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Des rêves spatiaux et de succès dans la recherche avec beaucoup de détermination

Communiqués de presse

Des rêves spatiaux et de succès dans la recherche avec beaucoup de détermination

9 février 2024 Egalement disponible ici :
Horia Hashimi fait son doctorat à l'EPFL tandis que Berfin Açig s'engage dans la diplomatie scientifique. © Horia Hashimi/Berfin Açig

"Je ne te connais pas, mais je suis fière de toi", dit Berfin à Horia. Émue, Horia lui répond: "Moi aussi, je suis très fière de toi. Même si nous ne nous connaissons pas personnellement, je ressens un lien avec toi que je ne pourrais jamais avoir avec quelqu'un qui n'a pas le même parcours." 

Berfin Açig, 26 ans, et Horia Hashimi, 29 ans, sont deux jeunes femmes aux carrières remarquables - l'une dans la diplomatie scientifique et l'autre en tant que doctorante en biotechnologie et bio-ingénierie. À l'occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, elles partagent leurs expériences afin de mettre en lumière l'intégration professionnelle des femmes réfugiées. 

Les chemins de Berfin et d'Horia ont failli se croiser bien plus tôt:  

En 2001, Horia, alors âgée de six ans, a fui l'Afghanistan pour la Suisse avec ses parents et ses frères et sœurs. Elle a d'abord été hébergée dans un centre d'asile à Bâle. Deux ans plus tard seulement, Berfin, alors âgée de cinq ans, et sa famille, des réfugié-e-s kurdes de Türkiye, se trouvaient dans le même centre fédéral d'asile.  

Depuis, plus de vingt ans ont passé et les deux jeunes femmes ont parcouru un chemin impressionnant. 

Des rêves spatiaux à la diplomatie scientifique 

Depuis toute petite, Berfin est fascinée par l'espace et rêve de construire des fusées spatiales. Au lycée, où elle était l'une des deux seules filles de la classe de physique, elle hésitait souvent à poser des questions. En tant que Kurde, elle se sentait en outre obligée de s'engager politiquement et a donc étudié les relations internationales à Genève.  

Désillusionnée par la politique, elle est rapidement revenue à sa passion pour l'espace. Elle voit le pouvoir unificateur de l'espace en tant que symbole de coopération pacifique par-delà les frontières - un constat qui a influencé son choix de la diplomatie scientifique. Lors d’un stage universitaire inspirant au sein du département scientifique de l'ambassade suisse à Washington (Etats-Unis), elle a finalement eu l'occasion de s'engager dans la coopération scientifique internationale et utiliser la science pour construire des ponts et promouvoir des objectifs diplomatiques. 

Des succès scientifiques en dépit des défis 

Horia a commencé par étudier les sciences pharmaceutiques. A la recherche d'une place de stage dans une pharmacie, elle s'est heurtée à une certaine résistance. A l'âge de vingt ans, elle a décidé de porter un foulard. Malgré ses bonnes notes, elle était alors consciente qu'elle devrait faire plus d'efforts que ses camarades de classe en raison des préjugés.  

Elle s’est alors retrouvée à envoyer plus de 60 candidatures et n'a généralement reçu aucune réponse. Ce n'est qu'après avoir retiré la photo de son CV qu'elle a été invitée à des entretiens d'embauche et a réussi à convaincre de sa valeur. Pour son travail de master, elle a ensuite fait de la recherche dans un laboratoire et a réalisé que la recherche lui offrirait plus de liberté.  

Actuellement, elle prépare un doctorat en biotechnologie et bioingénierie à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), où elle étudie les tissus adipeux dans le but de comprendre comment ils s'autorégulent. De manière générale, j'ai très peu fait face à une discrimination ouverte. Mais parfois je ressens qu'en entrant dans une pièce, je dois prouver que j'y ai ma place et que je mérite d'être écoutée,» raconte Horia. 

Des obstacles à l'éducation et au marché du travail 

Il s’agit d’un cas typique de discrimination multiple. Outre les obstacles généraux auxquels les femmes sont confrontées dans le monde du travail, certaines comme Berfin et Horia sont également confrontées à des obstacles supplémentaires en raison de leur histoire de fuite et de leur situation personnelle. Cette discrimination multiple se traduit par un accès plus difficile à l'éducation, au marché du travail et aux possibilités de promotion professionnelle.  

L'éducation à tous les niveaux brise les cycles de pauvreté, favorise l'intégration économique et réduit les inégalités. Un rapport du HCR montre que seules 6% des personnes réfugiées ont accès à l'enseignement supérieur et la présence des femmes réfugiées est encore plus limitée. Les programmes de bourses et autres mesures de soutien sont donc particulièrement importants. L’initiative 15by30 du HCR vise à ce qu'au moins 15% des réfugié-e-s aient accès à l'enseignement supérieur d'ici 2030. Berfin souligne à cet égard avec insistance qu'elle ne souhaite pas être perçue comme une "réfugiée modèle", car cette désignation implique une attitude méritocratique qui mesure la valeur d'une personne uniquement en fonction des prestations qu'elle a fournies. Au lieu de cela, il est décisif de créer des structures qui offrent les mêmes chances aux femmes de différents horizons et qui les encouragent de manière ciblée. 

Succès et perspectives d'avenir 

Horia et Berfin ont déjà pu célébrer quelques succès dans leur parcours professionnel. Le rêve de longue date de Berfin d'assister personnellement à des lancements de la NASA et de SpaceX s'est réalisé lorsqu'elle a visité le Centre spatial Kennedy. Elle a même eu l'occasion d'observer un vol d'essai de SpaceX Starship, un moment qu'elle a trouvé profondément symbolique. Après une année de stage universitaire à Washington, Berfin poursuit sa route vers le département scientifique de l'ambassade de Suisse à Paris, où elle continuera à s'investir dans la coopération scientifique internationale.  

Pour Horia, la publication d’un article scientifique en tant que première auteure a été un moment de fierté. Dans son laboratoire, elle a introduit une nouvelle tradition: chaque fois que quelqu'un a une nouvelle publication scientifique, il ou elle reçoit une tasse avec le titre de l’article et l'une des illustrations imprimées dessus. Horia boit ainsi désormais son café dans une tasse représentant sa propre publication. 

Comme message aux autres jeunes femmes scientifiques, en particulier celles issues de la fuite et de la migration, Horia souligne: «Tu as ta place à la table et n'arrête jamais de la défendre, peu importe qui veut la contester.» Berfin ajoute: «Je dirais de te rappeler que même le ciel n'est pas une frontière. Tu n'es pas seulement ton histoire de fuite; tu es bien plus que cela. Tu peux faire des rêves fous.»