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By Simon Pierre Diouf and Mohamed Doumbia

Lancement de l’opération d’enrôlement en vue de la délivrance des titres sécurisés aux réfugiés résidant au Tchad. ©UNHCR/Aristophane Ngargoune

Un projet novateur visant à améliorer l’inclusion socio-économique des réfugiés vient d’être lancé au Tchad. Fruit d’une collaboration entre le gouvernement tchadien, l’Agence Nationale des Titres Sécurisés (ANATS, chargée de la délivrance de documents d’identité sécurisés), la Commission Nationale pour l’Accueil et la Réinsertion des Réfugiés (CNARR), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et la Banque mondiale, ce projet permet aux réfugiés d’obtenir un Numéro National d’Identification de Réfugié (NNIR).

Jusqu’à présent, les réfugiés au Tchad ne disposaient que de documents délivrés par la CNARR et le HCR, souvent peu reconnus par les autorités locales, les banques, les institutions de microfinance (IMF) ou les services de transfert d’argent. Cette situation limitait leur accès à des services essentiels tels que les soins médicaux, l’ouverture de comptes bancaires ou l’abonnement à des lignes téléphoniques.

Pour y remédier, un projet pilote financé par la Banque mondiale a été mis en place. Il permet aux réfugiés de s’enrôler dans le Système Intégré de Gestion des Populations et des Titres Sécurisés (SIGPTS) en obtenant un NNIR, via un processus sécurisé comprenant une vérification biométrique. Cette reconnaissance officielle nationale facilite considérablement leur accès aux services de base et renforce leur inclusion socio-économique dans le pays.

Le témoignage d’Abakar, un réfugié centrafricain vivant à N’Djamena, illustre bien cet impact. Il regarde avec émotion les documents sécurisés qu’il vient de recevoir. Après avoir passé onze ans sur le sol tchadien, il se sent enfin reconnu et intégré. « Ces nouveaux documents vont vraiment m’aider à m’intégrer et à me déplacer librement », confie-t-il avec un sourire. Pour Abakar, ces papiers représentent bien plus qu’une simple formalité administrative : ils symbolisent une nouvelle vie, une nouvelle chance.

Abakar montrant fièrement ses nouveaux documents d’identité. ©UNHCR/Aristophane Ngargoune

En intégrant les réfugiés dans le système national d’identification, le projet contribue également à lutter contre la fraude. L’enregistrement prévoit une phase de vérification biométrique préalable, permettant de détecter d’éventuelles inscriptions multiples grâce au numéro unique d’identification.

La phase pilote, lancée à N’Djamena, visait l’inscription de 7 000 réfugiés. Malgré quelques défis logistiques et budgétaires, plus de 4 000 réfugiés ont déjà reçu des documents sécurisés, témoignant d’un fort engouement selon les responsables locaux.

Grâce à leur NNIR, les réfugiés peuvent désormais, par exemple, ouvrir des comptes bancaires, obtenir des numéros de téléphone officiels, accéder aux soins de santé et recevoir des transferts financiers de l’étranger, renforçant ainsi leur autonomie économique.

« La réponse des réfugiés a été extrêmement positive », souligne Mohamed Doumbia, un responsable du projet au HCR Tchad. « Ils perçoivent immédiatement les avantages concrets de cette initiative dans leur vie quotidienne et sont très motivés à y participer. »

Lancement de l’opération d’enrôlement en vue de la délivrance des titres sécurisés aux réfugiés résidant au Tchad. ©UNHCR/Aristophane Ngargoune

Après cette première phase concentrée à N’Djamena, le projet est progressivement étendu : à l’est pour les réfugiés soudanais, au sud pour ceux venant de la République centrafricaine, et à l’ouest pour les réfugiés nigériens. L’objectif de la phase pilote est de délivrer 25 000 titres sécurisés aux réfugiés, avec une ambition à long terme de couvrir l’ensemble du pays pour tous les réfugiés âgés de dix ans et plus, conformément à la législation tchadienne.

Le soutien financier de la Banque mondiale a été déterminant pour le succès de cette initiative, et d’autres partenaires sont appelés à se joindre à l’effort pour son expansion.

Aligné sur les Objectifs de développement durable et la stratégie Nexus humanitaire-développement-paix, ce projet confirme le rôle du Tchad comme leader régional en matière de protection et d’intégration des réfugiés. Il illustre également l’impact positif d’une collaboration étroite entre institutions nationales et organisations internationales au service de l’inclusion et du développement.