Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Les incertitudes commencent à se dissiper pour deux sœurs ukrainiennes qui ont fui la guerre

Articles et reportages

Les incertitudes commencent à se dissiper pour deux sœurs ukrainiennes qui ont fui la guerre

Antonina et Natasha sont arrivées en Slovaquie sans avoir de plan concret. Le soir même, avec l'aide du HCR, elles ont pu trouver un endroit où se loger et, par la même occasion, un peu de confiance en l'avenir.
5 Mai 2022 Egalement disponible ici :
Antonina et Natasha sont arrivées en Slovaquie sans avoir de plan concret. Le soir même, avec l'aide du HCR, elles ont pu trouver un endroit où se loger et, par la même occasion, un peu de confiance en l'avenir.

Deux femmes vêtues d'anoraks aux couleurs fluorescentes se démarquent dans la foule de réfugiés qui franchissent la frontière entre l'Ukraine et la Slovaquie. Antonina Kunchenko, 62 ans, et Natasha Titova, 59 ans, sont des sœurs qui ont fui les combats dans l'est de l'Ukraine. Elles arrivent en Slovaquie par un matin de printemps, sans la moindre idée de ce qu'elles vont faire ensuite.


Veuves avant la guerre, les sœurs ont laissé derrière elles des enfants et des petits-enfants déjà adultes.

La première chose que fait Antonina est de téléphoner à l'un de ses fils en Ukraine, après quoi elle fond en larmes. Natasha nous explique : « Ma maison a été détruite. Nous n'avons plus rien là-bas. Nous ne savons pas où aller. »

À la frontière, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et ses ONG partenaires fournissent des informations qui permettent aux réfugiés de s'orienter. « Notre tâche est de les aider à trouver leurs marques le plus rapidement possible », explique Tala Budziszewski, une employée du HCR en mission dans le cadre de la réponse d'urgence.

« Nous n'avons plus rien là-bas. »

Antonina et Natasha ne tardent pas à recevoir des informations utiles. Un dépliant du HCR les met en garde en ukrainien contre d'éventuelles escroqueries. « Toute l'aide humanitaire est gratuite », y est-il souligné. Des volontaires les orientent vers un minibus gratuit.

Un homme en uniforme - l'un des membres d'un détachement de pompiers slovaques qui apportent leur aide à la frontière - pousse les bagages des deux sœurs dans un chariot de supermarché jusqu'au bus. Le chauffeur est un habitant de la région qui emmène habituellement des touristes en excursion.

« Tant de personnes de tous horizons apportent leur aide. La réponse des Slovaques a été exceptionnelle », affirme Jovica Zarić, responsable des opérations du HCR dans l'est de la Slovaquie.

Le bus emmène Antonina et Natasha du village frontalier de Vyšné Nemecké à la ville voisine de Michalovce. En chemin, les sœurs commencent à se remémorer leur terrible expérience.

Elles viennent de Severodonetsk, dans la région de Louhansk. Elles ont passé un mois dans une cave pour s'abriter des bombardements avant d'entendre l'appel de leur gouverneur à évacuer. « C'était mon immeuble. Je venais de rénover mon appartement », raconte Natasha, montrant la photo d'un immeuble endommagé.

« Notre belle ville », murmure Antonina, « la piscine Sadko, l'école de musique Prokofiev... » Elle s'interrompt. La vie des deux sœurs est aujourd'hui en suspens.

Elles ont travaillé dur toute leur vie - Antonina dans une usine chimique, Natasha comme directrice de supermarché - et espéraient une retraite confortable. Au lieu de cela, elles ont dû entreprendre un périple de trois jours à travers l'Ukraine en quête de sécurité.

À Uzhhorod, dans l'ouest de l'Ukraine, où elles ont passé quelques nuits chez d'aimables inconnus, elles ont acheté leurs tenues vives dans un magasin de vêtements d'occasion - veste rose pour Natasha, anorak orange et polaire vert citron pour Antonina.

