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Le rétablissement des droits, une condition préalable au retour des réfugiés au Myanmar - chef du HCR

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Le rétablissement des droits, une condition préalable au retour des réfugiés au Myanmar - chef du HCR

Filippo Grandi a rappelé devant le Conseil de sécurité que les origines de la crise avaient vu le jour au Myanmar et que des solutions devaient être trouvées sur place afin de permettre le retour volontaire de milliers de réfugiés.
13 Février 2018 Egalement disponible ici :
Une grand-mère rohingya tient son petit-fils dans les bras dans le camp de réfugiés de Kutupalong, au Bangladesh. Sa famille a fui le Myanmar après que leurs voisins aient été tués.

NEW YORK – Rétablir les droits de centaines de milliers de réfugiés rohingyas doit être la condition sine qua none de tout plan de retour en sécurité au Myanmar, a estimé aujourd’hui Filippo Grandi, le chef du HCR, devant le Conseil de sécurité.

Depuis le mois d’août, plus de 688 000 réfugiés ont fui le Myanmar pour le Bangladesh dans un afflux « rapide et chaotique » provoqué par la violence et les destructions, et cela après des décennies de répression et d’exclusion vis-à-vis des Rohingyas dans leur pays.

« Les causes de la crise ont vu le jour au Myanmar, et il est temps d’y chercher activement des solutions », a souligné Filippo Grandi, qui s’exprimait par vidéo conférence devant les membres du Conseil de sécurité réunis à New York. « La question du rétablissement des droits est au cœur des enjeux, y compris celle du droit pour les réfugiés de rentrer volontairement chez eux dans des conditions optimales de sécurité et de dignité ».

La crise des réfugiés a éclaté en août dernier, lorsque les forces armées du Myanmar ont entamé des opérations militaires dans le nord de l’État de Rakhine, forçant des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes à fuir et franchir la frontière en quête de sécurité au Bangladesh.

Six mois plus tard, cet afflux se poursuit, même s’il a diminué de manière significative, a déclaré M. Grandi. Dans ce contexte, il a estimé que « les conditions au Myanmar n’étaient toujours pas propices » à un retour volontaire des réfugiés.

« Les causes de la crise ont vu le jour au Myanmar, et il est temps d’y chercher activement des solutions »

« Les raisons de leur fuite en exil n’ont pas été prises en compte et nous attendons toujours que des progrès significatifs soient réalisés pour faire face à l’exclusion et au déni de droits dont ils sont victimes et qui s’est aggravé ces dernières décennies. Cette situation est profondément ancrée dans la non-reconnaissance de leur citoyenneté », a-t-il ajouté.

Filippo Grandi s’est exprimé depuis la Jordanie, où il était en visite. Il s’est notamment félicité du dialogue instauré entre le Bangladesh et le Myanmar au sujet du rapatriement librement consenti des réfugiés et les engagements visant à respecter les normes internationales pour assurer un retour volontaire, sûr et digne, conformément au récent accord bilatéral signé par les deux gouvernements.

Il est de la responsabilité du HCR d’aider à résoudre les crises des réfugiés et, dans ce contexte, l’Agence a proposé d’appuyer les deux gouvernements, a souligné M. Grandi, notamment en participant aux travaux du Groupe de travail conjoints créé pour mettre en œuvre cette responsabilité, conformément au mandat du HCR. « Cette offre reste ouverte », a-t-il ajouté.

Filippo Grandi a expliqué que, depuis le mois d’août 2017, le HCR n’avait eu aucun accès aux zones concernées dans le nord de l’État de Rakhine et que l’accès restait par ailleurs limité dans le centre de l’État. La présence du HCR et l’accès humanitaire y demeurent indispensables pour surveiller les conditions de protection, fournir des informations aux réfugiés et accompagner les retours.

Le chef du HCR a indiqué qu’il y avait actuellement environ 120 000 déplacés dans la partie centrale de l’État de Rakhine, majoritairement des Rohingyas qui ont dû quitter leur foyer en raison des violences intercommunautaires et qui sont à présent confinés dans des camps pour la sixième année consécutive.            

Il a estimé que la recherche d’une solution à leur situation permettrait de renforcer la confiance auprès des réfugiés.

« Accorder la liberté de mouvement aux déplacés internes, leur permettre de rentrer chez eux et reconnaître rapidement leur citoyenneté enverrait un signal fort aux réfugiés qui se trouvent au Bangladesh ; cela témoignerait de l’engagement sincère du Myanmar à prendre ses responsabilités en vue d’assurer leur protection et leur bien-être, ainsi qu’à trouver des solutions à long terme ».

Durant son allocution, M. Grandi a remercié le gouvernement et le peuple bangladais pour leur hospitalité ainsi que pour la protection et le soutien qu’ils apportent aux réfugiés dans la zone de Kutupalong, dans la région de Cox’s Bazar, qui est désormais le plus vaste camp de réfugiés au monde.

Il a précisé que le gouvernement - aidé par des organisations nationales et locales dévouées, par l’ONU, par d’autres organisations humanitaires et par un solide soutien de donateurs - avait répondu à l’urgence de façon impressionnante, bien que les conditions sur place restent marquées par la surpopulation et la précarité pour beaucoup. 

La propagation de maladies, dont la diphtérie représente un risque significatif dans des installations humaines de cette envergure, tandis que les préparatifs et qu’une course contre la montre s’annoncent pour faire face à l’émergence de nouvelles urgences, au début de la saison des moussons en mars.

Plus de 100 000 réfugiés vivent dans des zones propices aux inondations et aux glissements de terrain, a-t-il rappelé, alors même que doivent être relogés des dizaines de milliers de réfugiés particulièrement vulnérables et dont la vie est menacée.

Le Gouvernement met en œuvre d’impressionnants efforts pour faire face à l’urgence mais le soutien international doit être renforcé afin d’éviter une catastrophe.