires émouvantes pour que je sache d'où nous venons, que la vie peut être difficile et que nous devons toujours être prêts à affronter les difficultés », explique-t-il.

Bien que son parcours d'écrivain ait commencé par l’écriture de courtes poésies et de textes en prose traitant de diverses questions sociales, Ibrahim a recentré ses intérêts et il s'est mis à écrire d’après les histoires de sa mère. Inspiré par les récits détaillés et les encouragements maternels, il a commencé à travailler sur un roman. Trois années de travail acharné ont abouti à ‘La Roue Tourne’, un livre qui raconte la fuite de la famille et ses défis, au travers de décors et de personnages fictifs.

« Ma mère m'a raconté ces histoires émouvantes pour que je sache d'où nous venons. »

Ibrahim se souvient des premiers jours où il a commencé à écrire dans un cybercafé après les heures de classe.

« Le propriétaire du café a remarqué mes visites répétées et m'a proposé de m'aider », explique-t-il en ajoutant qu’il lui a accordé une ristourne sur les heures passées au café et l'a présenté à un certain M. Diallo qui a étudié la littérature moderne et est finalement devenu son mentor. De sa part, Ibrahim recevrait des conseils et de nouvelles orientations sur la technique de l'écriture.

« J'ai eu du mal à jongler avec les tarifs élevés, la collecte des témoignages de ma mère, l'écriture au café ainsi que l'apprentissage des techniques de narration et de montage », ajoute Ibrahim.

L'achèvement de ce livre est une grande réussite pour Ibrahim qui souligne l'importance des liens familiaux et des défis rencontrés pour leur survie ainsi que de faire connaître à un large public le sort des personnes vulnérables. Il espère également sensibiliser les réfugiés et les communautés locales à la coexistence pacifique et à la cohésion sociale.

‘La Roue Tourne’ se trouve actuellement dans une maison d'édition locale pour l'impression et la publication, une étape que l'écrivain en herbe n'aurait jamais imaginée auparavant. Il remercie sa mère pour la finalisation de cet ouvrage et de l'avoir « guidé dans son processus créatif. »

« C'est elle, la conteuse. Elle est mon héroïne », explique-t-il.

La mère d'Ibrahim est très fière de l'accomplissement de son fils. Militante pour les réfugiés et vice-présidente de la communauté des réfugiés congolais au Mali, elle note que le travail accompli par le HCR et d'autres agences humanitaires aide les réfugiés sur la voie de la résilience et de l'autosuffisance.

« J'ai passé ma vie à lutter pour protéger mes enfants, sans me rendre compte que je les éduquais à devenir résilients », dit-elle. « Ibrahim est maintenant plein de ressources et il ne doit pas abandonner. »

La détermination d'Ibrahim l'a aidé à terminer ses études secondaires et il a obtenu son diplôme cette année. Alors qu'il s'apprête à s'inscrire à l'Université des Arts et des Lettres de Bamako pour étudier la philosophie, il espère partager son amour pour la lecture et l'écriture parmi ses pairs.

« J’espère que d’autres réfugiés développeront leur confiance et leur estime de soi pour avoir de bonnes initiatives et s’inventer un avenir meilleur. »

Avec ses amis, il a récemment cofondé un club de jeunes pour promouvoir la littérature, les arts et les sciences à Bamako. De plus, il espère un jour créer sa propre bibliothèque. Citant Platon comme source clé d'inspiration, il attribue à sa philosophie le mérite de l'avoir aidé à surmonter sa timidité et à être confiant.

« J'espère que d'autres réfugiés développeront leur confiance et leur estime de soi pour avoir de bonnes initiatives et s'inventer un avenir meilleur. »