« Nous avions porté du noir pendant tout ce temps », raconte Antonina. « Nous avons décidé qu'il était temps d'être lumineuses et positives. »

Le minibus les conduit à Michalovce, où une salle de sport a été transformée en centre d'enregistrement pour les réfugiés. Les sœurs observent les rangées de lits de camp recouverts de couvertures de l'armée. À l'extérieur, des tentes abritent des employés et des bénévoles qui proposent entre autres choses un soutien psychologique, l'identification des animaux domestiques et la fourniture de cartes SIM slovaques. Tous ces services sont gratuits.

Elles entrent dans un premier bureau et en ressortent l'air déconcerté. « Un autre livret », dit Natasha. « Pour être honnête, nous ressentons une légère panique. J'ai peur que nous nous retrouvions à la rue. » Elles ne savent pas où elles vont dormir ce soir.

Elles ont besoin d'une pause pour réfléchir et de quelque chose à manger. Elles sortent des sandwiches qu'elles ont apportés d'Ukraine. Le pain est épais et réconfortant. Du thé chaud provenant de la tente alimentaire ajoute un peu de bonne humeur. Le personnel du HCR est sur place pour les aider à évaluer leurs différentes options, conformément à la politique de responsabilité envers les personnes affectées de l'agence, qui consiste à travailler avec les personnes réfugiées et à leur donner les moyens de prendre leurs propres décisions en connaissance de cause.

La grande question est de savoir si elles doivent demander une protection temporaire en Slovaquie. « Si nous le faisons, pourrons-nous retourner en Ukraine quand ce sera à nouveau sûr ? » La réponse est oui.

Antonina a de bons souvenirs de vacances à Prague. « Si nous faisons une demande ici, pourrons-nous la faire plus tard en République tchèque ? » Elles apprennent qu'elles ne peuvent bénéficier d'une protection temporaire que dans un seul pays de l'UE. Prendre la décision de faire leur demande en Slovaquie leur ouvrira immédiatement des possibilités de logement et d'aide ici.

Et que veulent faire les deux sœurs ? « Travailler », répond Natasha. « Nous n'avons pas d'argent. À notre âge et en ne parlant que le russe, nos chances ne sont peut-être pas grandes, mais nous sommes prêtes à tout faire. Ma sœur est douée pour la couture. »

« Peut-être pourrions-nous travailler dans le tourisme ? », demande Antonina.

Elle est la rêveuse. Natasha est plus organisée et méthodique. « Nous avons des tempéraments différents, mais nous ne nous disputons jamais », dit Natasha. « Heureusement que nous sommes là l'une pour l'autre », ajoute Antonina.

Après avoir terminé leurs sandwichs, elles se mettent d'accord et prennent une décision.

« Alors, est-ce qu'on va aller de pays en pays ? » demande Antonina.

« Non », dit Natasha, « restons ici ».

« Heureusement qu'on est là l'une pour l'autre. »

Les deux sœurs se rendent dans le couloir où la police slovaque enregistre les demandes. La procédure prend moins d'une heure. En fin d'après-midi, les sœurs bénéficient d’une protection temporaire et d’un endroit pour se loger. Elles ont été acceptées dans un refuge de la ville de Prešov, à une heure de route de là.

Antonina et Natasha font partie des 65 000 réfugiés ukrainiens qui ont demandé une protection en Slovaquie, tandis que 257 000 ont poursuivi leur route vers d'autres destinations.

Le soir tombant, elles arrivent dans une école, transformée par les autorités régionales, et avec l'aide d'étudiants ukrainiens de l'université de Prešov, en foyer pour réfugiés. On les installe dans un dortoir, avec des lits superposés mais de belles couettes propres. « C'est calme », constate Antonina en regardant dans la cour.

Natasha commence à déballer leurs affaires. Elle commence par sortir leurs pantoufles.

« Nous allons explorer la ville pendant le week-end de Pâques », dit Antonina. « Et ensuite », dit Natasha, « nous commencerons à chercher du travail. 

Faire un don