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Le programme d'aide en espèces du HCR apporte une bouffée d'oxygène aux réfugiés d'Ukraine en Pologne

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Le programme d'aide en espèces du HCR apporte une bouffée d'oxygène aux réfugiés d'Ukraine en Pologne

Le programme d'aide en espèces déployé par le HCR permet aux réfugiés d'Ukraine de décider eux-mêmes de ce dont ils ont le plus besoin après leur arrivée en Pologne et dans d'autres pays de la région.
1 Avril 2022 Egalement disponible ici :
Rozalia et son fils André, s'inscrivent pour recevoir une aide en espèces dans un centre du HCR à Varsovie.

Onze jours après le début de la guerre en Ukraine, une bombe est tombée sur l'immeuble voisin de celui où Rozalia vivait avec son mari et son fils de deux ans, André, dans la ville de Tchernihiv, au nord du pays.


Rozalia savait que le temps lui était compté avant que d'autres bombes ne tombent. Elle a pris le sac qu'elle avait préparé 11 jours plus tôt et a quitté la ville avec son fils. Un prêtre les a conduits à Kiev et de là, elle a embarqué dans un train qui les a conduits à la frontière polonaise. Le voyage a duré trois jours, mais Rozalia n'a pas voulu laisser entendre que c'était un calvaire.

« Ce ne sont pas tant les difficultés du voyage qui importent », explique-t-elle. « Il s'agissait surtout de trouver un endroit sûr pour mon fils. »

Nous rencontrons Rozalia à Varsovie, devant un grand immeuble de bureaux transformé en urgence en centre d'inscription pour l'aide financière distribuée par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Blotti contre sa mère, André ne manifeste aucune envie d'explorer son nouvel environnement.

« Notre frigo est vide. »

Rozalia travaillait comme actrice dans un théâtre local avant la guerre. Elle est sans nouvelles depuis trois jours de son mari resté à Tchernihiv. André et elle ont un toit à Varsovie grâce à un journaliste polonais qui leur a offert sa chambre d'amis. Ce qui lui manque, c'est de l'argent pour acheter ce dont elle et son fils ont besoin jusqu'à ce qu'ils puissent se faire enregistrer pour obtenir les documents d'identité qui leur donneront accès au système de sécurité sociale polonais.

« Notre frigo est vide, nous devons donc acheter de la nourriture », indique-t-elle. « Certaines nus ont donné de la nourriture, mais j'ai honte. Je veux l'acheter moi-même. »

En un peu plus d'un mois, la Pologne a accueilli plus de 2,3 millions de personnes fuyant l'Ukraine, et d'autres arrivent chaque jour. Si certaines d'entre elles se sont déplacées vers d'autres pays d'Europe et ailleurs, la majorité est restée en Pologne pour garder une certaine proximité avec les proches restés en Ukraine.

La décision de l'Union européenne d'offrir un statut de protection temporaire aux personnes fuyant la guerre en Ukraine permet aux réfugiés de bénéficier des services sociaux et offre la possibilité d’accéder au marché de l’emploi sans passer par de longues procédures de demande d'asile. Mais il faudra un certain temps pour enregistrer un si grand nombre de réfugiés.

Le programme d’aide en espèces du HCR vise à aider les réfugiés comme Rozalia à couvrir leurs besoins les plus urgents et immédiats jusqu'à ce qu'ils puissent trouver du travail ou bénéficier d'une aide sociale. Il présente l'avantage supplémentaire de réinjecter de l'argent dans l'économie locale lorsque les réfugiés achètent les produits dont ils ont besoin, ou lorsqu’ils paient un loyer.

En Pologne, le programme a bénéficié à plus de 6 000 réfugiés depuis l'ouverture du centre de Varsovie le 21 mars. Pour atteindre plus de personnes, il sera déployé dans d'autres villes de Pologne. Des programmes similaires sont en cours de déploiement en Moldavie, en Roumanie, en Slovaquie et dans certaines parties de l'Ukraine, où plus de 6,5 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays et où beaucoup ont un besoin urgent d'aide pour couvrir leurs besoins de base.

