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Bora - Les premiers pas en France

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Bora - Les premiers pas en France

Une deuxième chance pour une nouvelle vie… Réfugiée congolaise en Afrique du Sud, Bora Riziki craignait pour sa vie et celle de ses enfants. Le HCR l'a réinstallée en France.
16 Octobre 2017
Bora, sa fille Amina et son fils Ibrahim, tous trois demandeurs d'asile congolais, prennent le train pour se rendre dans leur nouvel appartement situé à Boussy-Saint-Antoine, au sud-est de Paris, après leur réinstallation dans le cadre du dispositif du HCR en faveur des réfugiés vulnérables.

Réfugiée congolaise en Afrique du Sud, Bora Riziki a dû quitter le bidonville de Delft où son mari et son frère ont été tués. Craignant pour sa sécurité et celle de ses enfants, Bora s’est rendue auprès du HCR à Cape Town pour demander de l’aide. Elle en a reçu plus qu’elle n’espérait puisque – à peine quelques mois plus tard - elle était en route pour la France.


Tout est à (re)découvrir

À l’aéroport, déjà, c’est un monde nouveau qui s’ouvre à elle. Intrigant, mais surtout effrayant avec tout ce bruit, ces technologies inconnues et l’angoisse de prendre l’avion pour la première fois. Contre toute attente, Ibrahim, 7 ans, et Amina, 5 ans, sont sereins. Ils rient, tandis que leur mère prie pour que l’appareil ne s’écrase pas ! À peine remise de ses émotions, et une fois les formalités accomplies, la famille est conduite au centre de transit de Créteil. Bora n’a pas dormi depuis 24 heures. Après une brève visite des lieux, on lui laisse prendre possession de sa chambre. Enfin le repos.

Fondé dans les années 1970, le centre Miguel Angel Estrella est le premier lieu en France consacré à l’accueil des réfugiés, explique Juliette Langlois, la directrice adjointe. « A l’époque, il s’agissait principalement des boat-people venus d’Asie du Sud-est ». Les réfugiés y sont mis à l’abri avant d’être réinstallés. « Ils restent entre 15 jours et un mois et sont entourés par une équipe sociale et médicale. C’est avant tout un temps pour cerner leurs besoins, passer des examens médicaux, lancer les premières démarches… »

Amina et Ibrahim passent leurs journées à jouer dans la cour du centre avec d’autres enfants réfugiés. Bora, quant à elle, sort rarement. « La transition semble plus difficile pour Madame Riziki », avoue Juliette Langlois. Elle nous explique qu’il est fréquent que les personnes « décompensent » une fois qu’elles sont en sécurité. « C’est une étape normale. Dès que l’on sort de ce contexte extrêmement dur de survie, il y a une réaction paradoxale et une phase de dépression. Les traumatismes remontent… »

Enfin chez soi

Ce matin, le camion de déménagement est venu chercher les quelques affaires fournies par l’ONG : un frigidaire, trois matelas, une cuisinière… Le minimum vital. Ibrahim, du haut de ses 7 ans, aide les déménageurs en répétant qu’il est plus costaud qu’eux. Bora, de son côté, a fait des provisions. Pourtant, leur destination n’est qu’à quelques kilomètres : Boussy-Saint-Antoine est une banlieue calme au sud de Paris. L’appartement, aux murs recouverts d’une discrète tapisserie pastel, est moderne et lumineux. Il y a deux chambres et les enfants se chamaillent déjà pour savoir laquelle sera la leur.

Deux mois après son arrivée, Bora a repris courage. Elle va enfin accéder à un logement personnel. C’est un soulagement pour cette jeune maman.

Stéphanie Soliva, qui s’occupe de l'intégration des réinstallés chez France Terre d’Asile, suit désormais du dossier de la famille. Elle aide Bora dans ses démarches administratives et la mise en place d’un projet professionnel : « Le temps d’une année environ, Bora va être progressivement amenée à l’autonomie. » D’ici là, elle sera suivie régulièrement à travers des rendez-vous et des formations. Pour l’instant, elle reste un peu perdue devant l’ampleur des tâches à effectuer.

S’ils n’ont pas encore leurs papiers, Bora et ses enfants bénéficient d’un récépissé valable dix mois les autorisant à rester sur le territoire. La jeune femme n’est cependant pas encore autorisée à travailler. Elle dépend donc de France Terre d’Asile qui lui avance de quoi subvenir aux besoins de sa famille en attendant de pouvoir bénéficier du revenu de solidarité active (RSA).

« J’essaye d’aller de l’avant », affirme Bora. Elle ose désormais se promener dans la rue : « Au début, je m’enfuyais dès que quelqu’un s’approchait ! » raconte-t-elle en riant. « Maintenant ça va mieux, je commence à me sentir en sécurité… » Un sentiment nouveau pour cette jeune femme qui n’a connu, pendant de longues années, que guerre et violence.