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Un metteur en scène syrien rapproche les réfugiés et les locaux grâce au théâtre

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Un metteur en scène syrien rapproche les réfugiés et les locaux grâce au théâtre

À Alexandrie, le metteur en scène Bassem offre un espace de sécurité aux jeunes réfugiés et locaux par ses cours de théâtre qui développent leur assurance et leur sentiment d'appartenance communautaire.
26 Juin 2019

Dans un petit centre communautaire au cœur de la cité portuaire égyptienne d'Alexandrie, le metteur en scène syrien Bassem observe fièrement un groupe de jeunes réfugiés et de locaux en train de jouer des scènes émouvantes de harcèlement sexuel et de discrimination.


Acteur et metteur en scène dans son pays d'origine, ce Syrien de 37 ans a toujours vu le théâtre comme le prolongement de l'expérience humaine et a transposé ses propres expériences de perte et de déracinement dans son œuvre dramatique.

Après avoir perdu son père dans le conflit en 2012, Bassem a été forcé de fuir les bombardements et la violence à proximité de sa maison de Damas avec son épouse et leurs quatre enfants. La famille a trouvé refuge à Alexandrie où elle s'est rapprochée d'autres parents.

Submergé par le chagrin et les bouleversements, Bassem a d'abord eu du mal à reconstruire sa vie en Égypte. Ce n'est qu'après avoir pris l'initiative d'organiser des cours de théâtre gratuits et des spectacles de clown pour les enfants réfugiés qu'il a pris conscience des effets bénéfiques que l'art dramatique pouvait avoir tant sur lui-même que sur les autres.

« L'art guérit. »

« L'art guérit. Il nous enseigne la paix et la sécurité. C'est quelque chose de vraiment énorme, plus important que tout ce que l'on apprend à l'école », explique Bassem. « Quand on transforme un aspect négatif de la vie d'un enfant pour en tirer le positif, cela fait une différence considérable pour son avenir. »

Avec le soutien du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui a fourni des costumes, du maquillage, différents articles de scène et des supports d'information, Bassem a ouvert ses cours à des membres égyptiens de son quartier, accueillant aussi des handicapés, des orphelins et des enfants des rues.

En 2016, Bassem a créé une troupe de théâtre, « Les nomades », comptant 30 membres de sept à 24 ans et composée de réfugiés originaires de Syrie, du Yémen, d’Iraq et du Soudan ainsi que d'Égyptiens du quartier. Il a également été employé comme coordonnateur d'activités par l'une des ONG locales qui travaille en partenariat avec le HCR à Alexandrie, ce qui lui permet de faire vivre sa famille.

À l'heure actuelle, l'Égypte accueille plus de 247 000 réfugiés et demandeurs d'asile enregistrés, soit 58 nationalités différentes, dont plus de la moitié a fui le conflit syrien aujourd'hui dans sa huitième année.

La majorité des personnes déplacées vit en zone urbaine, au contact des communautés hôtes, et le HCR travaille avec les autorités gouvernementales pour leur assurer l'accès aux services de protection, aux soins de santé et à l'éducation.

Via son programme d'autonomisation communautaire, le HCR encourage également les réfugiés et les demandeurs d'asile à contribuer activement à leur développement personnel et économique. Ces initiatives sont conçues pour les aider à prendre leur place au sein des communautés où ils vivent et renforcer leur autosuffisance, exercer leurs droits et améliorer leur vie quotidienne.

La troupe de Bassem s'appuie sur l'art dramatique pour évoquer des problèmes sociaux tels que la violence sexiste, le harcèlement sexuel et la discrimination raciale. Elle offre aux participants un lieu sûr où exprimer leurs ressentis et créer du lien avec d'autres membres dont beaucoup disent que le théâtre a enrichi leur existence, tout en leur permettant de tisser une précieuse relation personnelle avec Bassem.

Bassem (à gauche) avec Hazem, son assistant égyptien, qui dit avoir libéré ses émotions grâce au jeu de scène.

« Depuis que j'ai commencé à travailler avec Bassem, ma personnalité s'est transformée », dit Hazem, un Alexandrin de 24 ans qui est aujourd'hui le bras droit de Bassem. « Il m'a aidé à exprimer mes émotions. Nous ne sommes pas juste amis, nous appartenons à la même famille. Nous sommes liés à tous les égards. »

« Nous ne sommes pas une charge. Nous sommes ici pour contribuer en retour », dit Bassem, expliquant combien il est important pour lui et pour les autres réfugiés de jouer un rôle actif dans leurs communautés hôtes.

Fier de ce qu'il a déjà réalisé, Bassem espère étendre ses activités à d'autres villes d'Égypte pour mettre en lumière la puissance de l'art dramatique qui aide à surmonter l’adversité et à rassembler les peuples.

« Il y a un artiste en chacun d'entre nous, que nous soyons réfugiés, migrants ou citoyens », dit-il. « Je ne fais rien d'autre qu'éveiller l'artiste qui sommeille en eux pour les laisser ensuite poursuivre leur chemin. »