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Au Bangladesh, des agriculteurs hébergent des réfugiés rohingyas

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Au Bangladesh, des agriculteurs hébergent des réfugiés rohingyas

Témoins de la détresse des réfugiés du Myanmar, des exploitants agricoles leur ont donné des terres pour qu'ils puissent y bâtir des abris temporaires et reconstruire leur vie.
27 Février 2018 Egalement disponible ici :
Khaleda Begum (foulard rouge) est entourée de familles réfugiées vivant sur sa ferme où elle a abattu des arbres pour y établir des abris, un espace récréatif pour les enfants et un dispensaire.

CAMP DE REFUGIES EXTENSION KUTUPALONG, Bangladesh - Il y a quelques années, l'élévation du niveau de la mer et l'érosion des terres avaient forcé Mohammed Karim, agriculteur bangladais, à abandonner la petite exploitation familiale sur l'île Saint-Martin et à recommencer une nouvelle vie sur le continent.

Quand des milliers de réfugiés rohingyas ont fui le Myanmar pour trouver refuge dans la région de Kutupalong en septembre dernier, il n'a pas hésité lorsqu'un groupe de familles épuisées lui a demandé s'ils pouvaient utiliser une partie de ses terres pour s'y abriter temporairement.

« Je ne pouvais plus supporter de les voir souffrir. J’ai donc accepté qu’ils s’installent sur ma terre », dit ce père de trois enfants. « Beaucoup d'entre eux avaient apporté du riz, je leur ai fourni du bois de chauffage, des légumes et du poisson. »

Au début, Karim a permis à 40 familles de rester sur ses terres, entourées de rizières, de palétuviers et de potagers. Neuf jours après, les nouveaux arrivants ont pu construire leurs propres abris de fortune avec du matériel fourni par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Parmi eux, se trouvait Abul Manzur, 26 ans, qui a fui les attaques des troupes et de milices au Myanmar. Il a marché pendant des semaines en quête de sécurité, avant de s'installer sur les terres de Karim.

« Nous n'avons jamais été dérangés par qui que ce soit depuis notre arrivée ici », dit Manzur, visiblement soulagé. « Nous nous sentons en sécurité. »

Plus de 688 000 hommes, femmes et enfants ont fui le Myanmar depuis l’éruption des violences à la fin du mois d'août 2017. Le Bangladesh a mis en œuvre un vaste effort de secours. Le peuple bangladais, en première ligne dans le cadre de cet effort, a fait don de nourriture, de vêtements et de matériel d'hébergement et, dans cette région au sud-est du pays, a autorisé l’utilisation de leurs terres.

« Je ne supportais pas les souffrances qu'ils vivaient. »

Non loin de la maison de Karim, dans le patchwork des villages près de Kutupalong, vit Khaleda Begum, une mère de quatre enfants. Elle fait partie de la population locale qui a répondu aux besoins des réfugiés ayant besoin d'un abri, elle leur a ouvert sa maison.

« Ils sont venus sans rien et j'ai été vraiment choquée de les voir dans cet état », se souvient Khaleda, 26 ans, qui partage la nourriture de sa famille, sa cuisine et les lits de sa famille avec 36 familles réfugiées. « J'ai profondément ressenti leur douleur... Je ne supportais pas les souffrances qu'ils vivaient. »

Sur ses terres, la famille de Khaleda a abattu plus de 250 arbres fruitiers de manguiers, jacquiers et goyaves pour accueillir les nouveaux arrivants, dont plusieurs femmes enceintes. Quatre d’entre elles ont accouché les premiers jours.

Parmi les nouveaux parents, Safita Begum, 18 ans, et son mari, Mohammed Kausar, 22 ans, ont trouvé refuge chez Khaleda le 2 septembre après avoir fui le Myanmar pour sauver leur vie. Leur fille Rumi est née cinq jours plus tard.

« Je suis juste heureuse et reconnaissante envers Allah d'avoir échappé à une fin tragique », explique Safita, qui dit vouloir un avenir sûr pour sa fille.

Le Bangladesh est l'un des pays les plus pauvres et les plus densément peuplés au monde. L'afflux de réfugiés ces six derniers mois a transformé la région de basses collines parsemée de villages et de hameaux autour de Kutupalong en un camp de réfugiés le plus vaste au monde.

Les efforts de secours des habitants comme Karim et Khaleda sont soutenus par le gouvernement bangladais, en collaboration avec le HCR et ses partenaires locaux et internationaux.

« Tant qu'ils ne se sentiront pas en sécurité, je les accueillerai chez moi. »

Près de six mois après le début de la crise du déplacement, la petite exploitation familiale de Khaleda abrite également d'autres installations, notamment un espace récréatif pour les enfants équipé par Save the Children International et un dispensaire géré par l'agence de développement BRAC, basée au Bangladesh. Ces deux infrastructures sont beaucoup utilisées.

« Chaque jour, plus de 100 personnes viennent ici pour y recevoir des soins de santé », a déclaré Mohammed Naimur Rahman, assistant médical du BRAC. « Ce sont des services de base, et ils sont toujours très utiles pour les réfugiés car ils y trouvent leur compte. »

Sur les terres de Karim, le HCR et son partenaire d'exécution Caritas ont aidé à construire des abris, des puits, des latrines et des blocs de douches pour améliorer les conditions de vie des réfugiés et réduire le risque de maladies d'origine hydrique.

Plusieurs projets d'ingénierie sont également en cours pour la construction de chemins piétonniers et d'escaliers renforcés de bambou, de ponts et de murs de soutènement pour la stabilisation des sols et de réseaux de drainage. Caritas a également installé des lampadaires, ce qui profite aux résidents comme aux nouveaux arrivants.

Du fait de l'afflux important depuis le Myanmar, les réfugiés sont plus nombreux que les Bangladais dans la zone des installations. Leur présence a généré une hausse des prix des denrées alimentaires de base, du carburant et des matériaux de construction et elle a suscité des inquiétudes quant aux pressions exercées sur l'environnement, ce qui a donné lieu à certaines protestations. Ni Karim ni Khaleda ne doutent cependant de leur bonne action.

« Chaque jour, beaucoup de femmes et d'enfants réfugiés rohingyas viennent chez nous et nous apprécions leur compagnie », dit Karim. « Mes enfants jouent avec leurs enfants. Ils ont de nouveaux amis. »

Khaleda explique qu'avant leur arrivée, son quartier était isolé et tranquille. Elle se sent plus en sécurité avec ses nouveaux voisins et aime entendre les rires de leurs enfants.

« Je suis content d'avoir pu les aider quand ils en avaient le plus besoin. »