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Comment accueillir les réfugiés : Un maire allemand montre l'exemple

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Comment accueillir les réfugiés : Un maire allemand montre l'exemple

Andreas Hollstein, maire de la ville d'Altena, et ses administrés ont été sélectionnés en tant que finaliste régional pour l'Europe de la distinction Nansen pour les réfugiés.
10 Septembre 2018 Egalement disponible ici :
Andreas Hollstein, maire d'Altena, travaille inlassablement pour accueillir les réfugiés dans sa ville.

Andreas Hollstein voit les réfugiés comme un atout pour sa ville et lorsqu’ils sont arrivés en nombre sans précédent en Europe en quête d'un foyer, il a décidé d'en accueillir plus que sa juste part.

Depuis lors, il a travaillé sans relâche pour accueillir les nouveaux arrivants dans sa ville d'Altena, dans l'ouest de l'Allemagne, un accomplissement qui lui a valu d'être nominé pour la distinction Nansen du HCR pour les réfugiés. Ce prix annuel vise à rendre hommage aux personnes pour leur travail inlassable de soutien envers les réfugiés et les personnes déplacées.

« L'idée, c'est d'avancer petit à petit et d'envoyer de modestes signaux », dit Andreas Hollstein dont la ville de 17 000 habitants a accepté un total de 450 demandeurs d'asile depuis 2013.

« Nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes des millions de réfugiés à travers le monde », ajoute Andreas Hollstein, 55 ans. « Mais nous pouvons faire notre part pour améliorer les choses au mieux de nos moyens. Je pense que c'est ce que nous avons fait et ça ne nous a pas submergés. »

La ville d'Altena venait de connaître des années difficiles marquées par la fermeture de ses usines et une diminution de sa population. Le maire est aujourd'hui parvenu à redresser la situation et à promouvoir la vision d'une communauté de nouveau florissante, essentielle au bien-être à long terme des réfugiés et des populations qui les accueillent.

Il a souligné les effets positifs de l'afflux de réfugiés, en rappelant le potentiel et les compétences que les nouveaux arrivants apportent individuellement.

Les avantages d'améliorer l'autonomie des réfugiés et de leur permettre d'accéder au marché du travail sont reconnus par le maire, les bénévoles et les réfugiés. Cela stimule l'économie locale et profite à la population d'accueil, tout en offrant des possibilités à long terme aux nouveaux arrivants.

« L'objectif pour lequel je lutte est le bon. »

Après avoir retenu l'attention de l'Organisation de coopération et de développement économiques et du Gouvernement allemand pour les succès remportés dans l'intégration des nouveaux arrivants, le maire et ses administrés ont maintenant été sélectionnés en tant que finaliste régional pour la région Europe de la distinction Nansen pour les réfugiés.

L'identité du lauréat 2018 sera tenue secrète jusqu’au 25 septembre et la distinction Nansen lui sera remise par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, au cours d'une cérémonie qui se tiendra d'ici la fin de l'année.

La distinction tire son nom de Fridtjof Nansen, explorateur et humanitaire norvégien, le premier Haut Commissaire pour les réfugiés, nommé par la Société des Nations en 1921. Elle vise à honorer les valeurs de persévérance et d'engagement face à l'adversité.

La persévérance d’Andreas Hollstein reste entière malgré les messages haineux qu’il reçoit régulièrement et l'attaque au couteau que lui a infligée l'an dernier un résident apparemment opposé à sa politique d'accueil des réfugiés.

« L'objectif pour lequel je lutte est le bon », dit-il. « Je suis entré en politique parce que je voulais atteindre des objectifs et me positionner. Ce n'est pas toujours confortable, mais je suis toujours convaincu d'être dans le vrai. »

Épaulé par une communauté dévouée de bénévoles et armé d'approches innovantes, Andreas Hollstein s'est donné pour objectif de transformer en voisins les étrangers tout récemment arrivés à Altena. Selon lui, le cœur de sa stratégie est l'amélioration de la communication.

