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L'aide humanitaire demeure la priorité absolue en Syrie, affirme le chef du HCR

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L'aide humanitaire demeure la priorité absolue en Syrie, affirme le chef du HCR

En visite en Syrie, Filippo Grandi discute des facteurs qui influencent le retour des réfugiés et souligne la nécessité de répondre aux besoins de la population de ce pays dévasté par la guerre.
30 Août 2018 Egalement disponible ici :

A Douma, dans la Ghouta orientale, Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, marche dans les rues portant encore les stigmates des combats.

Répondre aux besoins humanitaires urgents de millions de Syriens déracinés ou de retour en Syrie reste la priorité immédiate de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés et des autres organisations humanitaires, a souligné Filippo Grandi lors de sa visite en Syrie ce jeudi.


Filippo Grandi s’est exprimé à Douma, la plus grande ville de la Ghouta orientale, située à une dizaine de kilomètres de la capitale, Damas. La région a subi des destructions massives au cours des nombreuses années de combats, atteignant leur paroxysme lors de la bataille féroce au terme de laquelle le gouvernement a repris le contrôle de la ville au début de cette année.

Des milliers de familles ont fui la ville lors des violences récentes et au cours des années de conflit qui les ont précédées ; 125 000 personnes vivent encore dans la région, alors que la population comptait 300 000 habitants avant la crise.

Quelques personnes déracinées sont cependant revenues pour tenter de reconstruire leurs foyers et leurs vies parmi les bâtiments effondrés et les piles de décombres. Mais avec à peine quelques rares habitations intactes et un manque chronique de tout, y compris des services les plus basiques, Filippo Grandi a souligné que les besoins humanitaires de la population restent immenses.

« Si beaucoup sont bien évidemment encore déracinés, d’autres sont nombreux à être rentrés », a expliqué Filippo Grandi. « Ils essayent de reprendre une vie normale parmi les ruines, avec de très maigres ressources, luttant pour retrouver un semblant de normalité perturbée par tant d'années de guerre. »

« Parmi ces ruines, il y a des enfants qui doivent aller à l'école, qui doivent être nourris, qui doivent être habillés. »

« Parmi ces ruines, il y a des enfants qui doivent aller à l'école, qui doivent être nourris, qui doivent être habillés », a-t-il ajouté. « Ce que nous devons faire, c'est aider les gens, au-delà de toute préoccupation politicienne — et les questions politiques dans ce conflit, nous le savons tous, sont bien complexes. Pour l’instant, ce sont les besoins humanitaires immédiats auxquels il faut répondre d'urgence. »

Entré dans sa huitième année, le conflit syrien a poussé plus de 5,6 millions de réfugiés à fuir vers les pays voisins de la région, et selon les chiffres d'OCHA, le pays compte par ailleurs 6,6 millions de personnes encore déplacées au sein des frontières. Depuis le début de l'année, plus de 750 000 anciens déplacés syriens sont retournés dans leurs régions d'origine.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, devant des bâtiments détruits à Douma, en Syrie.

Au cours de sa visite à pied dans les rues de Douma, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a vu des habitants rentrés récemment déblayer les gravats dans leurs maisons avec des pelles et des brouettes, et des commerçants proposer des aubergines et des tomates sur les devantures de leurs échoppes fraichement réaménagées.

Il a également rencontré des habitants qui parviennent encore difficilement à joindre les deux bouts. Mohammad, un veuf de 75 ans, lui a expliqué la chance que son fils, ses deux filles et lui-même ont eu de survivre au tir de mortier qui a frappé leur maison au cours des récents combats, provoquant l'effondrement des étages supérieurs de leur immeuble.

Ils vivent désormais dans les deux pièces du rez-de-chaussée qu'ils ont pu débarrasser des gravats, et ils dépendent des dons de leurs voisins et des matelas, des couvertures et des articles de cuisine donnés par le HCR. « Nous avons besoin de tout », explique-t-il. « Ici, nous n'avons rien. Rien du tout. »

Outre la distribution d'articles d'urgence et de kits de remise en état des logements, le HCR a établi à travers le pays un réseau de 97 centres d’aide à la communauté qui offrent un enseignement aux enfants et des cours de formation professionnelle aux adultes, ainsi que des services de protection pour les déplacés et les résidents locaux Syriens vulnérables. 

