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Des Nicaraguayens rejoignent le Costa Rica en quête de sécurité

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Des Nicaraguayens rejoignent le Costa Rica en quête de sécurité

Fuyant les massacres, les violations de leurs droits et les tensions politiques dans leur pays, des milliers de Nicaraguayens demandent asile à la frontière méridionale du Costa Rica, en Amérique centrale.
13 Août 2018 Egalement disponible ici :
Des demandeurs d'asile originaires du Nicaragua font la queue pour déposer leur demande d'asile au bureau de l'immigration de San Jose.

Equipé de ses lunettes, ce jeune étudiant en médecine de frêle stature dispensait des soins paramédicaux dans les manifestations de rue au Nicaragua jusqu'à ce qu’il soit arrêté par des paramilitaires armés, le mois dernier.


« Ils m'ont roué de coups, ils m’ont mis une serviette sur la figure et ont versé de l'eau dessus… J'ai cru que j'allais mourir noyé », dit le jeune étudiant que l'on appelle ‘Lobo’ — ‘loup’ en espagnol — un surnom qu'on lui a donné dans les manifestations.

« Il y avait aussi tous les abus psychologiques. »

La crise politique qui secoue le Nicaragua a commencé le 18 avril avec les manifestations organisées à Managua, la capitale, pour protester contre la réduction annoncée des retraites et des prestations sociales par le gouvernement du Président Daniel Ortega.

Depuis lors, les affrontements dans cette nation d'Amérique centrale auraient coûté la vie à au moins 317 personnes selon un bilan de la Commission interaméricaine des droits de l'homme. Plus de 2000 personnes ont été blessées et l'on ne connaît pas le nombre de détenus.

« Ils m'ont roué de coups, ils m’ont mis une serviette sur la figure et ont versé de l'eau dessus… J'ai cru que j'allais mourir noyé. »

Lobo – qui a demandé que son nom ne soit pas révélé pour préserver sa sécurité - a finalement été libéré cinq jours plus tard suite à l'intervention d'une association locale de défense des droits de l'homme. Un réseau d'amis l'a ensuite aidé à passer la frontière vers le Costa Rica.

Le jeune homme de 21 ans vit maintenant avec d'autres étudiants nicaraguayens déplacés à San José, la capitale du pays. En attendant que leurs demandes d'asile soient traitées par le gouvernement, nombre d'entre eux sont aidés par des Costariciens surnommés ‘Ticos’.

« Même avec tout l'amour que les Ticos et les autorités costariciennes nous ont donné, je me sens en prison ici parce que ce n'est pas mon pays », dit Lobo. « Ça ne sera jamais plus pareil. J'ai laissé derrière moi des amis, des souvenirs, mes études. »

Le jeune étudiant en médecine compte parmi les milliers de Nicaraguayens qui ont demandé asile au Costa Rica voisin depuis le mois d'avril.

Parmi les personnes en quête de protection à San José, Jorn Henrry Bermudez, 28 ans et technicien spécialisé en téléphonie mobile, vient de Managua où il vivait à proximité de l'une des universités au cœur des manifestations d'étudiants.

« On pouvait voir les policiers armés qui tiraient sur les gens », se rappelle Jorn Henrry Bermudez.

Durant la répression qui a suivi, il raconte que plusieurs résidents du quartier ont été blessés à mort, dont un vieux malade mental qui vivait à quelques portes de chez lui et un bébé de 14 mois que les paramilitaires ont abattu d'une balle dans la tête.

Quand les paramilitaires ont fait irruption dans la maison qu'il partageait avec sa compagne enceinte à la fin du mois de juillet, Jorn Henrry Bermudez a décidé de fuir le Nicaragua. Il a vendu son appareil photo, son ordinateur et son portable pour pouvoir faire le voyage jusqu'au Costa Rica. Ils sont partis avec une petite valise pour ne pas attirer l'attention et ont fini par arriver à San José.

« C'est là que j'ai rencontré une femme qui a proposé de nous héberger. Elle nous a nourris et nous a donné une chambre », dit-il. « Mais c'est un peu comme avoir sa vie entre les mains d’autrui parce qu'on ne sait jamais à quel moment ils vont vous dire, ‘hé dis donc, on a besoin de la chambre’. »

Plus de trois mois après le début de la crise, les autorités publiques sont gravement surchargées et peinent à traiter toutes les demandes d'asile.

« Je m’étais engagé comme réserviste, mais quand on a été appelés, je me suis dit : Comment pourrais-je en venir à tuer mes propres compatriotes ? »

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, fournit un premier soutien aux services de l'immigration pour accroître leur capacité de traitement et renforce sa présence dans la région de la frontière nord du Costa Rica pour offrir protection et assistance aux réfugiés.

‘José’ est lui aussi récemment arrivé dans la capitale costaricienne et veut également conserver l'anonymat pour préserver sa sécurité. Il habitait à León, la deuxième ville du Nicaragua, où il a servi dans l'armée pendant sept ans avant de décider de partir après la naissance de sa fille il y a quatre ans.

« Je m’étais engagé comme réserviste, mais quand on a été appelés, je me suis dit : Comment pourrais-je en venir à tuer mes propres compatriotes ? »

Après avoir refusé à quatre reprises de reprendre du service actif, il a choisi de fuir vers le Costa Rica au début juillet suite à la répression des manifestations par les paramilitaires à León.

Avec son épouse et sa fille, il vit aujourd'hui dans une pièce mise à leur disposition par une religieuse dans une église catholique du quartier. Comme un grand nombre des récents demandeurs d'asile venus du Nicaragua, ils sont tributaires de la gentillesse de leurs amis, d’œuvres de bienfaisance et d'étrangers.