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Zambie : sauver des vies et construire l'avenir avec une nouvelle clinique et une école

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Zambie : sauver des vies et construire l'avenir avec une nouvelle clinique et une école

Des réfugiés et leurs hôtes profitent des mêmes services dans le cadre d'une nouvelle approche mise en place en Zambie.
19 Novembre 2018

Patricia Sampule (à droite) est une infirmière zambienne de 34 ans, qui travaille dans la clinique de l'installation de Mantapala.

Le sourire aux lèvres, l’infirmière Patricia Sampule examine avec précaution un tout petit bébé. C’est une petite fille, née il y a à peine 20 minutes, et qui n’a pas encore de prénom. L’enfant et la maman, toutes deux réfugiées congolaises, se portent bien.


Il n’y a pas si longtemps, elles auraient dû parcourir plus de 30 kilomètres pour consulter un médecin. Il s’agit du quatorzième bébé qui naît cette semaine dans la clinique de l’installation de Mantapala, au nord-ouest de la Zambie.

« Nous sauvons des vies grâce à cette structure », explique Patricia, 34 ans, qui travaille à temps plein dans l’installation de Mantapala, un site mis en place pour venir en aide aux 13 000 réfugiés congolais fuyant l’escalade de la violence en République démocratique du Congo. « Cela a tout changé ».

Construite autour de terres agricoles existantes, l’installation de Mantapala accueille environ 5 000 Zambiens des communautés locales, qui ont également accès à la clinique. Avant son ouverture en février dernier, de nombreux habitants devaient se lever à l’aube et faire huit heures de marche afin de voir un médecin. Pour les femmes enceintes, ou les personnes gravement malades, la possibilité de survivre à ce périple représentait bien souvent la différence entre la vie et la mort.

« Nous sauvons des vies grâce à cette structure ».

« Je suis contente qu’il y ait une clinique ici », dit Agnes Manda, 18 ans, qui attend son tour pour un contrôle de santé, parmi un groupe d’autres femmes zambiennes enceintes. « Nous allions voir le docteur uniquement en cas d’urgence et, souvent, les gens ne pensaient pas qu’on y arriverait. Mais, maintenant, c’est tellement proche. En cas de besoin, nous pouvons simplement marcher jusqu’ici ».

La clinique, dont le personnel est géré par le service zambien local de la santé, est équipée pour vacciner les habitants et soigner les maladies endémiques potentiellement mortelles de la région, notamment le paludisme. Une ambulance est disponible 24 heures sur 24 pour transporter les cas les plus graves vers un hôpital. Un bâtiment plus permanent est en construction.

« Nous avons examiné et soigné des milliers de personnes », souligne l’infirmière en chef, Judith Mwansa, 50 ans. « Sans les soins que nous prodiguons, il y aurait beaucoup plus de décès parmi les réfugiés et au sein de la population locale ».

À quelques mètres de la clinique, Joyce Kanyembo - qui souhaite devenir médecin - étudie la grammaire anglaise dans l’école de l’installation. La plupart de ses camarades sont des réfugiés congolais, mais Joyce fait partie du nombre croissant de Zambiens de la région qui fréquentent également ces cours.

À l’avenir, cette école – qui a été créée par divers partenaires internationaux, dont l’organisation Save the Children et l’UNICEF - sera gérée par le gouvernement.

« C’est plus simple de venir à cette école parce qu’elle est plus proche de la maison », dit Joyce, 20 ans, qui a fréquenté l’école communautaire du village voisin avant l’ouverture de celle-ci.

« À la fin de mes études, je veux devenir médecin », ajoute cette étudiante zélée, quatrième de sa classe. « Aider les gens et les soigner, c’est ma passion ».

Le chef de l’établissement, Christoph Mukupa, est fier de la manière dont son école transforme la vie des élèves de la région et il espère que le nombre d’étudiants zambiens augmentera de 20%. Pour lui, la mixité des classes présente des avantages énormes car les étudiants zambiens aident leurs camarades de classe congolais à s’intégrer.

« À la fin de mes études, je veux devenir médecin. »

« La présence de cette école est à la fois une chance et un privilège », insiste Christoph. « Nous apprenons les langues, les codes et les cultures des Congolais, et ils apprennent les nôtres ».

L’installation de Mantapala, qui a été conçue pour encourager ce type d’échanges entre la population locale et les réfugiés, s’inscrit dans une approche stratégique plus large des mouvements de réfugiés, appelée le Cadre d’action global pour les réfugiés (CRRF).

« L’installation de Mantapala permet aux réfugiés et aux populations d’accueil de vivre ensemble de manière harmonieuse », explique George Ormondi, responsable des moyens de subsistance pour le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. « Chacun peut avoir accès aux écoles, à la clinique ou aux marchés et, ensemble, ils ne forment qu’une seule et même communauté ».

L'année dernière, le gouvernement zambien a adopté une loi qui garantit l’accès de tous - réfugiés et communautés d’accueil – aux services des sites tels que celui de l’installation de Mantapala.

« Auparavant, la population locale observait ce qui était fait pour les réfugiés et elle restait un peu dans l’appréhension », rappelle Abdon Mawere, le Commissaire zambien aux réfugiés. « Nous avons estimé qu’il fallait que nos programmes en faveur des réfugiés aident aussi la communauté d’accueil ».

« En veillant à ce que les réfugiés et les populations d’accueil bénéficient de services identiques, le gouvernement travaille en étroite collaboration avec le HCR afin de promouvoir l'intégration et l'inclusion sociale des réfugiés », ajoute Pierrine Aylara, la représentante du HCR en Zambie.

Pour ceux qui n'ont plus à marcher pendant huit heures pour aller consulter un médecin, les avantages liés à la présence de réfugiés dans leur communauté sont évidents.

« Je suis content que les réfugiés soient là », dit le fermier zambien Kelvin Mwansa, âgé de 28 ans. Au début du mois de septembre, il a amené sa fille de six mois à la clinique de l’installation de Mantapala car elle avait contracté le paludisme. Les infirmières lui ont sauvé la vie.

« Avec l’arrivée d’une école, d’une clinique et des emplois », ajoute-t-il, « la plupart des gens réalisent les avantages de ces services parce qu'ils ne sont pas seulement réservés aux réfugiés ; ils sont pour tout le monde ».