« Nous avons besoin de tout. Ici, nous n'avons rien. Rien du tout. »

Le HCR a également financé la restauration d’infrastructures vitales telles que des écoles et des centres de santé. Jeudi, dans la ville méridionale de Deraa, Filippo Grandi a visité une boulangerie et un centre d’enregistrement, restaurés grâce à un financement du HCR.

La boulangerie fournit chaque jour plus de 200 000 miches de pain à la population locale, et le centre d’enregistrement aide les Syriens qui n’ont pu obtenir de certificats de naissance, de mariage ou d’autres documents officiels pendant les nombreuses années de conflit à obtenir les documents dont ils ont besoin pour avoir accès aux services et reconstruire leurs vies.

À Damas, la veille, le Haut Commissaire s’est entretenu longuement avec le Dr Faisal Mekdad, ministre adjoint des Affaires étrangères, ainsi qu’avec d’autres hauts responsables syriens.

Filippo Grandi a pris acte de la déclaration faite par le gouvernement le mois dernier et qui se félicite du retour des réfugiés. Ses interlocuteurs gouvernementaux s’accordaient avec lui sur le fait que le retour des réfugiés ne pouvait se faire que sur une décision volontaire des réfugiés eux-mêmes, dans des conditions sûres et dignes, et viables à long terme. Filippo Grandi a rapporté aux responsables syriens les craintes émises par les réfugiés quant à leur retour.

Des enquêtes menées par le HCR et des entretiens de groupes conduits dans les pays voisins montrent que ces craintes portent sur la fragilité de la sécurité dans certaines régions du pays, sur la présence de munitions non explosées et les risques physiques dans d’autres régions, et qu’il faut des garanties sur leur sécurité au retour et sur le respect de leurs droits.

Pour certains, la conscription militaire et la crainte de représailles par rapport à leur fuite ou au refus de se battre constituent des arguments dissuasifs importants. D’autres encore mentionnent les obstacles et les défis légaux qui s’opposent à la récupération de leurs biens, ou à la reconnaissance de leurs documents d’état civil ou de leurs diplômes.

Pour de nombreux réfugiés, leurs maisons ont été détruites, l'accès aux services essentiels est perturbé, et ils ne savent pas comment subvenir aux besoins de leurs familles. Filippo Grandi a relevé que bon nombre de ces problèmes sont progressivement pris en compte, ce qui est encourageant, mais il reste encore beaucoup  à faire.  

« Les femmes syriennes ont toujours été fortes mais, maintenant, nous sommes encore plus fortes. »

Les réfugiés sont rentrés en Syrie par petits nombres depuis le début du conflit — quelque 90 000 réfugiés sont revenus des pays voisins au cours des trois dernières années. Depuis début 2017, le HCR, des agences de l'ONU et des ONG partenaires participent à la préparation et à la planification d'un rapatriement à terme à plus grande échelle.

Le HCR offre de l'aide aux réfugiés syriens qui décident de rentrer. Il aide par exemple les réfugiés à récupérer leurs documents, à répondre aux besoins spécifiques de personnes particulièrement vulnérables ainsi qu’à chercher et trouver des solutions pour les enfants non accompagnés et séparés. 

Au cours de ses réunions, le Haut-Commissaire a également fait part de ses préoccupations quant à la situation à Idlib, et de son espoir que toute offensive militaire lancée dans cette région soit « exécutée de manière respectueuse pour les vies humaines, qui épargne les civils, et qui ne génère pas de nouveaux réfugiés. » 

Filippo Grandi s'est également rendu dans un centre d’aide à la communauté du quartier de Dweila dans la capitale ; il y a rencontré Mariam Ghanoum, 48 ans, qui participait à un stage de peinture et de décoration, après avoir été déplacée de sa maison dans la banlieue rurale de Damas, il y a plus de 7 ans.

Elle lui a expliqué qu'elle prévoit de peindre sa propre maison quand elle sera reconstruite, et de monter par la suite une entreprise pour repeindre les autres maisons reconstruites.  « J'apprends un nouveau métier et j'espère qu'il me permettra de gagner de l'argent, mais aussi d'être autonome », lui a-t-elle déclaré. « Les femmes syriennes ont toujours été fortes mais, maintenant, nous sommes encore plus fortes. »