« Nous voulions favoriser le dialogue entre les nouveaux venus et les gens de la ville », explique Andreas Hollstein. « Même si on ne peut d'abord s'exprimer que par des gestes, c'est toujours mieux que pas de communication. Ça veut dire que les gens ne restent pas des numéros anonymes ou des noms inconnus et que l'on crée un rapport avec eux. »

Pour encourager ce mouvement, Andreas Hollstein s'assure que les nouveaux venus soient logés dans des appartements disséminés dans toute la ville plutôt que dans un foyer centralisé à l'écart. À leur arrivée, les bénévoles les présentent à leurs nouveaux voisins.

« Les nouveaux venus sont un atout pour la société allemande. »

L'administration a appuyé le développement d'un portail Internet pour faire correspondre les compétences des réfugiés avec les emplois vacants.

Cette approche a permis à beaucoup d'entre eux d'établir rapidement des contacts avec les membres de la population locale, d'apprendre la langue et de trouver des possibilités d'emploi ou d'éducation.

Cette politique a été une véritable bouée de sauvetage pour Zarifa Brmaja, mère de deux enfants et originaire de la ville syrienne d'Alep. Zarifa reçoit presque tous les jours la visite d'une vieille voisine qui l'aide à apprendre l'allemand.

« C'est bien ici à Altena parce que les gens veulent aider », dit Zarifa, 25 ans, qui suit également des cours de langue dispensés par des bénévoles à Stellwerk, un centre de coordination des bénévoles. Pendant qu'elle étudie, des bénévoles s'occupent de ses deux jeunes enfants dans la salle d'à côté.

Les gens d'ici sont très accueillants », convient Shahin, un ingénieur de 33 ans, marié à Zarifa, qui a trouvé du travail dans les ateliers municipaux d'Altena après avoir achevé sa formation d'allemand. « Peut-être qu'ailleurs il n'y a pas autant de contacts entre les gens. Mais nous savons que nous avons de la chance ici. »

La stratégie d'accueil d'Altena va toutefois bien au-delà d'amitiés aléatoires entre voisins.

Le maire a tenu à s'assurer que tous les nouveaux venus puissent compter sur une personne en particulier et il a donc directement désigné un bénévole chargé de s'occuper de chaque famille ou de chaque appartement partagé

« Les nouveaux venus sont un atout pour la société allemande », explique Ludger Leweke, 68 ans, un bénévole qui a vécu toute sa vie à Altena et qui encadre bénévolement une vingtaine de jeunes réfugiés qu'il aide à présenter des dossiers d'embauche et de formation. « C'est pour ça que je veux les aider dans leur carrière. »

« Peu à peu, on améliore concrètement la vie des personnes dans le besoin »

Le maire, les bénévoles et les réfugiés sont tous d'accord sur le fait que favoriser l'autonomie des réfugiés et leur accès au marché du travail est source d'avantages. Cela permet de stimuler l'économie locale tout en profitant à la population de la ville et en offrant des opportunités à long terme aux nouveaux venus.

« Ludger m'a expliqué comment me faire une belle vie ici en Allemagne », dit Muhannad Alsaour, un réfugié de 23 ans originaire de Damas qui est arrivé à Altena en 2015. Il a rapidement appris l'allemand et suit maintenant une formation d'électricien. « Je lui suis très reconnaissant, il m'a énormément aidé. »

Des histoires comme celle de Muhannad et Ludger, on peut en entendre dans toute la ville selon Andreas Hollstein qui y voit la clé des succès remportés à Altena.

« Les bénévoles sont les piliers de notre action, rien ne pourrait se passer sans eux », explique-t-il. « Ce qu'Altena a de spécial, c'est cette approche globale. Nous ne faisons rien qui ne se passe pas ailleurs, mais nous le faisons à haut niveau et dans plusieurs directions à la fois. »

Andreas Hollstein espère que les succès remportés à Altena enverront un message fort aux autres communautés en montrant que les plus petites contributions peuvent faire changer concrètement les choses, quelle que soit leur taille, en Allemagne comme ailleurs.

« Peu à peu, on améliore concrètement la vie des personnes dans le besoin », dit Andreas Hollstein. « Ce n'est pas la belle rhétorique des politiciens de haut niveau qui est importante, ce sont les gens sur place qui montrent le visage humanitaire de l'Europe et ça, c'est ce que nous sommes. »

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