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"On ne peut pas toujours sauver des vies, mais on peut donner du réconfort"

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"On ne peut pas toujours sauver des vies, mais on peut donner du réconfort"

Le HCR emploie près de 11 500 personnes, dont la plupart sont basées sur le terrain. Faites connaissance avec le docteur Taimur Hasan, qui travaille au Bangladesh.
22 Août 2018 Egalement disponible ici :

Nom : Taimur Hasan, 50 ans, Bangladais

Titre : Agent de santé. Quinze ans d’expérience au HCR, au Bangladesh et au Népal, et en mission d'urgence en Iraq.

Pourquoi êtes-vous devenu travailleur humanitaire ?

En tant que médecin, mon but premier est d'aider les gens. Je travaillais dans le domaine de la santé publique et je me suis rendu compte que je pouvais être plus efficace dans un rôle humanitaire. Dans ce travail, je rencontre un grand nombre de gens qui ont beaucoup de besoins et, quand je peux leur venir en aide, cela me donne une grande satisfaction. On ne peut pas toujours sauver des vies, mais on peut réconforter le patient dans sa souffrance.

Qu’est-ce qui est le plus gratifiant et le plus stimulant dans votre travail ?

Près de 700 000 réfugiés rohingyas du Myanmar ont fui vers le sud-est du Bangladesh depuis fin août 2017.

Au début de l'afflux, des milliers de personnes venaient chaque jour. Cela nous a fait peur, car nous ne nous attendions pas à l’arrivée d’un si grand nombre en si peu de temps. Beaucoup avaient parcouru un long chemin à pied, ils avaient été privés de nourriture pendant plusieurs jours et ils ne dormaient pas bien. Leur système immunitaire était très faible.

Nous avons également constaté qu'un quart des enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition et que la plupart d'entre eux n'avaient jamais été vaccinés. Ainsi, au début de l'afflux, plus de 600 personnes ont contracté la rougeole et, dans les semaines qui ont suivi, plus de 200 000 personnes ont été traitées pour diarrhée aiguë car les installations d'eau et d'assainissement étaient insuffisantes. Une épidémie de diphtérie a touché près de 7 000 personnes. Un travail d'équipe remarquable entre les agences, sous la direction du ministère de la santé du gouvernement du Bangladesh, a permis de la contrôler.

Les problèmes de santé n'étaient pas tous physiques. C'était aussi très difficile de constater la pression psychologique subie par un grand nombre des réfugiés. En premier lieu, la violence dont les réfugiés ont été témoins dans leur pays, puis la traversée vers le Bangladesh souvent à pied, sans nourriture ni abri, puis les conditions ici. Tout le monde a très peur pour son avenir, car ils ne savent pas ce qui va se passer.

Au début de l'afflux, nous n'opérions qu'un seul dispensaire à partir d'une tente. Aujourd'hui, nous apportons notre appui à 15 établissements de soins primaires avec nos partenaires, y compris l'unité de santé des réfugiés du Bureau du Commissaire aux réfugiés et au rapatriement, et les organisations non gouvernementales Medical Teams International, Research, Training and Management International, Relief International et Gonoshasthaya Kendra. Nous avons également mis en place des unités de traitement contre la diarrhée et des centres de nutrition. Une campagne de vaccination avec nos partenaires de l'aide a permis la couverture vaccinale de 90 % des enfants.

Le fait que j'ai pu contribuer aux efforts de réponse pour ce qui est de la médecine me rend fier. Pour un médecin, aider les gens dans le besoin est notre plus grande satisfaction.

Et votre pire journée au travail ?

Il y a eu beaucoup de mauvaises journées, voire de pires journées, en particulier au début de la crise d'urgence. Voir tant de monde sur la route, sans abri et avec seulement de l'eau et du riz sauvage à manger, car nous ne pouvions pas fournir de la nourriture pour tous les arrivants, a été particulièrement difficile. Mais il y a un jour qui me reste tout particulièrement en tête.

Je travaillais dans l’installation de Kutupalong et j'ai reçu un appel du centre d'accueil me demandant de venir. Je me suis précipité et j'ai trouvé un jeune homme qui portait un panier enveloppé d'un tissu. Je lui ai demandé d'enlever le tissu et j'ai vu deux petits bébés à l'intérieur. Ils étaient jumeaux, un garçon et une fille.

Un père rohingya porte ses jumeaux nouveaux-nés dans un panier. Leur mère leur a donné naissance alors qu'elle fuyait le Myanmar à pied. Kutupalong, Bangladesh, Septembre 2017.

Leur mère était si effrayée, minuscule et épuisée. Elle avait mis au monde des jumeaux alors qu'elle traversait la jungle depuis le Myanmar. Elle n'avait rien mangé, elle n'avait rien. Elle était très faible. Cela m'a beaucoup frappé. J'ai ressenti à la fois un grand choc et de la pitié. C’était dommage pour la mère qu'elle n'ait pas pu accoucher dans la dignité. Mais j’étais également choqué de voir l'état dans lequel se trouvaient les parents et, bien sûr, les bébés eux-mêmes.

Et quelle a été votre meilleure journée ?

Nous avons immédiatement emmené la mère et les nouveau-nés à l'unité de maternité du dispensaire. Les cordons ombilicaux des bébés ont été nettoyés et reserrés. La mère a reçu des compléments alimentaires et les soins médicaux dont elle avait besoin. Ma meilleure journée a été le lendemain, quand j'ai pu les revoir.

Les jumeaux étaient enveloppés dans une belle serviette, et leur Maman souriait. Elle se sentait en sécurité. Pas pour elle, mais pour ses enfants, ce qui m'a rendu grandement satisfait et heureux. J'étais aussi très reconnaissant à Dieu d’avoir pu venir en aide à la mère.

Votre soutien est nécessaire de toute urgence pour aider les enfants, les femmes et les hommes réfugiés au Bangladesh. Donnez maintenant.

 

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, travaille dans 128 pays pour aider les hommes, les femmes et les enfants déracinées par les guerres et les persécutions. Notre siège social se trouve à Genève mais la plupart de notre personnel est basé sur le terrain, pour venir en aide aux réfugiés. Ce profil fait partie d’une série d’articles sur notre personnel et leur travail.