En Pologne, les réfugiés éligibles qui s'inscrivent au programme recevront 710 zloty polonais (165 dollars) par mois pendant au moins trois mois, avec 610 zloty polonais supplémentaires pour chaque membre du ménage, jusqu'à un montant maximum par ménage de 2 540 zloty (605 dollars) par mois.

« L'argent liquide permet aux personnes concernées de décider de ce dont elles ont le plus besoin », explique Andrew Hopkins, chef de section de l’enregistrement au HCR, actuellement en Pologne pour aider à la mise en place de centres d'inscription au programme d’aide en espèces comme celui de Varsovie.

Les centres d'inscription constituent également un point d'entrée pour le HCR et ses partenaires pour identifier d'autres besoins des familles de réfugiés particulièrement vulnérables, et pour les mettre en relation avec les organisations de la société civile ou les services gouvernementaux appropriés.

« Pendant l'inscription, nous ne disposons que de quelques minutes avec chaque famille de réfugiés et, au cours de ce bref échange, nous nous assurons que nous avons mis en place des mécanismes permettant de les aider non seulement en leur versant de l'argent, mais aussi en leur offrant une protection complète », explique Andrew Hopkins.

Des bureaux d'assistance « Blue Dot », gérés conjointement par le HCR et l'UNICEF, seront installés dans chaque centre de distribution d'argent pour fournir des conseils aux réfugiés et les orienter vers des services spécialisés, notamment pour les enfants non accompagnés, les personnes handicapées, les réfugiés de la communauté LGBTI+ ou les femmes victimes de violences sexistes.

Certains des membres du personnel recrutés et formés par le HCR pour travailler dans ces centres sont eux-mêmes des réfugiés ukrainiens.

« Ce programme vise à aider d'autres réfugiés. »

Ilona et ses deux enfants ont fui Kiev le 2 mars. « Nous ne croyions pas que cela pouvait arriver jusqu'à ce que nous nous réveillions un matin et que nous entendions les bombardements. La veille, nous nous sommes couchés en croyant que la voie diplomatique aboutirait. »

Elle a quitté l'Ukraine pour le bien de ses enfants, mais aussi parce qu'elle se sentait impuissante pour aider les autres sur place.

« J’ai voulu aller quelque part où je pourrais faire davantage », explique-t-elle, en marge d’une formation destinée au personnel du centre d'inscription et de distribution du programme d’aide en espèces avant son lancement. « Ce programme vise à aider d'autres réfugiés. De plus, je travaille et je suis occupée et cela m'évite d'être sur les médias sociaux toute la journée. »

Au cours de la phase pilote du programme, Ilona dit avoir rencontré « des personnes dans le besoin qui avaient traversé la frontière sans rien ».

Liubov, quatre-vingts ans, connue de sa famille sous le nom de Luba, n'a apporté qu'un petit sac contenant quelques documents, dont le titre de propriété de sa maison dans un village aux abords de Kiev.

« C'était tout ce qu'elle pouvait porter », explique sa fille, Larysa, kinésithérapeute qui vit en Pologne depuis 11 ans et qui a accompagné sa mère au centre d'inscription au programme d’aide en espèces. « Au début, elle refusait de quitter sa maison et son village où elle avait vécu toute sa vie. Mais avec le stress de la situation, elle marchait à peine, et j'ai insisté pour qu’elle vienne ici. »

Larysa a trouvé des amis qui avaient un minibus et qui ont amené sa mère à la frontière polonaise où une autre amie avait conduit Larysa pour la rencontrer. « Nous prions pour que la guerre se termine afin qu'elle puisse rentrer chez elle. Elle me dit qu'un vieil arbre ne peut pas être replanté. Elle a ses racines là-bas. »

En attendant, Luba s'est installée dans le minuscule studio de Larysa à Varsovie. Ils utiliseront l'argent qu'elle reçoit du programme pour payer des béquilles et couvrir d'autres besoins médicaux.

Le centre de paiement est rempli de mères avec des enfants fatigués. Lorsque l'un d'eux se met à pleurer, Luba se souvient des cris d'un enfant dans l'église où elle s'est reposée quelques heures pendant son long voyage vers la frontière.

« Je veux la paix et que la guerre cesse », dit-elle en séchant ses propres larmes. « Je ne veux pas que les enfants pleurent. »