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Égypte : Face à la pénurie de financement, les réfugiés peinent à s'en sortir

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Égypte : Face à la pénurie de financement, les réfugiés peinent à s'en sortir

Abdallah, un réfugié syrien âgé de 12 ans, a arrêté l'école pour subvenir aux besoins de sa famille démunie. Le HCR tire la sonnette d'alarme : davantage de réfugiés risquent d'être ruinés faute d'une augmentation urgente des financements.
28 Février 2019
Un réfugié syrien effectue la procédure d'enregistrement dans un bureau du HCR au Caire, en Égypte, en septembre 2016.

LE CAIRE, Égypte – Abdallah est un réfugié syrien âgé de 15 ans. Lorsqu’il se réveille chaque matin pour rejoindre le salon de barbier très fréquenté pour lequel il travaille au Caire, le soleil ne s’est pas encore tout à fait levé sur la capitale égyptienne qui, pourtant, fourmille déjà de monde.

Depuis qu’il a quitté l’école, il y a trois ans, pour occuper cet emploi, Abdallah travaille en moyenne 12 longues heures par jour, à nettoyer les sols, faire du thé ou assumer d’autres tâches ménagères, pour un salaire hebdomadaire d’environ 12 dollars américains.

Quand il pense aux faibles retombées de ce travail pénible, Abdallah se dit parfois qu’il préférerait de loin poursuivre ses études. Mais avec deux de ses frères et sœurs qui souffrent d’un handicap et son père, Samir, qui ne peut pas travailler à cause de ses blessures, les 80 dollars que la famille reçoit du HCR ne suffisent pas à couvrir les besoins.

« J’aimerais vraiment retourner à l’école. »

« J’aimerais vraiment retourner à l’école mais je ne peux pas me permettre d’arrêter de travailler parce que la somme que nous recevons du HCR ne peut pas couvrir les besoins élémentaires de mes frères et sœurs ainsi que les médicaments de mes parents », explique Abdallah.

Le sort de cette famille est très similaire à la situation vécue par une grande majorité des quelque 250 000 réfugiés et demandeurs d’asile enregistrés actuellement dans le pays. Environ 80 % de cette population vit dans des conditions humanitaires dramatiques et n’est pas en mesure de satisfaire ses besoins les plus élémentaires, tels que la nourriture, un abri ou des soins médicaux.

Jeudi, le HCR a tiré la sonnette d’alarme, en annonçant que ses programmes de soutien fondamentaux aux réfugiés dans le pays étaient mis à rude épreuve en raison d'une augmentation du nombre des arrivées et de ressources insuffisantes.

Les conflits en cours au Yémen, dans la Corne de l’Afrique et en Afrique subsaharienne ont pour effet que le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile enregistrés en Égypte a augmenté de 24 pour cent en deux ans.

« Nous ne sommes pas en mesure de leur fournir le minimum vital. »

Entretemps, deux mois après le début de l’année 2019, le HCR ne dispose que d’une partie du budget annuel de 104,2 millions de dollars américains dont il a besoin pour mettre en œuvre ses activités dans le pays.

« Ces réfugiés ont besoin d’une aide urgente et adéquate », a souligné le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. « Or, à ce jour, nous ne sommes pas en mesure de leur fournir le minimum vital ou de maintenir nos principaux programmes de protection des réfugiés dans ce pays. »

Par conséquent, des familles - comme celle d’Abdallah - doivent chaque jour lutter pour s’en sortir, et beaucoup sombrent dans la pauvreté ou les dettes, ce qui les oblige à avoir recours à des solutions désespérées pour assurer leur survie, notamment le travail des enfants ou les mariages précoces. Cette situation prévaut malgré le généreux soutien dont a fait preuve le gouvernement égyptien à l’égard des réfugiés, en leur garantissant notamment une éducation gratuite et un accès aux soins de santé sur le même pied d’égalité que les Égyptiens.

« Notre situation est très difficile en Égypte. »

Samir, le père d’Abdallah, âgé de 58 ans, parle de situation de détresse depuis que sa famille est arrivée dans le pays en 2013, en provenance de Damas, la capitale syrienne. La famille dépend de l’argent gagné par son fils âgé de 15 ans.

« Notre situation est très difficile en Égypte », dit-il. « Nous ne pouvons pas offrir à nos enfants les soins spécialisés dont ils ont besoin… et j'ai développé des problèmes de dos en les portant. J'aimerais avoir accès à des soins médicaux appropriés pour pouvoir travailler et subvenir à leurs besoins. »

Avec davantage de fonds mis à disposition par des donateurs généreux, le HCR serait en mesure de mieux venir en aide à la famille d’Abdallah et à de nombreuses autres familles démunies qui se trouvent dans une situation similaire.